Aria. Ce mot sonne bien aux oreilles. En musique, un aria est un air exprimant l’émotion d’un personnage et démontrant la virtuosité d’un chanteur dans un opéra. C’est l’autrice et professeure Meb qui me l’a appris dans mon deuxième cours de littérature musicale au cégep. L’ayant eu comme professeure pendant un an, quand j’ai su qu’elle sortait son premier livre, j’ai voulu tout de suite en savoir plus.
Début décembre 2017, elle nous a annoncé en classe qu’elle lançait un livre de black-out poetry, dont le principe est de raturer des textes — dans son cas Maria Chapdelaine de Louis Hémon — pour en ressortir des mots qui forment un tout autre sens. Le format me plaisait, j’avais déjà lu du black-out poetry mais jamais un livre complet. Et puis le titre, Aria de laine, m’a aussitôt interpellée. J’ai voulu me procurer ce livre le plus vite possible. J’étais plus que curieuse de savoir à quoi ressemblait l’univers de ma prof, dont j’avais vu des parcelles sur sa page Facebook.
Je confirme: un aria tout en finesse se cachait derrière Maria Chapdelaine, et Meb a su l’exploiter pour en faire de jolis poèmes.
La forme
Pendant six mois, l’autrice a découpé deux carrés parmi les pages du roman et a trouvé des bouts de phrases qui allaient de pair avec d’autres. Il va sans dire que ça nécessite beaucoup de discipline et de travail, mais l’autrice a relevé le défi avec brio. La forme non traditionnelle déstabilise un peu pendant les premières pages; cependant, on y prend goût et on entre avec curiosité entre les lignes, dans les belles images que créent les ratures.
Les mots
Si vous êtes sensibles aux métaphores et allégories bien colorées, vivantes, ce livre vous enchantera. Personnellement, c’est l’approche surréaliste et dadaïste en poésie qui m’attire et interpelle le plus. Aria de laine, c’est exactement ça. Juste le concept de mots cachés dans l’histoire d’un autre auteur est génial. C’est partir à la chasse aux trésors, le temps d’une lecture. Et puis c’est le genre de livre qui se lit plus d’une fois; chaque lecture apporte une image et une approche différente. C’est ce qui fait la beauté du black-out poetry.
En dehors du black-out poetry
En plus d’être autrice et professeure au cégep, Meb exploite plusieurs sortes d’art. Elle est une grande adepte des zines et des petites choses; elle publie son zine Milieu à tous les mois et vend sur Bandcamp des cartes, des poèmes, des calendriers, tous fait à la main. Sa poésie se poursuit en chansons, composées de façon strictement minimaliste; il y seulement la voix enveloppante de Meb avec une ou deux couches d’instrumentations, c’est tout. Les textes ont une grande portée poétique et la touche bien reconnaissable de Meb, qui vous plaîra si vous aimez l’approche surréaliste en général!
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Vous pouvez suivre les aventures de cette artiste multidisciplinaire sur sa page Facebook et son site internet. Je l’ai récemment interviewée pour Inside & Somewhere Else sur l’ensemble de son parcours d’artiste que vous pouvez lire ici. Aria de laine est en vente chez Le pressier.
Et vous, avez-vous déjà lu du black-out poetry?
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