Tous les deux à chacune des extrémités du lit. L’un face au mur, l’autre face au néant. La guerre des sexes avant le sommeil est chose commune chez l’espèce humaine. Comme si nous pensions que le rêve allait nous faire oublier ce moment désagréable que l’on appelle le réel.
La femme, elle, ne s’endort pas.
Les deux camps savent que c’est un peu leur faute. Les excuses restent coincées dans les bâillements timides qui se forment au fond des gorges sèches.
La colère goûte le désert.
Puis, il y a l’orgueil. Grande passagère de nos voyages nocturnes avec turbulence. L’apogée du silence arrive à son aboutissement. Un corps nu recroquevillé sur lui-même n’est pas beau dans sa solitude. Accompagné de cette fierté vagabonde, il est exécrable.
La femme, elle, réfléchit.
Son partenaire ne bronche pas. Elle, plus vulnérable, mais plus boudeuse, se retourne. Elle est maintenant devant l’immensité d’un dos qui s’impose comme l’obstacle.
La femme, elle, se souvient.
Elle se souvient ces dix jours où l’homme fut parti. Elle revit cette absence comme un manque profond. Elle ressent à nouveau la sensation de vide alors que, devant elle, se dresse le plus solide des bâtiments auquel s’accrocher pour faire le plein.
Le femme, elle, pardonne.
Tous les deux sur le bord du nid. L’homme et la femme ne font qu’un. Elle a blotti son menton dans la plus grande courbe de son dos. Elle a synchronisé sa propre respiration à celle de l’être aimé. Puis, elle a posé délicatement le bout de ses lèvres sur la peau fébrile de l’être pardonné.
Dorénavant, lors de la crise d’avant sommeil, la femme se souviendra.

