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Le drap blanc de Céline Huyghebaert : Retracer les souvenirs

Retrouver le père absent Après le décès de son père, Céline constate qu’elle ne l’a pas vraiment connu, qu’il lui est quasi étranger. Il s’agit en quelque sorte d’un reproche qu’elle lui fait, mais surtout qu’elle se fait à elle-même. Ce projet de recherches se veut personnel, mais aussi documentaire et journalistique, car l’autrice y présente, entre autres, l’analyse de la signature de son père par une graphologue, parsème les pages du livre de photos d’archives et tente de récolter toutes les bribes d’informations à son sujet à l’aide d’entrevues enregistrées auprès de sa famille et de ses ami-e-s. La mémoire comme seule matière Elle interroge des proches avec des questions précises qu’elle reposera quelques années plus tard afin d’y déceler des éléments nouveaux, singuliers, qui lui permettront de définir Mario, son père. Céline désire confronter les paroles dites par les interviewés parce que la mémoire est une source instable et que les mots choisis ou modifiés par chaque individu peuvent être porteurs de sens inédits. Le temps fait la différence, bien que remuer les …

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Françoise en dernier : l’adolescence en toute liberté

Trois ans après la parution de L’année la plus longue, Daniel Grenier nous conduit à nouveau sur les routes sans fin de l’Amérique avec son ultime roman Françoise en dernier. Cette nouvelle épopée au coeur du territoire américain met en scène Françoise, une adolescente de 17 ans en quête de liberté. Françoise vit une adolescence québécoise plutôt typique de la fin des années 1990 jusqu’au jour où elle trouve dans un salon de coiffure une édition de 1963 du magazine Life qui lui apprend l’histoire d’Helen Klaben. En février 1963, Helen Klaben a 21 ans et survit à un périple de 49 jours dans les forêts du Yukon suite à un écrasement d’avion piloté par Ralph Flores. En prenant connaissance de cet événement, Françoise devient fascinée par Helen Klaben et décide de partir à sa rencontre. Partir à l’aventure  Si vous êtes comme moi, l’envie de partir sur un nowhere vous est probablement déjà passée par la tête dans votre vie, sans toutefois que vous osiez concrétiser cette pensée. Françoise, elle, réalise ce fantasme. On vit donc un …

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Une autrice et son oeuvre : Vickie Gendreau

Vickie Gendreau est une romancière québécoise née en 1989, et décédée à 24 ans d’une tumeur au cerveau. Connue dans le milieu de la poésie au Québec, elle a publié deux romans à saveur autofictionnelle : le premier est paru juste avant son décès, et le deuxième de manière posthume. C’est que la maladie a frappé rapidement, et à l’improviste : Vickie Gendreau, 23 ans, débordante d’énergie, vivait sans retenue quand le diagnostic est tombé. C’est alors que l’urgence d’écrire s’est imposée, car elle considérait que c’était la seule manière de rassembler les méandres de sa vie pour leur donner un sens. Onze mois plus tard, elle s’éteignait. L’écriture aura été pour elle une bouée qui lui permettait de s’accrocher, de respirer. Et surtout, elle était pour elle la seule trace de son passage sur terre. Testament (2013) Testament, sa première publication, s’impose donc comme un legs. L’écriture, inspirée notamment de celle de Virginia Woolf, se fragmente entre la voix moqueuse de l’autrice et celles de ses amis qui réagissent à sa mort. Vickie Gendreau a voulu …

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De vraies grandes résistances : Le jeu de la musique

Je suis toujours étrangement heureuse d’entrer dans les meilleurs livres dix mois après tout le monde: ça me donne l’impression de les faire durer plus longtemps. J’ai travaillé un bon bout de temps dans le milieu communautaire. On y trouve de ces personnes coriaces, d’anciennes militantes recyclées en directrices générales, encore brusques dans leurs façons, un peu épuisées, pas capables de lâcher le morceau, pas en guerre avec leur conseil d’administration mais pas loin (ça vient par vagues), magnifiques dans leur détermination et épineuses dans leurs retranchements. Je les ai toujours enviées de savoir ou d’avoir su très tôt où se pitcher. D’avoir su par où commencer et comment continuer. À côté de leur trajectoire, mon propre parcours erratique et franchement pas rapport me semble, même aujourd’hui où je suis contente de faire ce que je fais, d’une inconstance mal avisée.  Tâtonner et hésiter ; être nostalgique du temps où on pensait être en train d’accomplir quelque chose ; la fébrilité anxieuse et mélancolique de qui veut brasser le monde mais qui ne sait plus …

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Rencontre avec Rachel Monnier, illustratrice

Curieuse d’en connaître un peu plus sur l’univers créatif de Rachel Monnier, je lui ai posé une série de questions, à laquelle elle a répondu. Découvrez la richesse du monde qui habite l’artiste qui nous a offert les illustrations des romans Le plongeur de Stéphane Larue, Taqawan d’Éric Plamondon et, plus récemment, La bête creuse de Christophe Bernard, tous parus chez Le Quartanier. Quels sont les sujets ou les thèmes qui vous interpellent le plus? Les thèmes qui font réfléchir, ou rire. Ceux qui touchent l’inconscient, que ce soit de l’enfant ou de l’adulte. J’aime beaucoup donner un caractère plurivoque à mes illustrations. Jouer avec des symboliques sous-jacentes et des détails qui ne sont pas perceptibles par tous, dans l’immédiat. Comment le paysage influence-t-il votre travail? Le paysage que je perçois de mes yeux influence beaucoup mon travail. Mais c’est l’âme du paysage qui l’influence davantage. Que ce soit dans une pièce sombre dans un environnement urbain, au cœur d’une forêt, ou encore dans le métro, entourée de gens qui s’affairent à s’affairer… Chaque situation, ambiance ou …

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Hommage à ce livre que je n’ai pas compris

Dernièrement au club de lecture, nous avons lu La dévoration des fées de Catherine Lalonde. Depuis, les vers de l’auteure ne m’ont pas quittée. Même si je n’ai pas encore pris le temps de le relire, j’y ai beaucoup réfléchi pour essayer de comprendre ce que j’ai lu. Les difficultés que j’ai rencontrées face à ce livre m’ont forcée à remettre mes habitudes en question et à trouver de nouvelles façons d’aborder mes lectures. Ralentir la lecture Le fait est que, très rapidement, je me suis rendu compte que je ne comprenais pas grand-chose dans ce livre – pas même son titre à vrai dire. Mais puisque l’objectif était de pouvoir en discuter avec les filles, il fallait bien que j’arrive à en sortir quelque chose! Alors, grande première pour moi, j’ai décidé de m’asseoir tranquillement à ma table, armée de patience et d’un stylo, et de prendre des notes directement dans le livre. Je n’ai pas du tout l’habitude d’analyser un texte autant dans le détail, alors cela a été long… parfois je ne …

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Club de lecture : La dévoration des fées

samedi, 19 novembre.  Samedi matin, il fait froid, c’est le week-end du Salon du livre. L’ambiance est certainement propice à une  discussion sur les livres. C’est armées de nos foulards au cou – notre table, près de la porte, s’ouvre un peu trop souvent pour se découvrir complètement- qu’on s’attaque à notre livre du mois : La dévoration des fées, de Catherine Lalonde. Avant même de se lancer dans la conversation sur cet ovni littéraire, on prend conscience du message d’un participant qui ne pourra être présent à la séance. Il a pris le temps de nous écrire un petit message avec sa propre appréciation du livre, qui résume assez bien ce que plusieurs ont pensé du livre; un mélange entre incompréhension, amour pour la langue et dégoût par moments. Entre analyse et premier degré Il n’en reste pas moins que les opinions sont plutôt polarisées. Alors que certaines ont eu plus de difficulté avec la prose de Lalonde, d’autres l’ont grandement appréciée. Il faut dire que la plume de l’auteure n’est pas des plus accessibles, sans …

Le jeu de la musique : Entrevue avec Stéfanie Clermont

En septembre, notre choix s’est arrêté sur un livre bien attendu de la rentrée littéraire : Le jeu de la musique. Premier roman de l’auteure Stéfanie Clermont, il fût rapidement encensé par la critique et par les lecteur.e.s, avec raison. C’est une magnifique fresque moderne, un juste portrait de notre génération, que nous offre l’auteure. Ce fût, pour nous deux, un coup de cœur que nous avions grandement envie de partager, malgré la rapide popularité de celui-ci – c’est toujours un risque à prendre lorsqu’on choisi des nouveautés pour les coffrets. Voici l’entrevue que nous avons réalisée avec Stéfanie Clermont. Composé d’une trentaine de nouvelles, Le jeu de la musique est qualifié de roman par nouvelles. Comment expliquez-vous cette appellation? Il s’agit plutôt d’un livre de nouvelles interreliées, ou de ce qu’on appelle en anglais un short story cycle. J’ai écrit le livre comme ça d’abord parce que le genre littéraire de la nouvelle me parle beaucoup et que je compte plusieurs auteurs de nouvelles parmi mes auteurs préférés : Lorrie Moore, Alice Munro, Raymond Carver. …

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Que reste-t-il du Plateau-Mont-Royal dans la littérature actuelle?

L’histoire littéraire du Plateau-Mont-Royal est assez simple à aborder. Il faut inévitablement commencer par visiter les univers de Michel Tremblay, de Mordecai Richler ou de Dany Laferrière, qui ont habité et écrit le quartier. Ces Grands ont marqué les lieux et la littérature en campant leurs œuvres principales sur le « Plateau ouvrier » des années 40-60, sur le « Plateau juif » de la même époque ou encore sur le « Plateau de l’immigrant » des années 70. On peut aussi continuer la visite en faisant un détour par l’œuvre de Nelligan et de Miron, d’illustres résidents de l’arrondissement. À quoi ressemble le Plateau-Mont-Royal contemporain, dans la littérature? À l’ombre de ceux cités précédemment, quels auteurs le mettent en scène? Quels écrivains le vivent, s’en inspirent et l’animent, aujourd’hui? Voici un petit résumé de mes découvertes sur cet arrondissement de Montréal, très riche au point de vue littéraire, culturel et historique. Commençons cet humble article de « géolittérature » en délimitant le territoire exploré. J’ai choisi de me pencher sur l’ensemble de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, ce quadrilatère appuyé sur le flanc est de la …

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Bec-de-lièvre d’Annie Lafleur, ou comment dévorer le poème

Les taons sifflent, le lièvre se fait dévorer par le chien, l’hirondelle écoute, l’âne obéit, la bête s’évanouit, le cheval s’observe et le pigeon cache le soleil. Bienvenue dans l’univers d’Annie Lafleur, un univers poétique peuplé d’animaux et dépeuplé d’humains, dans lequel les mots s’entrechoquent à une vitesse folle. Dans Bec-de-lièvre, tout un bestiaire se meut avec le sujet poétique, c’est le spectacle de « la marche des animaux en lisière du monde » (p. 31). « J’essore l’oiseau du ciel les digues éclatent en vieux sang je remonte dans l’arbre à l’écart des hommes souffle sur la vermine qui ronge ma veine je vole au soleil sa boue jaune » (p. 51). Quatrième recueil de la poète montréalaise, il a été finaliste au Prix des Libraires 2017, dans la catégorie Poésie. Divisé en trois parties composées de courts poèmes sans titre, préfacés par un plus long poème « On a quitté la région », le recueil de Lafleur, Bec-de-lièvre (Le Quartanier, 2016) suit la voracité du sujet poétique alors que cette dernière se promène en forêt, dévorant et rapiéçant tout …