All posts tagged: Babel

autobiographie, Babel, Bad Girl, le fil rouge lit, lecture, bibliothérapie, le fil rouge, littérature, Nancy Huston, littérature canadienne, livres, livres qui font du bien

Bad Girl, récit intime d’une autrice

Je n’en suis pas à mon premier livre écrit par Nancy Huston. Je dévore ses fictions et me délecte de ses mots assez souvent pour dire qu’elle fait partie de mes auteurs préférés. J’appréhende bien le jour où je vais avoir terminé son oeuvre complète et qu’il faudra que j’attende une nouvelle sortie de sa part… Il y a quelques mois, j’ai sorti la fin de session de ma tête en lisant Bad Girl, son récit autobiographique. La forme: « autobiographie intra-utérine » L’autrice utilise la narration à la deuxième personne, le « tu » étant adressé à la petite Nancy sur le point de naître, dans le ventre de sa mère. Cela change toute la manière dont les points biographiques sont amenés, rendant le tout beaucoup plus intime et moins linéaire. Les chapitres sont courts, parfois seulement constitué d’un paragraphe, racontant une courte anecdote. «Toi, c’est toi, Dorrit [Nancy]. Celle qui écrit. Toi à tous les âges, et même avant d’avoir un âge, avant d’écrire, avant d’être un soi. Celle qui écrit et donc aussi, parfois, on espère, …

Le fil rouge, le fil rouge lit, bibliothérapie, littérature, lecture, livres, les livres qui font du bien, les variations Goldberg, Nancy Huston, Babel, Actes Sud, Musique, Jean Sebastien Bach, clavecin, spectacle, littérature québécoise

De Bach à Huston

Ça m’a pris 23 ans avant d’ouvrir un livre de Nancy Huston. Ça faisait pourtant plus d’un an que ma meilleure amie me serinait de lire Lignes de faille, qu’elle considérait être un chef-d’œuvre. J’aimerais vous dire que je suis remplie de remords d’avoir attendu si longtemps, mais je suis trop occupée à me délecter du talent de cette autrice, deux fois plutôt qu’une. Après avoir enfin lu la recommandation de mon amie, un pur délice soit dit en passant, je n’ai pas pu résister et j’ai lu un autre de ses livres : Les variations Goldberg.  Je vous le dis tout de suite, je n’en suis pas sortie indemne. Trente têtes valent mieux qu’une Ce roman, le tout premier de Nancy Huston, est sorti en 1981 et continue 37 ans plus tard à faire parler de lui. On y suit Liliane Kulainn qui donne un concert privé dans sa chambre – l’expression musique de chambre prend alors tout son sens. Seules trente personnes ont été invitées, des gens qui ont marqué son passé ou qui …

le fil rouge, le fil rouge lit, bibliothérapie, littérature, lecture, livres, livres qui font du bien, L'Espèce fabulatrice, Nancy Huston, Babel, littérature étrangère, Fiction, essai, réflexion littéraire

L’Espèce fabulatrice : réflexions sur la place de la fiction

Chez Le fil rouge, on affectionne particulièrement Nancy Huston. On en parle souvent (comme ici) et on la cite beaucoup. C’est une autrice canadienne ouvertement féministe, qui a plusieurs œuvres à son actif. Peut-être que les titres L’Empreinte de l’ange (1998) et Le Club des miracles relatifs (2016) vous disent quelque chose. Elle a écrit une multitude d’essais, dont L’Espèce fabulatrice, qui traite de la grande place que prennent les fictions dans la vie humaine. Ce livre a été un coup de cœur immédiat. J’ai toujours apprécié l’univers et la façon de penser de cette autrice, et cet essai a tout confirmé. Dès les premières pages, j’ai surligné énormément de passages, car les réflexions résonnaient en moi. J’ai tout dévoré en moins de trois jours. Cela m’a ouvert les yeux sur la façon dont les sociétés sont construites, sur la façon dont tous les enfants du monde sont élevés, sur la place du langage et de la littérature. En résumé, sans nos fictions — les mythes, les religions, les fables, les histoires — l’espèce humaine …

Anima, ou la quête pulsionnelle des origines

Il y a quelques années, j’ai visionné le film québécois Incendies, réalisé par Denis Villeneuve. La fin m’a vraiment secouée, car elle m’a forcée à aller ailleurs, dans une zone sombre dont je n’anticipais pas l’existence; j’y pense encore régulièrement, car comme certains d’entre vous le savent déjà, j’adore être bouleversée par l’art. J’ai par la suite appris qu’il s’agissait d’une adaptation de la pièce du même nom, écrite par l’auteur Wajdi Mouawad. N’éprouvant pas vraiment de plaisir à lire du théâtre (je préfère, de loin, assister à une pièce pour en savourer le texte porté par les comédiens), je n’avais jamais été tentée de découvrir les écrits de Mouawad. C’est plutôt quand il a fait paraître le roman Anima, en 2012, que je me suis lancée pour la première fois. « Lorsqu’il découvre le meurtre de sa femme, Wahhch Debch est tétanisé : il doit à tout prix savoir qui a fait ça, et qui donc si ce n’est pas lui ? Éperonné par sa douleur, il se lance dans une irrémissible chasse à l’homme …