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Les Questions orphelines de Morgan Le Thiec: chercher l’absente

Le silence. C’est ce qui caractérise le mieux la thématique des Questions orphelines, mais surtout la vie de Billy, le personnage principal de ce premier roman de Morgan Le Thiec. C’est celui que l’on suit dans cette histoire qui se construit autour de la vie d’une famille brisée, éclatée par le mystère qui entoure le disparition de la mère, Blanche, qui a mis les voiles un beau matin de mai 1984. Billy revient à Montréal parce que son père Samuel, atteint de la maladie d’Alzheimer, est mourant. Il quitte Londres, où il est parti vivre (pour fuir?), et doit prendre en charge la vente de la maison familiale, où le drame a eu lieu des décennies avant. Billy, contre lui, se replonge dans ses souvenirs et en vient à broyer du noir. Beaucoup de noir. « Des souvenirs, on en a tous, perdus dans un coin de la tête, des cadavres exquis, pâles, presque translucides, presque rêvés. Mais j’ai pu me rappeler, physiquement, ma première enfance, en posant les pieds dans la maison de Cartierville, en reniflant ses odeurs, en touchant …

Mes amis les sorciers

Je n’ai pas eu une enfance réjouissante. J’ai perdu ma mère à l’âge de six ans. Mon père se retrouvant seul avec trois enfants dans les bras ne détenait pas toutes les ressources dont il aurait eu besoin. Les solutions qu’on utilise en temps de crise ne sont parfois pas les plus réfléchies. Ensuite, nous sommes passés par l’épisode des remplaçantes. Les unes plus folles que les autres. Bref, la typique histoire de l’horrible belle-mère que vous connaissez tous. J’ai compris assez rapidement que la lecture était ma seule façon de survivre et que, par le fait même, je me rapprochais un peu à chaque fois de ma maman (qui, je l’ai dit dans un article précédent, était et sera toujours la littérature sous mon œil). Je dois avouer qu’avec son départ précipité, les livres avaient également pris leur envol. Heureusement, il y avait l’école. Là-bas, je me sentais bien. En classe, les professeurs avaient remarqué ma passion pour la lecture. En cinquième année, j’ai eu une enseignante incroyable qui transforma sa salle de classe en Poudlard et qui divisa le groupe …

Passions d’enfance

Quand j’étais petite, j’adorais inventer des histoires. Je passais le plus clair de mon temps à me promener dans la maison en narrant des récits à voix haute, quand je n’étais pas en train de demander à ma mère de coucher sur papier les petites aventures qui me traversaient l’esprit (je ne savais pas encore écrire à l’époque, me contentant de noircir des dizaines de petits calepins avec des dessins, produisant ainsi de petits embryons de BD sans texte.) Avec tout ça était venu un grand intérêt pour les jeux de rôle et le théâtre, où je pouvais, comme bien des enfants, m’amuser à incarner divers personnages et donner vie à mes propres récits. Ensuite, quand j’ai su écrire, j’ai développé un véritable amour pour la rédaction. Au secondaire, mes journées scolaires préférées étaient celles où nous étions en « production écrite », ce qui me valait souvent des regards stupéfaits de la part de mes confrères et consœurs, de même que des commentaires pas toujours très édifiants. Ça m’était bien égal: personne ne pouvait m’enlever le …

« Ce livre-là n’est pas pour toi! »

Quand j’étais ado, j’aimais me rendre à la bibliothèque de mon école secondaire pour y emprunter des romans, souvent plusieurs par semaine. Ayant toujours eu un faible pour les littératures de l’imaginaire et plus particulièrement les romans de fantasie (c’est-à-dire les histoires se déroulant dans des univers moyenâgeux remplis de magie, de guerres et de créatures mythologiques), j’aimais bien me gâter un peu et emprunter des livres de la collection « Les Royaumes oubliés », regroupant des récits inspirés d’un univers conçu à l’origine pour le jeu Donjons et Dragons. Malgré ce que vous pensez peut-être, je ne ressentais absolument aucune honte à aller emprunter ce genre de livres, même si être geek n’a pas trop la cote à l’adolescence. Ce qui me mettait hors de moi, c’est que chaque fois que je passais au comptoir de prêts pour faire enregistrer mon emprunt, la bibliothécaire (qui me connaissait bien et savait que j’empruntais des livres de cette collection de façon régulière) ne manquait pas de m’adresser le commentaire suivant: «Ça m’étonne que tu lises ça, c’est des …