Chez Le fil rouge, on affectionne particulièrement Nancy Huston. On en parle souvent (comme ici) et on la cite beaucoup. C’est une autrice canadienne ouvertement féministe, qui a plusieurs œuvres à son actif. Peut-être que les titres L’Empreinte de l’ange (1998) et Le Club des miracles relatifs (2016) vous disent quelque chose. Elle a écrit une multitude d’essais, dont L’Espèce fabulatrice, qui traite de la grande place que prennent les fictions dans la vie humaine.
Ce livre a été un coup de cœur immédiat. J’ai toujours apprécié l’univers et la façon de penser de cette autrice, et cet essai a tout confirmé. Dès les premières pages, j’ai surligné énormément de passages, car les réflexions résonnaient en moi. J’ai tout dévoré en moins de trois jours. Cela m’a ouvert les yeux sur la façon dont les sociétés sont construites, sur la façon dont tous les enfants du monde sont élevés, sur la place du langage et de la littérature. En résumé, sans nos fictions — les mythes, les religions, les fables, les histoires — l’espèce humaine n’aurait pas survécu aussi longtemps. Cette affirmation semble énorme, mais il suffit de s’y attarder un peu. Nancy Huston l’a fait pour nous.
Les fictions dirigent nos pensées
Selon Nancy Huston, les fictions dictent nos vies. Une des plus grosses fictions de l’humanité est la religion, c’est indéniable. Nous nous sommes toujours demandé d’où l’on venait, et nous avons inventé pleins d’histoires pour nous rassurer sur notre provenance et sur notre fin, la mort. Nous avons inventé le mariage et le baptême. Les autres grosses fictions ont été créées pour faire de l’ordre et pour bien faire fonctionner les civilisations. Notre nom est une fiction, notre date de naissance est une fiction, notre langue est une fiction. Tout a été inventé par l’Humain pour donner un peu de sens à l’existence et pour évoluer, s’éloigner du stade primitif.
Nos cousins les primates ne vivent aucunement cela. Ils naissent, ils survivent, ils copulent, et ils meurent. Et tout ça, sans savoir pourquoi. Ils ne cherchent pas de sens à la vie, ils ne se cassent pas la tête. La vie humaine est basée sur ce casse-tête. Nous fabulons, essayons de trouver un sens absolument à tout. Cela a ses bons et mauvais côtés, évidemment.
Notre appartenance à un groupe, une ethnie, une religion sont les fictions qui ont créé le plus de conflits. Quelle guerre a eu lieu sans motif religieux, politique et géographique? Aux dernières nouvelles, aucune. Il suffit qu’une personne ou un groupe décide que sa vérité est la vérité ultime, et des bombes explosent.
Par contre, un des bons côtés, c’est la littérature. Elle nous instruit sur toutes les fictions de la planète et nous donne tous les points de vue possibles. On peut se construire notre propre point de vue sur une multitude de sujets, et cela nous permet de ne pas rester ignorants. Pour ma part, c’est exactement ce que je ressens par rapport à la littérature. Huston a mis des mots sur ce que je ressens depuis le début de mes aventures à travers les livres. Lire sur une tonne de sujets, lire des histoires, des points de vue différents des miens m’ont énormément fait grandir en tant que personne. J’imagine que c’est le cas pour la majorité des lecteurs!
* * *
Je vais arrêter ici ma réflexion sur cet essai. C’est à vous de découvrir ce texte de Nancy Huston, avec lequel, en le finissant, on réalise que la littérature est plus qu’importante : elle est nécessaire à la survie de l’espèce humaine.
Et vous, quel est votre livre préféré de Nancy Huston?
Ping : L’Espèce fabulatrice : réflexions sur la place de la fiction | Le Bien-Etre au bout des Doigts
Ping : Lignes de faille ou avoir 6 ans | Le fil rouge