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Redéfinition de la masculinité : un territoire encore à explorer

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Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles, quel titre magnifique! Le lire crée dans mon imaginaire la silhouette d’un homme droit, grand, fort et beau. Vous vous l’imaginez sans doute aussi, mais détrompez-vous, je ne parle pas d’une beauté, d’une grandeur ni d’une force physique. Il s’agit plutôt du genre de force qui émane de quelqu’un d’assumé, d’entier, de pleinement confiant. Ce titre me renvoie l’image d’un homme prêt à accueillir l’autre dans tout ce qu’il est, dans toute sa vulnérabilité. Ses réflexions et espoirs pour l’homme d’aujourd’hui m’intriguaient beaucoup. J’ai la chance d’être la tante de trois magnifiques garçons et de voir grandir les enfants de ma sœur, voir leur personnalité se définir, m’amène souvent à me demander quels genres d’hommes ils seront, quels chemins ils emprunteront. Ce court essai, par son titre et son sujet, m’apparaissait comme une continuité de ma réflexion.

Dès les premières pages, on ressent l’indignation de l’auteur, Steve Gagnon. L’homme du 21e siècle est emprisonné dans les carcans imposés par la définition des genres, et sans les références aux stéréotypes, il est complètement perdu sur le chemin de la réalisation et de l’épanouissement personnel. Voilà la prémisse de cet essai au titre si poétique, dans lequel les hommes sont appelés à se redéfinir.

Un territoire si vaste; un essai si court

Très court essai, Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles m’a un peu décontenancée. On y retrouve un véritable cri du cœur de l’auteur, qui souhaite réveiller les consciences, brasser les cages, briser les moules et permettre aux jeunes hommes de s’épanouir dans un cadre plus ouvert et moins façonné par la fameuse « virilité ». Cependant, les réflexions et les idées qui viennent appuyer ce cri du cœur ne l’égalent pas, ne le nourrissent pas suffisamment. On sent bien que l’auteur a beaucoup réfléchi sur sa propre image, son rôle d’« homme », ses modèles, les stéréotypes auxquels il a été confronté, mais j’ai le sentiment qu’on ne fait que survoler les différents thèmes, alors que j’aurais aimé m’y plonger.

Personnellement, j’aime lire des essais pour apprendre, m’interroger, élargir mes horizons et sortir de ma zone de confort, ce que cet ouvrage ne m’a pas vraiment permis de faire. J’ai été davantage touchée par l’écriture de l’auteur que par l’ensemble de ses réflexions sur la masculinité. Le texte est très imagé et intime. Le style est assez littéraire, les phrases sont souvent longues et le vocabulaire recherché.

Nous sommes nés pour être grandioses. Accepter la médiocrité qui menace nos vies est un reniement facile de nos responsabilités, une désertion catastrophique de notre profonde croyance.
[…]
Et j’écris ici que je n’accepte pas cette interdiction absurde à l’émerveillement et au grandiose, sous prétexte que mon appétit devrait être rudimentaire. Je ne réprimerai jamais ma curiosité sans bornes ni mon attraction pour ce qui soulève nos vies inexpliquées, je ne me contenterai en aucun cas de désirs archaïques dont le relief est usé.

Poésie exaltante, mais pour qui?

Ce style très littéraire m’a beaucoup surprise. Je ne prétends pas comprendre toutes les intentions et les visées de l’auteur avec ce texte, mais je trouve qu’il y a une rupture entre le message que l’on cherche à transmettre et la façon de le faire. Je ne peux que me questionner sur le public cible de l’essai. Les idées qui s’y trouvent ne sont pas vraiment originales et peu approfondies, dans le sens où, pour moi, elles correspondent à un début de prise de conscience, à un éveil sur la définition des genres. J’aurais donc envie de faire lire cet essai aux adolescents et aux jeunes hommes (aux filles aussi, bien sûr) pour leur permettre d’amorcer une réflexion. Cependant, et sans vouloir généraliser, le style littéraire et le vocabulaire recherché risquent d’en décourager plusieurs et diluent le message pourtant fort et puissant que l’on souhaite leur transmettre. Au fond, je crois que l’auteur a beaucoup à dire sur la masculinité, que son propos est intéressant et pertinent, mais que la forme et le format choisis ne lui rendent pas nécessairement justice.

Au départ, j’étais curieuse de lire cet essai, non seulement pour nourrir mes propres réflexions, mais aussi parce que nous vivons présentement un mouvement où les genres tendent à se redéfinir, voire même à s’effacer, et ce texte me proposait une perspective masculine sur le sujet. J’admets être restée sur mon appétit concernant les réflexions entourant la masculinité et la virilité, mais j’ai découvert la plume de Steve Gagnon que je trouve particulièrement riche. Ce premier contact avec l’auteur me donne envie de découvrir ses œuvres de fictions, dont le recueil de nouvelles Chaque automne j’ai envie de mourir, co-écrit avec Véronique Côté, ainsi que ses pièces de théâtre. J’avoue me réserver la surprise des thèmes abordés, mais je me doute déjà que l’écriture risque fort de me plaire.

Et vous, de quelle façon allez-vous découvrir Steve Gagnon? Par sa fiction ou ses réflexions?

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