Littérature québécoise
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Ton absence m’appartient : où l’identité se construit face au vide

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Rose-Aimée Automne T. Morin a publié dernièrement son premier livre, Ton absence m’appartient, aux Éditions Stanké, et la frénésie de ce nouveau livre s’est emparée des réseaux sociaux. Je fais partie de ces personnes, toujours à l’affût des bookstagram pour faire des découvertes littéraires, particulièrement celles du Québec, et davantage si les livres sont encore chauds de l’imprimerie. Je suis le genre de personne qui se présente trop tôt en librairie le jour d’arrivée du livre alors que celui-ci est encore dans sa boîte de livraison. C’est à ce point que j’aime les nouveautés littéraires, mais mon portefeuille, un peu moins, disons. Le livre Ton absence m’appartient est l’un des livres dont j’attendais impatiemment l’arrivée dans ma bibliothèque. Ce n’est d’ailleurs pas mon premier coup de foudre chez cette maison d’édition.

« Un ouvrage coup-de-poing sur l’identité, porté par une écriture d’une grande vulnérabilité. » (Éditions Stanké)

Des histoires de grande résilience

Ton absence m’appartient raconte plusieurs petites histoires sur la vie et sur le deuil. En effet, l’autrice raconte le deuil à travers six histoires, peu importe la nature de ce deuil. La lecture de ces histoires en devient donc une salvatrice et réconfortante. À travers le livre, le lecteur partage aux côtés de Rose-Aimée Automne T. Morin différents récits, construits comme une entrevue très intime. Nous partageons l’histoire d’un homme qui perd la vue progressivement; celle d’une femme, enfant de camp de réfugiés; celle de l’autrice dans laquelle l’enfance avec un père mourant laisse un grand héritage dans sa vie, et bien d’autres. Les sujets sont tous racontés calmement, mais une grand intensité s’en dégage : l’urgence semble être le cœur du récit duquel la résilience émane chaudement.

« Je ne pense pas que la souffrance rend forcément plus fort, je ne pense pas que la souffrance soit nécessaire à la construction de qui que ce soit, je pense même que chaque deuil part avec une petite partie de soi. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’après, on peut la remplir comme on veut, d’une manière qui nous ressemble, cette faille-là que le deuil crée. »  (Le Devoir, 14 février 2019)

Le début d’une grande écriture

Le livre débute et termine sur l’histoire de l’autrice, où le père est le personnage principal de l’histoire et de l’enfance de la jeune femme. Avant de mourir, il s’est donné comme mission de faire de sa fille la femme qu’il considère parfaite. Rien de moins. Encore à ce jour, la femme se demande si elle est devenue celle que son père aurait voulu. Cet héritage façonne sa vie comme celle des personnes interrogées : leur présent découle directement de leur passé. Tous ces récits sont construits avec une écriture chaleureuse dont il est difficile de se détacher. C’est tout simple, on en voudrait toujours plus.

« À chaque anniversaire de sa mort, j’ai l’habitude de compter le nombre d’amants que j’ai eus, le nombre d’emplois occupés, d’appartements habités. Combien de voyages j’ai faits. Combien d’aventures étranges, d’anecdotes pas racontables, de dépassements de moi, d’abus.  À chaque anniversaire un besoin de me prouver que je ne fais pas de surplace. Quitte à éviter consciemment de me faire un nid, de goûter au confort. » (Page 31)

C’est un livre plus que charmant dont je n’aurais jamais voulu atteindre la fin. Je crois également que c’est un livre très touchant qui peut aider plusieurs personnes. L’autrice a écrit un livre pour elle, mais à la fois pour tant de personnes vivant une situation similaire! C’est un petit baume sur le cœur pour n’importe qui ayant côtoyé le deuil de près ou de loin, une lecture formidable et thérapeutique. Une lueur au bout du tunnel. De la bibliothérapie à l’état pur.

Avez-vous un livre dont la lecture salvatrice vous a aidé à traverser une période plus sombre?

 

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