Lors d’un brunch entre fileuses, Martine nous a offert un buffet de services de presse. Si vous l’ignorez, un service de presse est un livre qui est envoyé au Fil rouge (donc à Martine directement) dans le but qu’une collaboratrice le lise et en parle sur le blogue. Mais, vous vous en doutez, les deux cofondatrices à elles seules ne peuvent pas lire tous les livres du monde, malheureusement. Et quand la pile à lire de services de presse devient trop immense, on se fait un brunch collectif et on sépare les livres entre nous (c’est vraiment l’fun être une fileuse).
Donc, au dernier brunch de distribution de livres, comme toujours chacune s’est garochée sur le livre qu’elle veut lire depuis sa parution mais qu’elle ne s’est pas encore procuré, ou encore sur le style de livre qui lui plaît le plus. Après quelques minutes, il reste les rejetés, ceux qu’on juge à leur couverture ou à leur public cible duquel on se détache complètement. On fait clairement du jugement à la première impression. Toutes coupables. Mais peu à peu, on se laisse tenter par des livres qui nous parlent moins au premier coup d’œil, des livres qu’on n’aurait pas choisis en librairie ou à la bibliothèque, mais puisqu’ils nous sont offerts et qu’ils n’attendent qu’à être lus, on l’ajoute à notre nouvelle pile. C’est ainsi que Recettes d’amour et de meurtre s’est retrouvé dans ma bibliothèque.
Le titre, la mention « Le roman culinaire le plus savoureux de l’année », la quatrième de couverture qui annonce « Recette de meurtre » avec une énumération, à la manière d’une liste d’ingrédients, certains personnages que l’on retrouve dans le livre, tout me semblait quétaine. Je l’ai donc pris en riant, me disant que se serait prévisible et cliché à souhait.
Je n’ai pas été trop déçue par l’aspect quétaine, mais j’ai tout de même été un peu surprise du côté cliché.
Dans Recette d’amour et de meurtre de Sally Andrew, on suit la narratrice Tannie Maria, qui se retrouve, malgré elle, au beau milieu d’une enquête policière. Tannie Maria, grande cuisinière et amoureuse de la nourriture, est responsable du courrier du cœur du journal local. Elle reçoit donc des lettres de gens qui lui confient ses problèmes et, pour les réconforter, elle leur donne une recette de repas ou de dessert qui pourrait les aider dans leur situation. De cette manière, elle se lie d’amitié platonique avec une femme qui lui écrit parce que son mari la bat et qu’elle veut partir mais a très peur de lui. Lorsqu’elles apprennent que la femme en question a été assassinée et que le mari n’est pas un suspect, Tannie Maria et sa collègue journaliste Jessie se donnent la mission de découvrir qui est le meurtrier, même si pour cela elles doivent mettre leurs propres vies en danger.
Il s’agit d’un roman léger, avec juste assez de rebondissements pour nous convaincre de continuer la lecture. On est loin du thriller policier inquiétant, mais on a tout de même envie de découvrir le meurtrier, entre quelques recettes de gâteau au chocolat et de curry. Ce fut ma lecture de fin de session et c’était parfait pour me faire décrocher, me vider la tête avant le dodo.
L’histoire se déroule au Klein Karoo, en Afrique du Sud, là où l’auteure vit elle-même. J’avoue que je lis rarement des livres provenant de cette partie du monde et j’ai beaucoup apprécié de pouvoir entrer dans le quotidien de ces personnages. Originalement titré Recipes for Love and Murder, le livre a été traduit en douze langues. J’ai bien sûr eu droit à la version française, traduite en France. Je ne sais pas comment étaient rapportées les expressions afrikaans en version originale, mais j’avoue que dans la version en français ça me dérangeait un peu. J’avais l’impression qu’on mettait tellement l’emphase sur ces mots dérivés du néerlandais, alors que ce n’était pas nécessaire à la compréhension des phrases, que ça clochait avec le reste. Je ne crois pas qu’il était nécessaire de mettre en italique chaque mot qui n’est pas en français; il aurait suffi d’une explication simple la première fois qu’on voit le mot et le reste du roman aurait été clair. Je vous en transcris un extrait pour que vous compreniez un peu mieux :
Je me suis réveillée tôt, juste avant les oiseaux, et je me suis assise sur le stoep en chemise de nuit pour boire mon café et manger des beskuit dorés tout en regardant les formes sombres sur le veld et les collines. J’ai enfilé mes veldskoene, fait le tour de la maison et ouvert le hok. […] Je ferme toujours la porte du hokkie la nuit car on ne sait jamais s’il n’y a pas un chacal ou un rooikat dans les parages.
J’ai tendance à lire les mots en italique comme si c’était des mots incorrects pour lesquels l’auteur.e n’aurait pas trouvé de meilleur synonyme. Pourtant ce ne sont que des régionalismes, et en plus on inclut à la toute fin du livre un glossaire des expressions sud-africaines utilisées dans le roman. C’est la seule chose qui m’a réellement dérangée tout au long de ma lecture.
Mis à part ces petits détails, j’ai somme toute bien apprécié cette lecture un peu à l’eau de rose. Il y avait des clichés, certes, et les personnages sont assez simples, mais ce fut un bon moment passé en bonne compagnie, alors la mission du roman qui fait du bien a été remplie.
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À la fin du livre, l’auteure nous offre ses recettes pour les mets et les desserts dont on a parlé au cours du récit. La nourriture devient presque un personnage dans ce roman; elle permet de rapprocher les gens et parfois même de résoudre une énigme. J’ai décidé de m’inspirer de cette formule pour vous donner ma recette de végé-cretons, qui m’a souvent été demandée après que j’en aie mis une photo dans ma Story sur Instagram. Cette tartinade bien facile à réaliser s’offre très bien en cadeau d’hôte, mais il est très difficile d’y résister, donc il se pourrait que vous gardiez tout pour vous. Vous avez été avertis.
Recette de végé-cretons inspirée de Châtelaine, de Cuisine estudiantine et de mes goûts personnels
Ingrédients
- Huile de coco ou d’olive
- 1 oignon moyen
- 1 gousse d’ail
- 3 à 4 champignons blancs
- 1 c. à table de levure alimentaire
- 1 c. à table de tamari / sauce soya
- 1 c. à table de moutarde de Dijon
- 1/4 c. à table de cannelle
- 1/4 c. à table de muscade moulue
- 1/4 c. à table de clou de girofle moulu
- 3/4 tasse de lentilles sèches au choix (j’aime mélanger différents types de lentilles, par exemple brunes et corail ensemble, comme ça la couleur se rapproche plus des « vrais » cretons, mais c’est vraiment un choix personnel – prenez celles que vous avez sous la main)
- 2 tasses d’eau ou de bouillon de légumes (chez nous, on garde l’eau de cuisson des patates et on la fait congeler, ainsi on a toujours une base de
« bouillon » prête à utiliser)
Étapes
Mettre l’huile, l’oignon, l’ail et les champignons dans une casserole et laisser ramollir.
Ajouter la levure, le tamari, la moutarde, la cannelle, la muscade, le clou de girofle, puis mélanger.
Ajouter les lentilles sèches et laisser griller 2 minutes. Saler et poivrer.
Verser l’eau / le bouillon, et porter à ébullition.
Laisser mijoter : 20 min si vous utilisez des lentilles du Puy, brunes ou vertes; 10 min si vous utilisez des lentilles corail.
Réduire en purée au mélangeur. Ça sera encore un peu liquide.
Verser dans 2 pots de 250 ml et laisser refroidir sur le comptoir avant de mettre au frigo toute la nuit.
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Le fil rouge remercie les Éditions Flammarion pour le service de presse.