Je crois que c’est la lecture de Paul à la pêche qui m’a donné envie de lire des bandes-dessinées. Je n’ai jamais été une grande amatrice de ce genre d’ouvrages, mais j’ai récemment eu envie de découvrir des albums conçus spécialement pour un public plus âgé. Je me suis donc tournée vers la série Magasin général, comportant neuf bandes-dessinées historiques se déroulant au Québec. J’ai commencé par lire deux tomes, afin de découvrir cette série qui a beaucoup fait parler d’elle.
Complémentarité de plusieurs artistes
D’abord, j’ai bien aimé que le concept soit brièvement présenté au début de l’album. Les auteurs, Régis Loisel et Jean-Louis Tripp, sont deux artistes français qui avaient déjà des carrières solo fleurissantes lorsqu’ils ont décidé de s’associer pour ce projet. C’est leur complémentarité qui les a poussés à travailler conjointement sous le nom de Loisel et Tripp. Une troisième personne est venue compléter l’équation, il s’agit de Jimmy Beaulieu. Celui-ci était indispensable afin de représenter convenablement les expressions particulières du peuple québécois au début du XXe siècle. Les deux auteurs et dessinateurs étant français, il aurait été difficile pour eux de rendre un juste portrait du parler québécois d’antan sans l’aide de quelqu’un.
Petit train-train quotidien
J’ai été surprise lorsque j’ai terminé le premier tome. Je l’ai lu d’une traite, mais ce n’est certainement pas parce que le suspense était insoutenable. La bande-dessinée offre plutôt un aperçu de la vie des habitants d’un petit village québécois vers 1920. Leur quotidien et les choses qui viennent le bouleverser sont le centre de cette série. La grande intrigue s’étendant sur les neuf tomes, le premier est surtout un prologue présentant les principaux personnages et leurs habitudes. Cependant, les choses s’accélèrent un peu plus à l’intérieur du deuxième.
L’histoire du Québec vue de l’extérieur
J’ai vraiment aimé l’idée que ces bandes-dessinées aux personnages québécois ont été réalisées par des Français pour des Français et des Belges à la base. Pour les Européens, cette série de bandes-dessinées est certainement une source originale fournissant des informations véridiques et variées concernant le mode de vie du peuple québécois au début des années 1900. En lisant, je réfléchissais à cette idée, et j’étais satisfaite de l’image des Québécois reflétée par Magasin général.
Marie et les autres habitants de la paroisse de Notre-Dame-des-Lacs sont présentés comme étant des gens simples et travaillants. Les villageois sont toujours présents pour aider les familles voisines qui ont besoin d’un coup de mains, mais sont aussi toujours prêts à commérer sur le perron de l’église. Les célèbres patois québécois sont également bien présents, mais sans exagération.
Mes personnages secondaires favoris
J’ai beaucoup aimé les personnages présentés dans les deux premiers tomes. Marie et Serge sont les principaux, mais pas nécessairement les plus intéressants, selon moi. J’ai particulièrement aimé certains personnages ayant des rôles secondaires et participant à des intrigues qui sont également secondaires.
Par exemple, j’ai aimé voir le nouveau curé se lier d’une belle amitié avec Noël, l’homme le moins croyant de la paroisse. Leurs intérêts communs dépassent leurs différends, et cela amoindrit l’image de la religion catholique qui pouvait influer assez directement les actions des croyants, à l’époque. Sinon, j’ai eu un coup de cœur pour Gaëtan Payette, ou plutôt pour la façon dont les gens agissent avec lui. Gaëtan a un handicap mental, et la façon dont il est inclus dans la vie du village est touchante. Personne n’a la moindre miette de jugement pour lui, et chacun lui trouve des occupations utiles et adaptées à ses capacités.
Fins détails
En terminant, les bandes-dessinées amènent un deuxième volet à la lecture. Il y a bien sûr les dialogues et l’avancement de l’intrigue, mais également les illustrations. Impossible de passer sous silence la qualité des dessins de ces albums. J’ai remarqué une belle différence entre les illustrations de ces bandes-dessinées et celles que je lisais lorsque j’étais enfant. D’abord, les couleurs sont moins pimpantes, mais représentent mieux les paysages de campagne dans lesquels l’action prend place. Les dessins sont également plus détaillés et réalistes. J’ai aimé prendre le temps de m’attarder sur ceux-ci pour apprécier les petits détails, tels que les vêtements légèrement défraîchis des paysannes et les mains noueuses des hommes travaillant la terre.
Globalement, j’ai bien aimé la lecture de ces deux albums et je retournerai certainement piger dans la section bandes-dessinées de la bibliothèque de ma ville. J’ai l’habitude de m’en tenir aux romans, mais cela fait du bien d’élargir mes horizons. Lisez-vous toujours des romans, ou sortez-vous des sentiers battus plus facilement que moi?
ça donne envie de s’y plonger! 🙂
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