Depuis quelques semaines, j’ai en tête une nageuse, essoufflée au milieu d’un lac, une dame perdue qui cherche un rivage qui n’est au loin plus qu’un simple souvenir. C’est l’image que donne Patrick Nicol de sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer dans son dernier roman La nageuse au milieu du lac, publié début mars chez Le Quartanier.
On explore le quotidien d’un homme, un professeur de cégep, qui pose un regard lucide, mais d’une extrême poésie sur sa vie de tous les jours. Une vie ponctuée d’allers-retours entre les hôpitaux et la maison de sa mère, une vie ponctuée de questionnements face à la mort, à la dégradation du corps, à une vision de la vieillesse réaliste. Une vie teintée, surtout ces mois-là, par la maladie souvent insaisissable de sa mère. Nicol apporte par contre un point de vue particulier sur l’expérience de son narrateur, on ne le sent pas amer, triste c’est sûr, mais c’est un regard empreint de tendresse et de bonté que l’on ressent chez lui.
À mi-chemin entre le roman et la collection de textes, La nageuse m’a plu dès les premières pages. Je savais que je tenais entre mes mains un ouvrage qui allait me suivre pendant quelque temps. Patrick Nicol fait partie des fins observateurs de notre monde, de ceux qui posent les yeux sur ce qui l’entoure sans émettre de jugement. Et c’est une des forces de la plume de Nicol, observer le monde qui l’entoure et explorer ce qui résonne ensuite en lui. Le seul regret que j’ai face à cette lecture est que le plaisir d’en faire la première est pour moi déjà passé. Par chance, je ne sais pas nager, et j’y reviendrai souvent, j’en suis convaincue.
Extrait :
«Tout est trop compliqué. Pendant une heure, j’ai évité une fille dans les corridors. Puis je suis passé devant sa porte entrouverte et n’ai pas fermé la mienne. Je regarde maintenant le carré noir où était sa voiture. Il a neigé et elle est partie […] Ce qui vient de nous n’est fait qu’à moitié; ce qui vient du dehors existe tout à fait. C’est par camions entiers que le facteur me livre des circulaires à recycler; c’est par millions qu’ils vont désinvestir-réinvestir dans les routes, la santé, et ce n’est pas avec le dos de la cuiller qu’on va mourir de ce qu’on a mangé, bu, respiré… Mais c’est toujours à moitié, un peu brouillon, un peu tout croche que j’essaie d’aimer. Haïr ou aimer.»
La nageuse au milieu du lac, Patrick Nicol. Le Quartanier, Mars 2015. 155 pages.
Il traîne, en haut de ma PAL. C’est pour bientôt. Ton billet m’en donne d’autant plus envie.
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Je vous le conseille fortement 🙂 Vous avez un très beau blogue soit dit en passant! J’ai vu votre PAL et j’ai remarqué mon très cher Karl Ove Knausgaard, j’espère qu’il sera une révélation pour vous tout comme il l’a été pour moi! Bonne journée!
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Je me réserve les deux premiers tomes de Karl Ove Knausgaard pour cet été, à Barcelone! Votre blogue est magnifique et hyper inspirant. Je suis une fidèle!
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Merci de votre fidélité!
Je vous souhaite un beau voyage à Barcelone, et surtout une belle découverte de Knausgaard, mon plus grand coup de coeur littéraire depuis des années!
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