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Le parfum de Janis : Entrevue avec Corinne Larochelle

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En juillet, le livre qui s’est retrouvé dans le coffret était Le parfum de Janis, publié en 2015 chez Le Cheval d’août. C’est un roman qui nous a touchées, une courte lecture dans laquelle on se plonge facilement. Un récit qui mélange souvenirs d’enfance, voyage au Portugal et réflexions. La plume de Larochelle est simple, poétique et se prête parfaitement aux divers thèmes de l’œuvre.

Voici l’entrevue que nous avons réalisée avec Corinne Larochelle.

 

Le parfum de Janis a été publié en 2015; quel regard portez-vous maintenant vis-à-vis cette œuvre?

Il y a un avant et un après. Le parfum de Janis est une œuvre importante dans mon parcours, une sorte de clé de voûte qui m’a donné une grande liberté et un sentiment d’apaisement. Depuis l’adolescence, je savais que j’aurais maille à partir avec mon histoire familiale et, en particulier, avec la relation mère-fille. J’avais abordé ce thème dans mon recueil de poésie Femme avec caméra où j’interrogeais, entre autres, la relation entre la photographe Diane Arbus et ses filles. Mais c’était de façon plus indirecte. Là, avec ce roman, j’ai plongé au cœur de ce thème.

De quelle façon avez-vous entamé le processus d’écriture de ce roman? Aviez-vous une routine d’écriture?

Il m’a fallu beaucoup de temps avant de me décider à écrire ce livre. Ce livre comportait beaucoup de risques et je devais me sentir prête, sur le plan psychique, à affronter ces risques. Puis, un jour, j’ai pris une certaine distance vis-à-vis de ma famille et j’ai senti que le bon moment était arrivé. J’ai demandé une résidence d’écriture à Lisbonne. Pour ce qui est d’une routine d’écriture, je n’en ai pas vraiment, à part peut-être le fait que j’aime aller nager avant de me mettre à l’écriture. Ça me donne de l’énergie et, pendant que je nage, je réfléchis à ce que je vais écrire. Sinon, mes seules «drogues» créatives sont l’eau, le thé et de temps à autre la musique d’Anouar Brahem!

La relation maternelle est centrale dans ce roman. En quoi est-ce un thème qui vous inspire?

Je pense que la relation mère-fille est une relation très complexe où se tissent des enjeux d’identité importants. Dans son essai Fusion mère-fille, la psychanalyste Doris-Louise Haineault cherche à comprendre pourquoi certaines femmes, dans leur lien avec leur mère, se sentent prisonnières d’un destin qui n’est pas le leur. Ayant été happée très tôt par la dépression de ma mère, je me suis dit que je pouvais apporter un certain éclairage pour d’autres femmes qui souhaitent se libérer d’une relation fusionnelle avec la mère et trouver la voie vers une plus grande autonomie.

Le Portugal, Lisbonne plus précisément, devient le lieu de création et d’introspection de ce premier roman. En quoi cette ville joue-t-elle un rôle dans ce roman? Selon vous, est-ce le voyage qui permet à la narratrice de retourner dans sa mémoire et ses souvenirs d’enfance, et ainsi de chercher une sérénité intérieure ?

Le fait d’être à l’étranger pour écrire ce roman m’a donné une perspective nouvelle pour effectuer une remontée dans le passé. Lisbonne est une ville labyrinthique au charme particulier. Même s’il y a des touches de modernité, beaucoup d’édifices sont anciens. Si on ajoute à cela le fado, un chant populaire urbain, c’est la ville parfaite pour la mélancolie. Je ne pouvais aborder cette histoire sans mélancolie : j’avais quelque chose de sombre à expulser. Toutefois, lors de l’écriture et de la réécriture, j’ai veillé à ne pas charger l’écriture de lyrisme. Le fait d’alterner le récit de voyage à Lisbonne et les épisodes du passé m’a permis de varier les tonalités, les couleurs du texte.

Il y a une certaine nostalgie dans ce roman : on y passe du présent au passé, dans des souvenirs d’enfance souvent noirs, tout cela avec la musique de Janis Joplin en arrière-scène. De quelle façon, selon vous, est-il bénéfique d’aimer flirter avec le passé et la nostalgie?

Janis Joplin est un détail du texte, un souvenir de la narratrice. L’allusion à la chanteuse rock permet de camper les années soixante-dix; la mort de Janis marque de façon abrupte la fin d’une fête générationnelle, celle de mes parents. Je ne sais pas si le livre est si nostalgique, car la narratrice évoque des souvenirs sombres dans une intention cathartique : se libérer et poursuivre son chemin. En fait, je pense qu’il y a des moments d’arrêt nécessaires dans une vie pour comprendre d’où l’on vient et avancer, dégagé du poids du passé. Quant à moi, maintenant, j’ai envie d’écrire sur toute autre chose !

Plusieurs relations sont abordées ou effleurées dans votre œuvre, en passant par celles avec la mère, le père, le frère et l’amoureux. Qu’est-ce qui vous passionne dans cette étude des interactions et des liens humains?

En dehors du carnet de voyage, plusieurs chapitres portent le nom d’un personnage important dans la vie de la narratrice. J’avais envie de prendre un par un ces personnages afin de bien détricoter les liens complexes qui les unissent les uns aux autres, d’interroger la structure de ces liens. Une famille est une sorte d’écosystème où tout est interrelié. Les relations entre les parents déteignent sur les enfants. Par extension, la manière dont s’effectue un divorce teintera les relations amoureuses des enfants plus tard.

Quel est votre rapport au temps? Qu’est-ce qui vous attire dans cette étude du passé, du temps qui passe?

La vie nous entame, qu’on le veuille ou non. Bien vieillir implique une acceptation continuelle des différentes étapes de la vie. La narratrice a 40 ans à Lisbonne, et elle prend le temps de s’arrêter à ce fait. Certains anniversaires, celui des 40 ans en particulier, nous incitent à réfléchir : sommes-nous bien rendus là où on voudrait être? Quels rêves veut-on à tout prix réaliser? Comment se donner les moyens de ne pas passer à côté de sa vie? Et surtout, comment trouver un équilibre entre toutes ces réflexions métaphysiques et une saine légèreté?

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Le fil rouge est un blogue littéraire créé par deux amies, Marjorie et Martine, toutes deux passionnées par la littérature et par les vertus thérapeutiques de celle-ci. Notre approche face aux bouquins est liée à la bibliothérapie, car nous pensons sincèrement que la lecture procure un bien-être et que les oeuvres littéraires peuvent nous aider à cheminer personnellement. Nous tenons aussi à partager notre amour pour les bouquins, l’écriture, la création et sur les impacts positifs de ceux-ci sur notre vie et notre bien-être. Notre mission première est de favoriser la découverte de livres et de partager l’amour de la lecture, car ceux-ci peuvent avoir des impacts sur nos vies et sur notre évolution personnelle. Que ce soit le dernier roman québécois qui fait parler de lui, le vieux classique, le livre de cuisine ou bien même le livre à saveur plus psycho-pop, chez Le fil rouge, on croit fermement aux effets thérapeutiques que peuvent apporter la lecture et la littérature. Voilà pourquoi les collaboratrices et les cofondatrices se feront un plaisir de vous faire découvrir des bouquins qui leur ont fait du bien, tout simplement.

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