Perrine Madern se décrit elle-même comme une ex-criminologue blasée et une libraire comblée. Son premier roman, Reste encore un peu, a récemment été publié par les Éditions au Carré. Elle a généreusement accepté de répondre à notre questionnaire.
Quel est ton premier souvenir en lien avec la lecture?
Je pense que c’est Boule et Bill à la maternelle. Dans mon souvenir, on lisait un extrait de la bande dessinée tous les jours, mais est-ce que c’était vraiment ça, ou est-ce ma mémoire qui me joue des tours? Je ne saurais dire.
Au secondaire, je détestais lire. Les lectures obligatoires en français étaient une corvée. J’ai commencé à aimer la lecture vers dix-huit ans quand j’ai commencé à choisir mes lectures. J’ai toujours eu un problème avec l’autorité, je crois.
Avais-tu un rituel de lecture enfant ou un livre marquant? Et maintenant, as-tu un rituel de lecture?
Enfant, je ne crois pas. Maintenant, je lis après avoir déposé mon garçon à l’école le matin. Dans ma voiture. Ça peut paraître étrange, mais c’est mon moment de solitude et de lecture avant de commencer à travailler. J’en ai besoin. Ça débute bien ma journée.
Sinon, j’adore faire un feu le dimanche après-midi, pendant la sieste du petit monstre, et m’installer devant le foyer pour lire. Mais c’est plus rare ces temps-ci, il ne veut plus faire de sieste…
As-tu une routine d’écriture, des rituels? Dans quel état d’esprit dois-tu être pour écrire?
Il faut que je sois seule, c’est certain, que je sois bien installée. Un beau spot digne d’une photo instagram. Quétaine de même! Pour écrire mon roman, j’allais à la bibliothèque et je m’assoyais toujours à la même place. Ce sont des lieux qui m’apaisent, dans lesquels je me sens à ma place, dans mon petit monde. C’est inspirant.
Les moments de ma vie où je n’allais pas bien sont sans aucun doute ceux où j’ai écrit le plus et le « mieux ». Je ne peux pas dire qu’il faut toujours que je sois triste pour écrire, mais c’est quand même le chagrin qui m’inspire mes plus beaux passages. Ça sort plus spontanément, c’est plus naturel.
Quels sont les livres qui t’ont donné envie d’écrire?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit. J’avais un blogue quand j’étais adolescente, à partir de treize ans environ, et je me souviens que j’y confiais mes états d’âme au lieu de publier des selfies de webcam douteuses comme faisaient mes amis. J’étais déjà « étrange » à l’époque. Mais le livre qui a tout déclenché, qui m’a vraiment donné l’envie d’écrire de la fiction, est sans aucun doute La tendresse attendra de Matthieu Simard. Ça a été mon premier gros coup de cœur « littérature québécoise » et même littéraire tout court en fait. Ce livre a été vraiment marquant dans ma vie.
Quel est le livre qui t’a le plus fait cheminer personnellement et pourquoi?
Je pense que c’est Le journal d’Anne Frank. J’ai eu du mal à passer à autre chose après l’avoir fini. Il restait là, comme une présence invisible à mes côtés. Sa voix résonnait en moi et m’envahissait même après l’avoir terminé. J’y pensais constamment. Ça a été une leçon d’humilité. Ça m’a remis à ma place de façon assez sévère. J’étais plus reconnaissante de tout ce qui m’entourait, je m’émerveillais plus facilement pour les choses, les endroits… Je réfléchissais à deux fois avant de me plaindre pour des niaiseries. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais ça m’a bouleversée. Je pense que l’optimisme et la joie de vivre inébranlable de la jeune Anne vont me hanter encore longtemps.
Si tu pouvais vivre dans un monde littéraire, ce serait lequel?
Je ne serai vraiment pas originale pour cette question-là, mais je dirai Harry Potter. Les deux trois premiers livres surtout, avant que ça devienne trop sombre.
Quel livre relis-tu constamment sans même te tanner?
Honnêtement, je ne relis jamais les livres plusieurs fois. À part les albums illustrés. Et je ne saurais dire lequel je préfère entre La grande fabrique de mots (Alice), Le plus beau numéro du monde (la Bagnole), Ma tête en l’air (Fonfon), Le livre où la poule meurt à la fin (Les 400 coups) et L’amour, c’est… (Scholastic)… J’adore les albums illustrés.
Quel est ton mot de la langue française préféré?
P’tite garnotte. Il y a deux mots et je ne crois pas qu’ils figurent dans le Larousse, mais c’est si beau.
Quel livre aurais-tu aimé avoir écrit?
Golden square mille de Maxime Catellier.
Si tu écrivais ta propre biographie, quel serait le titre?
Le poids du silence.