Littérature étrangère
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De drôles d’images pour illustrer une réalité moins gaie

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J’ai commencé ma lecture de L’écume des jours avec quelques appréhensions. J’avais entendu dire qu’il s’agissait d’un roman classique assez particulier à lire, plutôt difficile à saisir. Après avoir reçu tous ces commentaires, j’avais un peu peur de m’y plonger, mais un classique est toujours une œuvre qui mérite d’être lue. C’est donc ce que j’ai fait, je me suis plongée dans l’univers de Boris Vian et je n’ai pas été déçue.

L’univers

Ce roman raconte l’histoire d’amour de Colin et Chloé, deux personnages qui évoluent entourés de leurs amis Chick, Alise, Nicolas et Isis. Colin est persuadé d’avoir trouvé en Chloé ce qui lui manquait pour avoir une belle vie, lui qui a déjà une vaste maison et assez d’économies pour vivre paisiblement sans avoir à travailler. Par contre, lorsque Chloé tombe malade, la situation dégénère rapidement. Quand le nénuphar est découvert sur le poumon de la jeune femme, c’est le début de la fin, autant pour le couple principal que pour les autres personnages orbitant autour de lui.

Plus j’avançais ma lecture, plus je comprenais pourquoi les gens ayant déjà lu le livre avaient un peu de difficulté à s’y retrouver. Vian fait interagir ses personnages dans un univers merveilleux, où les expressions sont prises au pied de la lettre et où les choses les plus déroutantes sont décrites avec désintérêt et détachement. Il faut donc tenir pour acquis que tout cela constitue la norme, sans trop se poser de questions. Une fois que cela est chose faite, il est alors possible de réellement apprécier ce style d’écriture, qui diffère assez de ce que j’ai l’habitude de lire.

Une histoire d’amour parmi bien d’autres choses

L’histoire, bien qu’intéressante et touchante, n’est pas ce qu’il y a de plus impressionnant dans L’écume des jours, à mon avis. Pour moi, c’est plutôt la façon dont l’auteur aborde certains thèmes qui rend ce roman saisissant. Comme il a été écrit en 1946, soit tout juste après la Deuxième Guerre mondiale, la société de l’époque, qui est en plein changement, y transparaît beaucoup. Vian étant un auteur engagé, il critique la société dans laquelle il vit à l’intérieur de ce qui s’avère être son œuvre la plus connue. Il banalise la mort et la guerre, il dénonce les dures conditions de travail, il s’attaque à la bourgeoisie, et se moque de la place qu’occupe la religion dans la vie des gens afin de faire réagir, ou du moins de faire réfléchir les lecteurs. Les images utilisées par l’auteur sont peut-être déroutantes, mais elles réussissent à passer de forts messages. Par exemple, les hommes travaillant à l’usine d’armement ne fabriquent pas les fusils, mais les font pousser avec leur chaleur corporelle, en s’étendant sur la terre. Le fait que la chaleur humaine permette de créer les armes amène l’idée que l’Homme est à l’origine de la guerre. Vian pousse l’idée encore plus loin, en montrant que les fusils qui sont ratés, inutilisables, sont en fait synonymes de paix.

« Sous un linge blanc, il y avait la production de Colin pour le dernier jour. Le linge se soulevait à l’un des bouts. Cela n’aurait pas dû se produire avec des canons parfaitement cylindriques et Colin se sentit inquiet. […] Il souleva le linge. Il y avait douze canons d’acier bleu et froid et au bout de chacun, une jolie rose blanche s’épanouissait, fraîche et ombrée de beige au creux des pétales veloutés. » 

Les situations sont peut-être décrites de façon plutôt loufoque, mais les thèmes traités ne perdent pas de leur sérieux pour autant. L’histoire d’amour est presque un prétexte pour permettre à l’auteur de passer des messages d’une grande importance. C’est ce qui m’a le plus marquée et surtout impressionnée dans ce roman. J’aime bien lorsqu’un livre me permet d’en apprendre plus sur l’époque dans laquelle il a été écrit, ou sur l’époque dans laquelle l’action se déroule, et ce roman répond clairement à ce critère.

En terminant, L’écume des jours est un roman difficile à catégoriser. Il est un mélange de merveilleux, d’existentialisme et de surréalisme, sans pour autant s’inscrire seulement et entièrement à l’intérieur de l’un de ces courants ou styles littéraires. Je ne veux pas trancher, je vais donc choisir l’option sûre en énonçant que ce roman de Boris Vian se classe certainement chez les classiques à lire. De votre côté, aimez-vous en apprendre plus sur les différents contextes sociohistoriques lors de vos lectures?

Un commentaire

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