Littérature étrangère
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The Mountain Shadow : s’enraciner dans le tourbillon de Bombay

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Me voilà de retour en Inde : physiquement et littérairement. Assise dans un restaurant de Bombay à la clientèle agitée, je lis The Mountain Shadow, la suite du récit Shantaram de Gregory David Roberts. Pendant que je mange un curry, dehors, des feux d’artifice explosent au milieu de la rue. Dans ce chaos coloré, humains, chèvres et chiens se partagent le trottoir pour assister à la scène.

Même si la mégapole indienne me semble plus belle que New Delhi, elle n’en demeure pas moins difficile à apprivoiser. À vrai dire, elle m’étourdit un peu. Heureusement que mon livre, lui, m’apaise.

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Des criminels et des philosophes

Il y a quelque chose d’absolument réconfortant dans le fait de retrouver des personnages que l’on connaît dans de nouveaux contextes. Un peu comme retourner dans une ville jadis visitée. Dans cette suite, Lin, fugitif australien en sol indien, côtoie ceux qui constituent pour lui le visage de Bombay. On pourrait qualifier son entourage de famille de réfugiés à qui les mots père et fils font mal : des exilés de force et des exilés du cœur.

À ces personnages excentriques, grandioses et malheureux, se joignent des nouveaux tout aussi grands que nature. Dennis, le sleeping baba, plongé dans une transe depuis deux ans et Concannon, l’homme de main irlandais, représentent des facettes du quotidien de Lin. Ces vies, aussi diverses qu’extrêmes, symbolisent un arbre de choix auquel le protagoniste fait face. En effet, celui-ci est constamment amené à trouver sa limite et son équilibre. Dépendance et violence se présentent brusquement sur son parcours et troublent sa quête d’une vie où il pourrait se permettre de guérir et de se reconstruire.

Si l’on peut dire que ce deuxième livre est moins tumultueux que Shantaram, il s’avère plus empreint de philosophie et d’humour. Idriss, un sage habitant aux confins d’une montagne, campe le rôle de guide spirituel pour Lin et le place devant les conséquences de son implication avec la mafia de Bombay. Parce qu’il est en retrait de la ville, le philosophe permet une vue d’ensemble et un détachement de tous ces casse-têtes criminels. Il pose les questions essentielles, celles trop souvent reléguées à l’oubli dans la course perpétuelle du protagoniste.

L’Inde, pays de l’amour

Même si à première vue The Mountain Shadow semble surtout un récit d’aventures et de crimes, c’est l’amour qui fait tenir le tout. Dans son premier roman, Roberts a écrit que malgré les apparences, les Indiens savaient s’aimer comme peu de peuples réussissent à le faire. Vivre à plus d’un milliard sur un territoire demande une dose quotidienne d’amour difficile à s’imaginer. Selon lui, si l’on remplaçait les Indiens par toute autre nationalité, le pays serait sans doute à feu et à sang.

En décidant de faire de Bombay sa terre d’accueil, Lin adopte cette façon de vivre : l’amour est ce qui motive toutes ses actions. Et même s’il est parfois brimé dans son parcours, il apprend à placer celui-ci au centre de ses priorités : le reste suivra. Si cela était moins présent dans Shantaram, ou il était davantage question d’apprivoiser l’Inde et de trouver sa place, The Mountain Shadow permet la pleine expression de cet aspect : Lin aime une femme et une ville, et c’est ce qui le maintient en vie.

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Marine Drive, Bombay

Des pages de Roberts jusqu’aux rues de Bombay

La série Shantaram est l’une de celle qui a le don d’ajouter une touche d’imaginaire à un lieu bien réel. Parce que ces deux livres contiennent des éléments autobiographiques, ils nous donnent l’impression que l’on pourrait croiser ces personnages à tout moment. Assise au Leopold café, je m’attends à y apercevoir Didier, le mafieux français, aussi romantique que distingué. Lorsque je sors pour marcher sur Marine Drive, les histoires de Roberts me remplissent la tête. Je me sens spectatrice de son univers littéraire.

En prenant bien le temps de la visiter, je crois comprendre pourquoi avoir choisi Bombay : elle s’adonne parfaitement à la littérature. De par sa vivacité et son esprit, elle a fait écrire deux énormes briques de 1000 pages à Gregory David Roberts. Malgré leur longueur, celles-ci s’avèrent de vraies page turner, elles nous emportent dans le tourbillon de Bombay. Et tranquillement, alors que je commence à m’installer, la ville m’inspire à mon tour et me fait noircir mes cahiers.

C’est en écrivant que je réalise à quel point mon retour en Inde m’a prise par surprise. J’avais oublié la frénésie et les défis qui viennent avec le pays. Tranquillement, je me laisse à nouveau charmer par les scènes cocasses du quotidien et je réapprends la dangereuse danse qui permet de se faufiler au milieu du trafic. Compressée à l’extrême dans un train de ville, ma main sur l’épaule du voisin, je trouve du répit entre les pages du livre The Mountain Shadow.

Et vous, avez-vous déjà apprivoisé un lieu avec la littérature? 

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Un commentaire

  1. Merci pour la découverte! Moi ça a été tomber sur l’ombre du vent dans une auberge de jeunesse à Barcelone. Cette lecture et ce lieu m’ont complètement bouleversée et ce roman demeure l’un de mes préférés.

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