Si vous vous êtes promenés le moindrement sur le web cette semaine, vous avez entendu parler du documentaire de Léa Clermont-Dion, Beauté fatale, c’est sûr ! Tout le monde en parlait, Facebook, Twitter, blogues, alouette! Je ne ferai pas changement en vous en parlant ici, aussi ! Ha !
Tout d’abord, si vous ne l’avez pas encore vu, il est disponible juste ICI sur le site de Télé-Québec. Brièvement, il s’agit d’un documentaire sur le culte de la beauté, mais surtout sur la quête de Léa Clermont-Dion face à ses propres paradoxes (et à ceux de notre société) face à la beauté et à l’aliénation de celle-ci.
Plusieurs ont été déçus lors du visionnement, (falloir voir Twitter s’enflammer!) de constater qu’on voyait beaucoup Léa et son histoire. En effet, la première partie du documentaire est réellement consacrée à Léa et à une discussion avec sa mère au sujet de son anorexie. Ayant été atteinte d’anorexie dans son plus jeune âge, (11 ans !) Léa en reparle avec sa mère pour la première fois et essaie de comprendre, je pense, la base même de cette maladie et la perspective de sa mère face à sa démarche.
Pour vrai, je m’attendais à avoir une vision plus complexe, plus actuelle et un peu moins cliché. J’ai l’impression qu’on continue de nous parler de chirurgies plastiques, de cosmétiques et de nous dire que seulement 4% des femmes se trouvent belles. J’aurais aimé ça les entendre ces femmes-là. Peut-être que c’est d’elles qu’on devrait s’inspirer.
Même chose du côté des femmes qu’elle a rencontrées; la grosse majorité travaille dans le milieu de la télévision où l’image devient vraiment un accessoire de travail. J’aurai aimé voir des femmes comme moi, comme toi, comme ma mère, comme les madames à l’épicerie, les femmes handicapées, les femmes malades, les femmes issues de minorités visibles, elles ont toutes clairement quelque chose à dire face à une société qui nous dicte des règles de beauté hyper strictes soit d’être mince, blonde et blanche. J’avais peut-être trop d’attente face au documentaire, parce que j’avais aimé La revanche des moches, mais je suis comme restée sur ma faim. Néanmoins, des aspects fort intéressants se retrouvent dans le docu : l’entrevue avec Micheline Lanctôt, Claire Lamarche, avec la thanatologue, sur le rapport au corps après l’accouchement, etc.
MAIS, une chose que je ne comprends pas c’est le shaming qui s’est fait envers Léa Clermont-Dion. On peut être d’accord ou pas avec le documentaire, mais de là à mettre la faute sur Léa ou pire de dire qu’elle ne peut s’exprimer sur des questions de beauté parce qu’elle est belle, ça me fait frissonner. Interdire à une belle fille de parler de féminisme c’est retourner 100 ans en arrière. Pis penser que les belles filles ne peuvent pas se poser des questions ou pire, souffrir aussi, c’est clairement être encore plus victime des apparences que tout. (#Martineauàmarde, j’ai honte d’avoir mon prénom dans ton nom de misogyne-con fini)
Bref, dénoncer un paradoxe, c’est déjà une façon de le comprendre et pour cela, on ne peut faire autrement que de trouver Léa courageuse d’avoir étalé sa vie personnelle ainsi et d’avoir bien voulu poser ses questions pour susciter des discussions et surtout une réflexion, ce qu’elle a réussi.
Pis là, je m’adresse à vous (pis à moi) au lieu d’attendre des documentaires comme celui là, pourquoi ne pas, à sa manière, demander à la société de changer. Arrêtez de consommer des magazines qui ne vous ressemblent pas (Parce qu’offrir des modèles de beauté différents une fois par année, c’est clairement ridicule). C’est en changeant sa propre conception de ce que c’est d’être belle que socialement, cela changera aussi. Ça passe aussi par arrêter de dire aux petites filles qu’elles sont belles avant de leur dire qu’elle sont intelligentes, drôles, courageuses, inspirantes, etc. Arrêtez de se juger entre filles et d’essayer quotidiennement à s’aimer.
Bref, pour celles qui veulent continuer leur réflexion, je vous encourage à lire l’oeuvre de Nelly Arcan (principalement Folle et À ciel ouvert) qui soulève tous ces paradoxes face à l’aliénation de la beauté, ou à lire l’essai Beauté Fatale de Mona Chollet.
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