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L’histoire du vieil homme sur un banc

Il y a quelques mois, ma mère m’a offert un livre en me faisant promettre de le lire au plus vite. Fidèle à moi-même, j’ai ignoré son précieux conseil et j’ai fait à ma tête. Je vous confirme aujourd’hui que c’était une erreur de ne pas l’avoir écoutée. La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel est une petite merveille de la littérature, une œuvre qui nous semble bien ordinaire à première vue et qui s’avère être une révélation. Monsieur Linh a vécu la guerre. Il a survécu, avec sa petite fille, à ce qu’il y a de plus cruel et de plus laid en ce monde. Ils ont réussi à fuir et à se réfugier dans un pays inconnu, aux antipodes de tout ce qu’ils connaissaient. Monsieur Linh essaie alors tant bien que mal de prendre soin de la seule famille qui lui reste en s’isolant de tout ce qui l’entoure. Cette carapace sera brisée lorsque, durant sa promenade, un homme jovial au visage triste décide d’entamer la conversation. Naît alors une douce …

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Agathe et son écriture de dentelle

Il est rare que je m’attarde à lire la quatrième de couverture d’un roman. D’habitude, je lis des romans qui me sont conseillés par des ami.e.s, des blogues (pour ne pas dire Le fil rouge), des podcasts ou encore, plus traditionnellement, j’aime découvrir et redécouvrir ceux qui ont fait leur place dans les classiques de la littérature. Pour Agathe, cependant, ce fut une autre histoire… Charmée par le résumé d’Agathe Le résumé de ce roman nouvellement paru dans la collection « Fictions du Nord » de La Peuplade m’a effectivement charmée. On y parle d’une rencontre entre deux êtres « vides » qui se « remplissent à nouveau », d’un psychanalyste au bord de la retraite et de sa nouvelle patiente « fragile comme du verre » et « à l’odeur de pomme ». Déjà, la délicatesse de la prose et la simplicité du propos m’invitaient à plonger dans ce petit ouvrage. Bercée par le nom d’Agathe Zimmerman et les couleurs tendres de la page couverture, je me suis laissée porter dans le premier chapitre « Mathêma ». Un roman lourd-léger Le livre est ainsi divisé …

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À la rencontre du territoire, à la rencontre de l’autre

Dans mon imaginaire, je ne sais trop pourquoi, la toundra s’associe à l’hiver, à la neige qui tombe et s’accumule parfois avec langueur, parfois avec violence. C’est un espace vaste, dénudé, riche pour celui qui sait regarder. Elle m’inspire le respect et la majesté. L’idée d’y prendre un thé avec Joséphine Bacon, poétesse et réalisatrice innue, m’interpellait beaucoup. Un thé dans la toundra, Nipishapui nete mushuat a donc été ma porte d’entrée dans une œuvre puissante et bouleversante. Le recueil Un thé dans la toundra a été écrit à la fois en français et en innu-aimun (le montagnais), comme tous ces autres recueils. Il s’ouvre avec un court prologue racontant la première visite de l’autrice dans cette fameuse toundra québécoise. Ces quelques pages nous préparent à plonger dans l’immensité du territoire, dans la grandeur du recueil qui se veut l’éloge de la toundra, de l’horizon infini, du territoire des ancêtres, du retour aux origines. On y parle de la terre, du ciel, de la chasse, de l’exil et du cycle de la vie. Les poèmes …

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L’heure mauve, quand la réalité rattrape la fiction

J’étudie en gérontologie sociale et je travaille dans une résidence pour personnes âgées en tant que responsable des loisirs. Lorsque Michèle Ouimet a sorti son deuxième roman L’heure mauve, publié chez Boréal en 2017, plusieurs personnes de mon entourage m’ont encouragée à le lire. Ce roman d’environ 365 pages se passe dans une riche résidence pour aînés d’Outremont, où Jacqueline Laflamme, ancienne journaliste atteinte d’un cancer de la langue, mène un combat effrené contre la direction qui souhaite séparer les « atteints » des « bien-portants ». Jacqueline monte aux barricades en clamant la ségrégation inhumaine et dégradante, malgré que plusieurs résidents encore en santé aimeraient être séparés des malades. La réalité versus la fiction Lorsque j’ai entrepris la lecture de ce roman, mon premier réflexe fut de tout comparer avec mon milieu. Comme un médecin qui regarde Grey’s Anatomy, j’ai dû effectuer un grand travail de lâcher-prise avant de pouvoir apprécier ce roman à sa juste valeur et me rappeler qu’il ne s’agit que d’un divertissement, une fiction. Le combat principal de Jacqueline était …

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À l’époque du choléra, Florentino était malade d’amour

J’ai découvert cet auteur alors que je cherchais désespérément un personnage notable ayant beaucoup apporté à la culture hispanophone, afin de faire une présentation orale pour mon cours d’espagnol. Le nom de Gabriel García Márquez revenait très souvent, mais je ne me souvenais pas avoir déjà entendu parler de lui. J’ai eu assez honte  de moi lorsque j’ai découvert qu’il était le récipiendaire d’un prix Nobel de littérature et que son livre Cent ans de solitude avait été placé parmi les cent meilleurs livres de tous les temps alors que son auteur était encore vivant. Impressionnant, vous dites? Un roman poétique J’ai préféré le roman L’amour aux temps du choléra à celui qui a fait la renommée de l’auteur à cause de la quatrième de couverture. Étant donné que je venais tout juste de terminer ma session au cégep, je voulais un livre qui se lirait facilement, un livre pour relaxer un peu. Bien que j’aie apprécié ma lecture, je ne peux pas dire que ce fut une lecture reposante. Ce n’est pas tellement l’histoire qui est …

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Ce qui nous tue dans Le bleu de la nuit

Petite femme, mais on le lui a déjà trop dit, Joan Didion possède une prose incontournable pour tous les fervents de littérature. Pour ma part, Le bleu de la nuit fut mon initiation à l’auteure. J’ai aimé d’amour son premier chapitre, un genre d’introduction au roman. Il s’agit de définir ce qu’est « le bleu de la nuit ». Un moment particulier : l’approche de la nuit, qui n’est pas tout à fait la fin de la clarté… il s’agit plutôt de son annonce. La Femme Cassée Je dirais que, curieusement et bien que ce soit loin d’être un roman de suspense, j’étais maintenue en haleine tout au long de ma lecture. Le bleu de la nuit et son histoire m’intriguaient inexplicablement. En terminant la dernière page, j’ai réalisé qu’en fait, j’attendais des réponses. Joan Didion pose tellement de questions dans son livre, qu’on a l’espoir qu’elle y réponde jusqu’à la toute fin du roman. Cependant, elle n’en fait rien. Mais en fait, qui peut répondre à ces questions? Qu’est-ce que la perte? Comment y …

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Trouver sa liberté au fond des bois

Il y a de ces romans qui nous remuent, sur le coup, en les lisant. Et il y en a d’autres dont on sent qu’on restera marqué, à jamais. Il pleuvait des oiseaux, par Jocelyne Saucier, fait partie de ceux-là. Reçu en cadeau (merci, Arianne!), il est resté beaucoup trop longtemps dans ma pile à lire. Un roman qui bouleverse. Vraiment. Mais positivement. Pas nouveau, ce quatrième roman de l’auteure, sorti en 2011 sous XYZ Éditeur, a gagné plusieurs prix, dont celui du Grand Public 2012 du Salon du livre de Montréal. L’histoire Elle nous plonge au nord du 49e parallèle, dans un coin de forêt très perdu. On y fait la rencontre de 2 vieillards, Charlie et Tom de leur nom d’emprunt, qui y vivent reclus, en ermitage, chacun dans leur minuscule cabane vétuste, ayant choisi la seule la vraie liberté qui leur permet de se sentir encore vivants, pour le peu d’années qui leur restent. Leur acolyte décédé Boychuck, figure énigmatique tout au long du roman, prendra une grande part à cette histoire également. …

Les bouquins de ma vie

J’ai grandi entourée de livres. J’en avais toujours un dans les mains, je les enchaînais un après l’autre. La lecture me permettait de m’évader, d’apprendre, de découvrir. C’est encore le cas aujourd’hui, d’ailleurs. Avec les années, certains m’ont marquée plus que d’autres. Et ces livres-là, je les ai gardés. Maintenant, j’ai une bibliothèque bien garnie qui témoigne bien de ma vie de lectrice assidue depuis 1996. Chaque tranche d’âge a son bouquin préféré. 0-3 ans: Je t’aimerai toujours, Robert Munsch « Je t’aimerai toujours, la nuit comme le jour, et tant que je vivrai, tu seras mon bébé. » Ma mère me racontait l’histoire très touchante de Robert Munsch le soir avant que je m’endorme, mais j’ai véritablement compris son sens en vieillissant. Elle raconte les étapes par lesquelles un jeune garçon a dû passer pour devenir un adulte. Sa mère s’est occupé de lui tout au long de son enfance mais, plus le temps avance, plus les rôles s’inversent: c’est l’homme qui finit par prendre soin de sa maman, puisqu’elle aussi a vieilli. 3-6 ans: Simon, Gilles …

Grandir avec les vieilles

Déjà en écrivant ces premiers mots, je me sens obligée de me justifier de l’utilisation des mots les vieilles dans mon titre. C’est comme si on avait une certaine pudeur à appeler les personnes âgées ainsi, que ce soit pour des questions de respect, de politesse et autres. Mais ce n’est pas le but de mon article, car le titre fait référence aux deux livres qui seront présentés dans cet article, soit Grandir de Sophie Fontanel et Les vieilles de Pascale Gautier. Loin de moi l’idée d’insulter ou de manquer de respect à ces personnes âgées, au contraire en choisissant ces deux livres, je me suis entièrement ouverte et laissée charmer par ces vieilles. J’ai ouvert mon coeur à un univers trop souvent non représenté en littérature (et comme partout ailleurs, on se souviendra qu’au cinéma, les femmes deviennent vieilles à 30 ans, contrairement aux hommes..) J’utiliserai donc le terme vieille, comme le font les auteures de ces deux romans, pour vous faire découvrir des femmes -avant d’être des vieilles-, leur quotidien, leur passé, leur futur, ainsi …

Coup de coeur : «La nageuse au milieu du lac» de Patrick Nicol

Depuis quelques semaines, j’ai en tête une nageuse, essoufflée au milieu d’un lac, une dame perdue qui cherche un rivage qui n’est au loin plus qu’un simple souvenir. C’est l’image que donne Patrick Nicol de sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer dans son dernier roman La nageuse au milieu du lac, publié début mars chez Le Quartanier. On explore le quotidien d’un homme, un professeur de cégep, qui pose un regard lucide, mais d’une extrême poésie sur sa vie de tous les jours. Une vie ponctuée d’allers-retours entre les hôpitaux et la maison de sa mère, une vie ponctuée de questionnements face à la mort, à la dégradation du corps, à une vision de la vieillesse réaliste. Une vie teintée, surtout ces mois-là, par la maladie souvent insaisissable de sa mère. Nicol apporte par contre un point de vue particulier sur l’expérience de son narrateur, on ne le sent pas amer, triste c’est sûr, mais c’est un regard empreint de tendresse et de bonté que l’on ressent chez lui. À mi-chemin entre le roman …