Essais
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Harry Potter à l’école de la philosophie

Après presque deux mois d’absence du blogue (ah! les obligations de la vie!), je reviens en force pour vous parler d’un de mes sujets préférés de tous les temps : l’univers d’Harry Potter.

J’entends déjà les moldus se plaindre : « Pas encore! Heille, fille, vas-tu en revenir, de Harry Potter? ». Eh bien, non. Je serai une représentante de Poufsouffle jusqu’à la fin de mon existence!

Toutefois, je ne suis pas ici aujourd’hui pour vous parler de la meilleure maison de Poudlard, mais bien pour vous faire découvrir un texte formidable : Harry Potter à l’école de la philosophie de Marianne Chaillan, publié aux éditions Ellipses. Après la lecture de son ouvrage, vous pourrez convaincre les puristes littéraires que les ouvrages de fantasy (de fantastique, de science-fiction ou de tout autre genre considéré par certains comme « moins littéraires ») ne sont pas débiles, et même qu’il y a une certaine profondeur à la série de J.K. Rowling, aussi profonde que l’analogie de la caverne de Platon! (Dans vos dents, les puristes!)

Une petite partie de ma collection d'objets reliés à Harry Potter. J'aime chacun de ces livres d'amour.

Une petite partie de ma collection d’objets reliés à l’univers d’Harry Potter. J’aime chacun de ces livres d’amour.

L’hypothèse que pose Marianne Chaillan, chargée de cours en philosophie à l’université d’Aix-Marseille, est que la saga Harry Potter constitue un objet philosophique. Elle la vérifie en posant deux questions : quels éléments de philosophie externe (les philosophies existantes, les écoles platonicienne, stoïcienne, sartrienne, etc.) sont présents dans la saga, et quelle est la philosophie en œuvre dans la saga? Plus simplement, elle divise son ouvrage en deux parties : la philosophie dans Harry Potter et la philosophie de Harry Potter.

Dans la première partie, elle prend le temps d’observer comment certains préceptes philosophiques se déploient dans la série. Elle analyse les différentes philosophies incarnées par le personnage de Dumbledore (c’est facile : elles y sont presque toutes!), mais également par Voldemort, Sirius Black et même la détestable Ombrage! La seconde partie, qui décrit la philosophie propre de la saga, se concentre surtout sur le personnage principal de la série. Chaillan montre l’évolution d’Harry, ses difficultés, les façons dont il a su combattre lesdites difficultés tout en déployant la philosophie sous-jacente de l’œuvre.

Pour tous les fans de la série, Harry Potter à l’école de la philosophie permet de revisiter les livres pour la 42e fois avec une perspective nouvelle : celle de la philosophie. Et en plus, on peut ajouter un onzième titre aux dix déjà parus : les sept de la série originale, mais également Les Animaux fantastiques de Newt Scamender, Le Quidditch à travers les âges de Kennilworthy Whisp , sans oublier Les Contes de Beedle le Barde, bien entendu.

La force principale de cet ouvrage, c’est l’excellente capacité de vulgarisation de l’auteure. Elle sait, en quelques paragraphes, nous rappeler (ou bien nous apprendre) les grandes lignes d’une école de philosophie, pour ensuite illustrer la manière dont ces préceptes se retrouvent dans les livres et les films qui constituent la série.

Un seul bémol : je déteste lorsque les auteurs d’essais se mettent à dire des choses comme « l’auteur voulait montrer que… » ou bien n’importe quelle expression pour parler des intentions de l’auteur. Pour l’analyste, l’auteur ne devrait pas, à mon humble avis, se manifester comme une entité supérieure qui saisit toutes les nuances de son œuvre. Même si elle est ma reine, je ne crois pas que J.K. Rowling avait pensé à toutes les références que Chaillan relève dans son œuvre. Du moins, je ne crois pas qu’elle ait réfléchi de la manière suivante : « ah, tiens, il existe un lien entre ma représentation de l’âme chez les fantômes de Poudlard et la vision platonicienne du dualisme entre le corps et l’âme ». Ce lien existe, l’auteure de l’essai le relève tout à fait pertinemment, mais ce sont les expressions comme « J.K. Rowling place Dumbledore du côté de Platon/Épictète/n’importe-quel-autre-philosophe-antique-ou-contemporain » qui me dérangent. Ce doit être mon côté puriste. (Dans tes dents, côté-puriste-de-Catherine!)

Malgré ces petits accrochages, l’ouvrage est un incontournable pour les fans d’Harry Potter, mais ce qui le rend encore plus merveilleux à mes yeux, c’est qu’il me permet de vous faire découvrir (ou vous rappeler l’existence de) mes deux webcomics préférés, Hark! A Vagrant et Existential Comics!

Hark! A Vagrant

Kate Beaton, c’est ma préf. Elle vulgarise des situations littéraires, historiques et fictionnelles d’un point de vue contemporain. C’est magique. Vous cherchez des moines qui écrivent des fanfictions de l’Évangile selon Saint-Marc? Vous en aurez. Des blagues sur la sœur Brontë la moins populaire? Go. Des parodies de personnages historiques? À la pelle. Elle publiera bientôt un livre pour enfants, intitulé La Pricesse et le poney, et j’ai très très TRÈS hâte. Et en plus, il est maintenant possible de se procurer ses webcomics en français! Je l’aime d’amour.

Existential Comics

L’auteur de ce webcomic est aussi merveilleux que Kate Beaton. Il place les philosophes dans toutes sortes de situations : des parties de Monopoly ou de Donjon Dragon, un match de soccer entre la Grèce et l’Allemagne (en référence à un excellent sketch de Monty Python), ou des débats entre différents philosophes. Je suis les mises à jour (les lundis!) aussi passionnément que les épisodes de Game of Thrones et de Doctor Who. C’est bon à ce point-là!

Dans le fond, j’ai écrit ce petit article pour remercier les vulgarisateurs de ce monde, qui nous expliquent patiemment et souvent avec humour les multiples façons d’envisager le monde. S’il existe de nombreux scientifiques qui font bien ce travail, j’ai parfois l’impression que la littérature, l’histoire, la philosophie et les autres humanités passent parfois sous le radar. Elles sont pourtant primordiales. Bref, merci à tous ceux et celles qui prennent les sciences humaines à cœur. Je vous aime, les gens. Autant que j’aime J.K. Rowling. (C’est beaucoup, ça.)

Crédit photo : Francis B. Perron

Un commentaire

  1. Oh my god. How had this book slipped my attention? I need it right the fuck now! What had I been doing in my life before it? I must buy it! That was a very insightful review, thanks so much for sharing ❤

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    • Catherine Bond says

      Thanks a lot, dearest! ❤ It really is an awesome book! I wish you'll like it as much as I did! 😀

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