Art et créativité
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Journal d’une femme artiste à Percé – Partie II

Un mois se sera bientôt écoulé depuis que j’ai mis les pieds à Percé pour y habiter (pour l’été). Comme tout est éphémère, j’essaie d’en profiter un maximum au grand dam de mon estomac. Il faut dire que la bière d’ici est délicieuse et que je dis rarement non à une Pit Caribou blanche. Je vis à Percé, mais pour être totalement franche, je dors à Percé et je passe mes journées à L’Anse-à-Beaufils, à l’endroit le plus fabuleux du coin, La Vieille-Usine. Je travaille à la galerie d’art qui occupe presque l’entièreté de l’espace au deuxième étage. J’y offre des ateliers de création et de théâtre pour enfants et je réponds aux clients.

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Je baigne dans un univers artistique et culturel. Mais avant d’y pénétrer, cet univers n’était pas palpable pour moi. Et ce même si je m’intéresse à la carrière d’un grand nombre d’artistes du coin depuis des années déjà et que je suis inspirée par eux dans mon propre travail. Je me souviens, il y a quelque temps, d’avoir émis le commentaire suivant, après avoir visité pour la première fois Baie-Saint-Paul, lieu reconnu pour l’omniprésence de l’art et d’une multitude d’artistes et d’évènements culturels : «Percé a déjà été un endroit semblable. Mais il y a de cela très, très longtemps.»

Suzanne Guité a laissé derrière elle une voix qui résonne encore lorsque les vagues s’agrippent à la pierre fossile du rocher. Il faut tendre l’oreille pour l’entendre.

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Suzanne Guité, c’est plus que le nom d’une place publique. Qu’un espace (L’espace culturel Suzanne Guité) où se déroulent des spectacles, à l’extérieur, qui se rapprochent plus de l’art de la rue que de la performance (même si je trouve ça très chouette!). Qu’un panneau expliquant le choix du nom de cet espace.

C’est le nom d’une femme artiste, une peintre, une sculptrice et une muraliste de grand talent, qui est allé au bout de ses idées grâce à sa grande force de caractère.

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«Née à New Richmond en 1927, elle étudiera auprès de Moholy-Nagy à l’Institute of De-sign de Chicago en 1945, puis avec Archipenko et Brancusi à Paris. Son travail sera applaudi en Europe et aux États-Unis. En 1956, elle fondera avec son mari florentin, Alberto Tommi, le Centre d’art de Percé, véritable carrefour des arts et de la culture québécoise pendant 30 ans.»

Pendant plusieurs années, le bâtiment, qui a si longtemps hébergé le Centre d’art de Percé, a joué le rôle de bar et de restaurant. Cette année encore, tout comme l’an passé, l’endroit semble fermé. Je n’entends plus sa musique et je ne sens plus la vie, qui jadis, en jaillissait encore. Je n’ose imaginer comment c’était à l’époque de Guité et de Tommi.

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C’est à l’été 2011, lorsque le Musée Le Chafaud a présenté le travail de l’artiste, que j’ai vraiment vu l’ampleur et la qualité de son travail.

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Ce qu’elle a réussi à transposer comme émotions dans ses créations, tout en restant imprégnée de l’endroit, de Percé, en réalisant des œuvres d’une forte poésie singulière, tout en étant naturelle.

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J’aimerais y parvenir aussi, à ma manière bien sûr.

Sentir la force des rocs et la légèreté de la végétation typique des lieux.

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Percé se transforme pour moi. La brume, celle que je ne connaissais pas bien, celle qui recouvre si souvent complètement l’île et le rocher, me parle. La couleur des gens qui habitent la ville, les enracinés, me touche. Le parfum de la mer mélangé à la forêt qui monte jusqu’au ciel m’émeut. Et le triangle que forment le rocher, l’île et le Mont-Sainte-Anne m’embrasse doucement.

Dans les prochains articles, je vous parlerai de comment je trouve ma place en tant qu’artiste à Percé, du mythe entourant Guité, ainsi que de certains artistes d’ici qu’il faut absolument découvrir ou redécouvrir.

Source:http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/expositions/201107/10/01-4416710-le-chafaud-presente-suzanne-guite.php

*Les photos ont été prises par moi en 2011.

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Louba-Christina Michel est une passionnée. Elle écrit depuis qu’elle sait comment faire et même avant, dans une sorte d’hiéroglyphes inventés. Et dessine depuis plus longtemps encore, elle a dû naître avec un crayon dans la main. Elle est transportée par tout ce qui touche à la culture et dépense tout son argent pour des livres et des disques (hey oui!). Elle prend beaucoup trop de photos de son quotidien, depuis longtemps. Des centaines de films utilisés attendent d’être développés dans des petites boîtes fleuries. Sa vie tourne autour de ses grandes émotions, de ses bouquins, de l’écriture, de l’art, du café et maintenant de sa chatonne princesse Sofia. Après une dizaine d’années d’errance scolaire et de crises existentielles, entre plusieurs villes du Québec, elle est retournée dans son coin de pays pour reprendre son souffle. Elle travaille présentement à un roman et à une série de tableaux.

Un commentaire

  1. Marie-Claude Denis says

    Je suis intriguée… Je possède la tapisserie de haute-lisse intitulée Bouton d’or qui apparaît sur une des photos d’exposition que vous présentez… Or, elle m’a été livrée en mai 1975 après qu’elle fut exposée à Princetown. Il m’étonne donc que vous écriviez que les photos aient été prise par vous en 2011…

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