Il y a deux ans, presque jour pour jour, je me suis promise à l’homme que j’attendais depuis toujours. Notre amour a pris forme dans l’ombre d’un arbre. Il en a fait son modèle et depuis, il ne cesse de croître. Dans ce moment d’épanouissement, je nous ai imaginés flottants dans un tableau de Monet et j’ai donné naissance à ce texte:
Les muets de Monet
Nous avions arrêté le temps un dimanche après-midi. L’union de nos deux êtres permettait un souffle plus long. Nos vies avaient soudainement droit à un temps mort.
Même les nuages étaient partis en vacances.
Nous découvrions notre univers au même rythme, sur la même note, un toucher à la fois. La synchronisation de cet instant n’avait pas été établie de prime abord.
La mélodie de la béatitude était son guide.
Seule la timidité gardait nos doigts loin de ceux de l’autre. À plusieurs reprises, ils se sont frôlés, nos corps furent alors parcourus de frissons. Deux gamins qui partagent la même envie sous une pluie de fébrilité.
Puis, tu m’as fixée. J’ai rougi.
Il en avait été ainsi. Nous étions couchés côte à côte sous la lumière d’un soleil brûlant. Nous avions parlé des fourmis sous l’arbre au milieu du parc. Mes petites mains fines faisaient l’amour à l’herbe verte.
Nous étions les personnages d’une toile de Monet.
Peu de mouvement, peu de bruit, c’est dans notre immobilité que nous vivons réellement. Les silences qui nous séparaient ne faisaient que rapprocher nos respirations. Nous étions ensemble dans l’air. La capacité de vagabonder jusqu’à l’autre sans un geste ni une parole, seulement l’envie de le faire, nous émoustillait.
Tu es mon lieu d’ancrage, l’endroit où je dépose mes bagages.
Ton long corps étendu était invitant. Il m’appelait, un peu comme le phare alerte le navire dans une nuit brumeuse. Elle tirait à sa fin, celle-là. Dans ma robe tachée d’ancres, je ne voyais que tes yeux dans l’immensité de leur bleu qui chassait mon noir d’antan. Le peintre avait utilisé ses plus belles couleurs pour nous créer. La lumière que nous projetions devait marquer le monde à jamais. Nous étions ici pour y rester.
Personnages réels d’un univers inventé.
Je ne voulais pas que tu me laisses partir. Je voulais me faire un nid dans ton esprit. Nous avons commencé par nous loger dans les mains de l’autre. Les petites voyageuses t’ont parcouru avec curiosité et plaisir.
Sous tes doigts, je suis fragile, une plume sur le vent.
Je ne voulais pas te laisser t’envoler. L’heure d’or nous rappelait que tout n’est pas éternel, même ces moments où vous avez arrêté le pendule. Le voyage terminé, j’ai voulu tout fixer, question de ne pas oublier.
Nous sommes des personnages d’une toile de Monet jusqu’au prochain après-midi d’été où à nouveau nous pourrons reprendre vie.
Quel magnifique poème ❤
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Merci infiniment! L’homme qui me l’a inspiré l’est tout autant. J’avais perdu foi en l’amour jusqu’à cet après-midi éternel.
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