Il est difficile de ne pas aimer Aziz Ansari; avec plusieurs spectacles humoristiques à son actif, un rôle dans Parks and Recreation et le succès des deux saisons de sa série Master of None sur Netflix, le monde entier semble unanime dans son appréciation collective d’Aziz.
Et je n’y échappe pas!
Lorsque je me suis plongée dans son livre Modern Romance, je m’attendais simplement à retrouver plusieurs éléments récurrents abordés préalablement dans ses one man shows : le monde difficile du dating à l’ère de la modernité, les difficultés engendrées par l’omniprésence de la technologie, les réticences éprouvées par les gens face à l’engagement, etc. Je ne pensais aucunement avoir affaire à des éléments de recherche aussi étoffés, à des graphiques, à des statistiques et à un historique méticuleux. Le tout est écrit avec brio, avec l’équilibre parfait entre l’humour déjanté du comédien et les résultats des recherches de plusieurs experts. J’ai donc été agréablement surprise.
Aziz Ansari a su dresser, avec l’aide du sociologue Eric Klinenberg, un portrait juste et précis de la romance moderne et ce, sans sombrer dans les préjugés ou les clichés. Même si de nombreuses comparaisons sont listées entre la génération des milléniaux et celle, par exemple, de leurs parents, le tout est dénué de jugement ou de parti pris. Il dresse l’évolution des rendez-vous galants (et du chemin parsemé d’embûches qui y mène) depuis le temps où, plusieurs décennies plus tôt, les gens rencontraient la plupart du temps leur flamme dans leur quartier et devaient avoir l’accord de leurs parents pour se fréquenter.
Les temps ont bien changé, et, maintenant, rien ne nous empêche de nous lier d’affection avec des gens de régions plus éloignées, en quelques clics… pour le meilleur et pour le pire. L’auteur sait très bien décrire l’angoisse que l’on peut ressentir dans diverses situations qui ne pouvaient simplement pas exister il y a de cela quelques années : le ghosting, le FOMO engendré par les applications de rencontres en ligne, le sexting…tout y passe!
Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que l’auteur soit sorti des grandes métropoles pour aller sonder les banlieues et les villes éloignées afin de dresser un portrait équitable des difficultés rencontrées par les célibataires. De Wichita à Tokyo, en passant par New York et Buenos Aires, on se rend vite compte que même avec des obstacles bien différents d’un pays à l’autre ou d’une ville rurale à une grande métropole, tout le monde est à peu de choses près dans le même bateau. Nous nous marions de plus en plus vieux, nous engageons de moins en moins dans des relations stables et nous avons des ordres de priorités qui diffèrent grandement de ceux de nos parents.
Il est également intéressant de voir que le portrait de la situation n’est ni noir ni blanc dans ce bouquin de science sociale à saveur humoristique. On peut rapidement constater que même si trouver l’amour est toujours aussi ardu, il reste de l’espoir! Et Aziz ne lésine pas sur les conseils, comme le prouve un extrait du chapitre judicieusement nommé « Our boring-ass date s» :
How do we go about analyzing our options? On dates. And most of the time, boring-ass dates. You have coffee, drinks, a meal, go see a movie. We’re all trying to find someone who excites us, someone who makes us feel like we’ve truly made a connection. Can anyone reach that high bar on the typical, boring dates we all go on?
S’ensuivent des suggestions de rendez-vous galants atypiques et intéressants, ponctuées de blagues qui m’ont fait rire à gorge déployée.
Depuis ma lecture, je suggère ce livre à tous mes amis (célibataires ou non), car, personnellement, je me suis immédiatement sentie moins seule avec mes dilemmes amoureux et mon amour-haine des nouvelles technologies… et surtout, je suis tombée follement amoureuse d’Aziz Ansari.
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