Féminisme
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Changer les codes du pouvoir

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La représentation des femmes en politique est d’actualité, et il y a certainement lieu de s’en réjouir. Personnellement, les essais qui explorent les causes historiques de l’invisibilité des femmes dans les structures décisionnelles me captivent. C’est pourquoi j’ai dévoré en un après-midi l’essai Les femmes et le pouvoir : un manifeste de Mary Beard, lecture que je recommande grandement à toute personne qui souhaite facilement comprendre les racines historiques de l’invisibilité des femmes sur la place publique.

La voix des femmes

Dans la première partie de son livre, l’autrice explique comment, depuis l’Antiquité, les femmes ont toujours été réduites au silence dans les instances publiques, puisque «discourir était l’affaire des hommes». Encore aujourd’hui,  les femmes doivent se battre sur deux terrains : d’une part, réussir à faire entendre leur voix, et d’autre part, combattre les agressions dont elles sont victimes si elles réussissent à se faire entendre sur la place publique. Beard poursuit en démontrant que la construction sociale du genre est intrinsèquement liée au silence des femmes, en ce sens que la féminité fut sociologiquement et historiquement construite comme un genre silencieux, et la masculinité comme un genre qui s’exprime :

« Ce que je veux dire, c’est que le discours public et l’art oratoire n’étaient pas seulement de ces choses auxquelles les femmes ne se livraient pas; ils relevaient de pratiques et d’attitudes exclusives définissant la masculinité en tant que genre. […] Le discours public était un attribut déterminant – si ce n’est l’attribut déterminant – de la virilité. »

Son analyse nous ouvre les yeux sur les malaises exprimés à l’égard des politiciennes tels que la perception de leur voix comme étant trop aiguë ou stridente, ce qui s’explique par notre conditionnement historique à percevoir la parole publique comme un élément masculin (et donc une voix grave). Il faut prendre conscience de nos propres biais – conscients ou inconscients – afin de les modifier, et l’essai de Mary Beard aide à démarrer ce processus.

Les femmes et le pouvoir

Comment se fait-il que les définitions conventionnelles du pouvoir excluent les femmes? C’est la question à laquelle Beard s’attaque dans la deuxième partie de son livre. Selon l’autrice, comme les femmes ont longtemps été absentes du pouvoir politique, nous n’avons pratiquement aucun modèle susceptible de déterminer ce à quoi une femme de pouvoir doit ressembler, hormis le fait qu’elle doit plutôt ressembler à un homme.  Notre société a donc calqué l’image de ce que doit être une personne politique sur des traits typiquement masculins, d’où l’adoption du tailleur pantalon comme tenue principale des politiciennes Angela Merkel et Hillary Clinton. Il y a donc ici aussi un double défi pour les femmes; soit elles adoptent ces codes sociaux pour s’imposer dans un monde d’hommes, soit elles les modifient et se font détester par tous et toutes.

Par conséquent, l’autrice affirme qu’il faut repenser les structures et les codes sociaux du pouvoir, au lieu de les imposer aux femmes qui souhaitent faire le saut en politique. De plus, penser que les femmes vont prendre graduellement leur place dans la sphère politique sans que soit modifiée la nature du pouvoir est complètement naïf :

« Si je ne me trompe pas au sujet des profondes structures culturelles qui légitiment l’exclusion des femmes, le gradualisme prendra probablement trop de temps – du moins à mes yeux. Il nous faut réfléchir davantage à la nature du pouvoir, à son objet et à la manière de le mesurer. Pour le dire autrement, si la présence des femmes à l’intérieur des structures du pouvoir n’est pas pleinement perçue, n’est-ce pas à coup sûr qu’il nous appartient de redéfinir notre conception du pouvoir plutôt que notre vision de ce que sont les femmes? »

En résumé,  le manifeste de Mary Beard est un livre salutaire qui renforce l’argumentaire sur la nécessité d’adopter des mesures pour que les femmes soient justement représentées dans les structures de pouvoir. L’autrice nous rappelle qu’il est grand temps d’agir afin que la moitié invisible de la population ait une juste représentation dans les sphères décisionnelles.

Et vous, quelles sont vos suggestions de lecture sur la place des femmes en politique?

 

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