16 décembre, Café 8oz.
La dernière séance de la session a toujours un petit quelque chose de spécial. Pour une première fois, depuis le tout début des clubs de lecture, nous arrivons quelques minutes de retard, accueillies par les participant.e.s qui sont déjà bien attablé.e.s.
On pensait que vous alliez arriver avec un père Noël là !
C’est sur cette note que débute notre dernière séance du samedi, tout en humour, avec une belle neige qui tombe à l’extérieur, autour de la grande table du Café 8oz.
L’ambiance est de circonstance puisqu’on parle d’un roman graphique aussi doux que ce samedi de décembre : Le meilleur a été découvert loin d’ici de Mélodie Vachon Boucher.
L’abbaye, Berlin, souvenirs
Outre l’évidente beauté des images, c’est la fragmentation de l’œuvre à laquelle nous nous attardons le plus. Il y a ce besoin de silence, de recueillement dans une abbaye qui nous touche tous beaucoup. Au point d’en vouloir plus, d’être un peu triste de la quitter pour Berlin au fil des pages. On se questionne d’ailleurs longuement sur ce changement de paysage, sur cette parenthèse à Berlin, sur ce portrait qui nous semble plus anodin, cette collection de souvenirs sur l’amour, les rencontres faites. « Pourquoi ?» se demande-t-on.
On se rend compte que, assez unanimement, nous aurions aimé que le séjour à l’abbaye soit plus longuement mis en images et en mots. Qu’il soit moins effleuré et soit plutôt abordé avec plus de profondeur. Nous avions, au début, un peu l’impression que les parties étaient mal soudées ensemble. Qu’on s’éloignait des sujets qui venaient véritablement nous toucher et nous captiver: le deuil, le recueillement, la création. Entre l’abbaye, Berlin et les souvenirs de l’enfance, nous arrivions mal à retrouver les liens, au premier coup d’œil.
Retrouver le fil conducteur
Finalement, c’est l’une des participantes qui nous dit qu’il faut se laisser porter par l’association des souvenirs. Que le voyage à Berlin pouvait facilement être ce à quoi le personnage pensait lors de son séjour à l’abbaye. Que nous avions affaire aux recherches de quelqu’un qui se questionne, à un courant de pensée, en images. Au récit d’un voyage à Berlin – dont l’authenticité de l’atmosphère marque d’ailleurs l’une des participantes – qui se termine par une visite au cimetière, qu’on retrouve une fois de plus un rapport à la mort. Que ce soit la mort des attentes dans cette rencontre qu’elle fait à Berlin ou bien la mort au sens propre, celle avec laquelle elle développe une relation bien jeune, au salon funéraire de sa tante.
Une fois qu’on accepte à la fois ce flou, ce silence, ces non-dits qui se trouvent un peu partout dans le texte, entre les mots, cachés dans les images, tout est encore plus beau, on se laisse bercer par les images, les propos et l’histoire dans son entièreté.
L’art du silence et le courage de la création
S’il y a aussi bien quelque chose que nous avons tous trouvé intéressant dans Le meilleur a été découvert loin d’ici, c’est le rapport au silence. On y retrouve véritablement un art de cultiver le silence, un besoin d’isolement et d’éloignement, pour créer, qui nous interpelle. On retrouve aussi du courage dans cet acte d’isolement, dans ce besoin de se retrouver seul.e avec soi-même et, tous, on trouve ça bien beau, bien courageux et parfois nécessaire.
Clin d’oeil à la maternité
Accessoirement, un peu à l’extérieur du récit, on se questionne sur la place de cet enfant qu’on rencontre à la première page. Cet enfant qui n’est pas mentionné, qui n’est pas véritablement discuté, duquel on s’éloigne pour être autre chose qu’une mère, pour créer, pour se donner le droit d’être, pour soi. C’est en partageant une grande admiration et une petite jalousie pour ce choix d’être femme avant d’être mère, le temps d’un voyage, le temps d’une retraite, le temps de créer, qu’on discute de cet aspect qui, quoi que très peu présent dans l’œuvre, nous interpelle.
Finalement…
Ce roman graphique était donc une belle façon de conclure les quatre séances de l’automne avec notre beau groupe du samedi. Nous avons partagé beaucoup, durant ces quatre séances. Des rires aux discussions sur nos livres favoris, sur nos différentes perceptions des certaines œuvres aux multiples suggestions de lectures, de séries, de films.
De finir sur une petite douceur pleine de beauté comme Le meilleur reste à venir est comme la cerise sur le sundae qu’est ce club de lecture.