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Le pape a donné un nouveau souffle à ma ferveur environnementale

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Est-il pertinent que je précise d’entrée de jeu que je suis athée ?

Peu importe, voilà qui est fait.

Un collègue a glissé ce livre sur mon bureau en me disant que ce dernier traitait d’environnement. Mes yeux ont été aussitôt attirés par le visage souriant du pape François qui couvrait l’exemplaire. Ma curiosité a aussi été immédiatement piquée car, pour moi, il n’y a pas de relation possible entre la religion et la science. Comment le Saint-Père arrivait-il à en créer une ?

J’ai grandi dans une famille chrétienne pratiquante, mais je n’ai pas la foi. Je suis aussi en désaccord sur plusieurs points de vue avec l’Église. De plus, jamais je n’y avais entendu quoi que ce soit sur la protection de l’environnement, encore moins sur la science ou sur la lutte aux changements climatiques, des valeurs incontournables pour moi.

Or, le nouveau pape – de son vrai nom Jorge Mario Bergoglio – est plein de surprises. Je dois avouer qu’il est un personnage fascinant, et que je suis du coin de l’œil la réforme de l’Église qu’il a amorcée depuis son élection. Qu’a-t-il donc à dire à propos de l’environnement ? Est-ce que la plus grande communauté religieuse du monde passera à l’action pour « sauvegarder la maison commune » ?

 

Écologie intégrale et bien commun

Une encyclique est une lettre écrite par le souverain pontife. Elle est destinée à renseigner les évêques du monde entier sur le point de vue de l’Église à propos d’un sujet en particulier. C’est grâce à ces derniers que les propos du pape se rendent ensuite jusqu’au 2,3 milliards de fidèles catholiques. Dans Laudato si’ (Loué sois-tu) publiée en 2015, le pape François lance un message à toute la planète, peu importe les principes spirituels de ses occupants : « À présent, face à la détérioration globale de l’environnement, je voudrais m’adresser à chaque personne qui habite cette planète » (p. 6).

Si vous êtes déjà préoccupé par la protection de l’environnement, vous n’apprendrez rien de nouveau dans la section où le Saint-Père fait l’état des lieux de la crise écologique actuelle, en prenant en considération « les meilleurs résultats de la recherche scientifique disponible aujourd’hui ». (p.14) L’intérêt de cet ouvrage est plutôt dans le concept d’écologie intégrale qui est proposé par son auteur.

Le pontificat de Bergoglio est inspiré du Saint Patron de l’écologie, François d’Assise, de qui il a emprunté le nom. L’homme ayant vécu au tournant du 13e siècle aurait en effet démontré un grand intérêt envers la nature (« la création de Dieu »), mais aussi envers « les pauvres et les abandonnés ». (p.10) Le pape actuel se distingue d’ailleurs de ces prédécesseurs par son mode de vie modeste et ses efforts pour lutter contre la pauvreté. Il s’inspire donc de François d’Assise pour inciter les lecteurs à ouvrir leur regard au-delà du défi scientifique et technique que représente la dégradation de la terre :

« Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. […] Aujourd’hui, l’analyse des problèmes environnementaux est inséparable de l’analyse des contextes humains, familiaux, de travail, urbains, et de la relation de chaque personne avec elle-même qui génère une façon déterminée d’entrer en rapport avec les autres et avec l’environnement. » (p.100 à 102)

Selon lui, les réponses sont à la fois dans les richesses culturelles des peuples — un propos lourd de sens lorsque l’on se rappelle l’histoire des peuples autochtones canadiens —, dans l’art et la poésie ainsi que dans la spiritualité : « Si nous cherchons vraiment à construire une écologie qui nous permette de restaurer tout ce que nous avons détruit, alors aucune branche des sciences et aucune forme de sagesse ne peut être laissée de côté, la sagesse religieuse non plus, avec son langage propre. » (p. 47)

Il critique entre autres les systèmes politiques et les gouvernements pour leur lenteur et leur manque de vision : « La myopie de la logique du pouvoir ralentit l’intégration de l’agenda environnemental aux vues larges dans l’agenda public des gouvernements. » (p. 126) Il soutient aussi que la politique et l’économie doivent se mettre au service de la vie humaine, plutôt qu’au service du développement financier, surtout si ce dernier « ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ». (p.137)

 

Relire et réinterpréter le sacré 

Ce qui m’a happée en lisant cette lettre, c’est que le chef d’État de la Cité du Vatican invite les croyants à mieux interpréter certains textes tirés de la Genèse. Il aborde les récits de Caïn et Abel ainsi que celui de Noé du point de vue de l’écologie intégrale.

« Il est important de lire les textes bibliques dans leur contexte, avec une herméneutique adéquate, et de se souvenir qu’ils nous invitent à “cultiver et garder” le jardin du monde (cf. Gn 2,15). Alors que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. » (p.50)

Tout ce qu’il voulait démontrer, depuis le début, a pris tout son sens lorsque j’ai lu l’extrait suivant :

« [L]es évêques de Nouvelle-Zélande se sont demandé ce que le commandement “tu ne tueras pas” signifie quand “vingt pour cent de la population mondiale consomment les ressources de telle matière qu’ils volent aux nations pauvres, et aux futures générations, ce dont elles ont besoin pour survivre”. » (p. 69)

 

Quels sont les impacts d’un tel message ?

Même si un pape est à la tête de la plus grande communauté religieuse du monde, il faut reconnaitre que son pouvoir est limité. Autrefois aussi puissant que les rois (qu’il pouvait destituer), son rôle actuel est plutôt d’autorité morale et spirituelle. Son mandat vise à faire circuler le message du Christ et à assurer l’unité de la foi par des discours, des lettres, des homélies et des audiences ou encore des encycliques. Selon moi, s’intéresser à ce genre de messages — peu importe la confession — est incontournable, si l’on veut comprendre le monde dans lequel on vit.

Certains prédécesseurs du pape François se sont déjà illustrés sur la scène internationale. Le pape Jean-Paul II (1978-2005) est intervenu pour la chute du mur de Berlin et contre l’intervention américaine en Irak. Benoit XVI a aussi discouru à propos de la question des droits et des libertés devant l’assemblée générale des Nations Unies réunie à New York en 2008.

La démarche de François semble être empreinte d’humilité et d’ouverture :

« Encore une fois, je répète que l’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique, mais j’invite à un débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun. » (p. 132)

Bien que j’apprécie le ton de cette lettre, je dois avouer que je suis en désaccord avec certains des éléments qu’elle contient. Entre autres, malgré l’ouverture du pape envers la science, il est selon moi erroné de croire qu’il puisse y avoir un « dialogue intense et fécond » entre cette dernière et la religion (p.47). Sans vouloir trop m’étendre sur le sujet, je préciserais tout de même mon propos : les deux domaines s’intéressent à des objets complètement différents et utilisent aussi un langage et une méthodologie qui leur sont propres, ce qui les rend difficilement conciliables. Cependant, je concède que les deux domaines peuvent être complémentaires, et cohabiter. Malgré tout, le message du pape François me remplit d’espoir, et j’espère sincèrement que son message de « conversion écologique » trouvera écho dans les églises du monde. J’ai maintenant des arguments de plus pour faire valoir mon point de vue d’écologiste, car « même le pape le dit ».

« La grande richesse de la spiritualité chrétienne, générée par vingt siècles d’expériences personnelles et communautaires, offre une belle contribution à la tentative de renouveler l’humanité. Je veux proposer aux chrétiens quelques lignes d’une spiritualité écologique qui trouvent leurs origines dans des convictions de notre foi, car ce que nous enseigne l’Évangile a des conséquences sur notre façon de penser, de sentir et de vivre. » (p. 151)

Quel est le point de vue des autres grandes religions du monde à propos de la sauvegarde de l’environnement?

 

Références (consultées du 1er au 15 février 2018):

Loué sois-tu: lettre encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune (183 pages) a été publié chez Médiaspaul, en 2015.

 

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