Littérature québécoise
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La petite fille qui rêvait d’être Lady Oscar

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La petite, c’est Hélène, une jeune fille, qui rêve d’être Lady Oscar, une héroïne de dessins animés. Le vieux, c’est Roger, homme qui attend la mort, assis sur son balcon, à boire une bière. Ces deux-là vont développer une amitié sincère et franche, malgré les années qui les séparent. Le roman décrit avec brio le passage de l’enfance à l’adolescence et les difficultés que provoque ce changement.

Ce premier roman de Marie-Renée Lavoie a été très bien reçu autant par le milieu littéraire que par la critique. Cette professeure de littérature au collégial a su, dès les premières lignes de son oeuvre, créer un ton et une voix narrative qui savent raconter une histoire de manière humaine, sans condescendance ni reproche… simplement en racontant. L’histoire se passe dans un quartier défavorisé de Québec, mais l’auteure ne porte jamais de jugement sur ses personnages qu’elle dépeint tous avec fluidité, humanité et sensibilité.

Le personnage d’Hélène est empreinte de tellement de fraicheur, de franchise et d’innocence qu’on ne peut faire autrement que de vouloir suivre ses aventures de quartier. De plus, Marie-Renée Lavoie excelle dans l’art des dialogues ; on croit tellement à la singularité des personnages.

« Et puis, je suis morte (…). Un vendredi soir, à 16h17, au Canal Famille.  (…) Avant même la tombée du générique, je me suis réfugiée dans la salle de bain.  Oscar (…) était morte, très morte et elle m’abandonnait, comme ça, après tant d’années, en pleine bataille.  Assise sur le terrazzo gelé du plancher, je me suis pleurée pendant des heures.  J’avais des douleurs de fusillée dans le ventre. (…) je voulais mourir là, par terre, misérable, seule, au moins jusqu’au souper. Sans Oscar, j’étais une petite maigrichonne de onze ans coincée dans un quartier un peu pourri avec un père très maladroit dans sa recherche du bonheur et une soeur qui allait partir, peut-être pour toujours. »

L’écriture de Marie-Renée Lavoie est familière, sans toutefois être populaire et cela permet au lecteur de vraiment se sentir impliqué dans le quartier d’Hélène et de Roger. L’histoire familiale d’Hélène et de son entourage est bien ancrée dans le réel, car l’imperfection de l’entourage suscite un réconfort et un sentiment d’identification.

J’ai lu La petite et le vieux presque sans pause tellement j’étais passionnée par les aventures d’Hélène et par la beauté du personnage. C’est vraiment la représentation d’une jeune fille rêveuse, altruiste, originale et extrêmement sensible. J’ai adoré l’aspect anticonformiste de la jeune fille et le fait que tous les personnages soient dépeints avec sensibilité et tendresse, malgré leurs imperfections.

Ce roman a su décomplexer beaucoup de thèmes tels que la famille, l’amitié et le passage à l’âge adulte. Les adolescents seront touchés par le passage de jeune fille à adolescente d’Hélène et par la maturité que prend le personnage au fil du temps. Les parents aimeront le côté décomplexé de la famille atypique, maladroite, imparfaite, mais combien riche d’amour et de tendresse.

C’est réellement un livre à découvrir pour voyager l’instant d’un moment dans le monde d’une petite fille pas si petite que ça. L’auteure a également publié Le syndrome de la vis que j’ai lu dans le cadre de l’événement Le 12 août, j’achète un livre québécois. Je vous en reparlerai d’ici quelques temps!

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La petite et le vieux,Marie-Renée Lavoie
Éditions XYZ, 2010
ISBN: 978-2-89261-575-3

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Lectrice invétérée, Martine est bachelière en études littéraires et la cofondatrice du Fil rouge. Créative et inspirée, elle a l’ambition de faire du Fil rouge un lieu de rassemblement qui incite les lectrices à prendre du temps pour elles par le biais de la lecture. Féministe, elle s’intéresse aux paradoxes entourant les mythes de beauté et la place des femmes en littérature. Elle tentera, avec ses projets pour Le fil rouge, de décomplexer et de dédramatiser le fait d’être une jeune adulte dans une société où tout le monde se doit de paraitre et non d’être. Vivre sa vie simplement et entourée de bouquins, c’est un peu son but. L’authenticité et l’imperfection, voilà ce qui lui plait.

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