C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai lu les dernières pages de Profession du père, le récit d’une enfance auprès d’un père mythomane et oppressif et d’une mère qui demeure passive face aux agissements du père. J’étais stupéfaite de savoir que la vie familiale dysfonctionnelle racontée dans ce roman se rapproche de celle vécue par son auteur, Sorj Chalandon.
Une enfance dans le mensonge et dans la violence
En 1961, Émile a 12 ans alors que la Guerre d’Algérie tire à sa fin. Son père peste contre De Gaulle et l’indépendance de l’Algérie et prétend qu’il est un complice de l’Organisation armée secrète (OAS). C’est alors que nous constatons les répercussions des fabulations d’un père sur son fils qui ira jusqu’à embrigader un ami dans cette mise en scène du père. Il faut savoir que ces délires n’ont pas pour seul but d’amuser Émile. André Choulans fait croire à son entourage qu’il a été pasteur, joueur de football, agent secret et champion de judo alors que la réalité est toute autre. Au fil des pages, nous découvrons que la profession du père d’Émile demeure mystérieuse et que celui-ci passe plutôt ses journées affalé dans un canapé.
En plus de vivre dans le mensonge, le père d’Émile est violent physiquement et psychologiquement à l’égard de son fils. Ainsi, Profession du père est un livre dur et certains passages sont plutôt dérangeants. Malgré tout, l’écriture de Chalandon nous garde captivé jusqu’à la fin.
De la lumière malgré la dureté du propos
J’ai encore de la difficulté à mettre en mots les raisons pour lesquelles ce livre m’a autant accrochée et autant plu. D’une part, je crois que l’histoire bouleversante d’Émile m’a profondément touchée. D’autre part, une partie de moi était sûrement curieuse de voir comment allait évoluer la relation d’Émile avec son père à l’âge adulte. Mais il y a plus.
L’écriture de Chalandon est belle et celui-ci ne cherche pas à obtenir vengeance de ce père qui a pourtant rendu son enfance misérable. Au contraire, les délires du père tels que racontés font parfois sourire, même si rapidement le côté sombre de cette dynamique familiale oppressante resurgit.
Apparemment, les autres livres de Chalandon sont tous aussi bons. Compte tenu de mon appréciation de Profession du père, cet auteur deviendra assurément un incontournable dans mes prochains choix de lectures.
Et vous, connaissez-vous les romans de Sorj Chalandon?