J’aime beaucoup écouter les Ted Talks. Pour ceux qui ne connaissent pas cela, il s’agit de conférences visant à répandre des idées non conventionnelles, des messages inspirants ou des idéologies qui en valent la peine (« ideas worth spreading »), qui peuvent par la suite être visionnées gratuitement sur le site web www.ted.com. Je ne me souviens pas exactement comment je suis tombée sur cette conférence-là, mais je vais toujours me rappeler de son message et, surtout, de celle qui l’a énoncé.
Elizabeth Ann Velásquez, surnommée Lizzie, est née en mars 1989. Comme moi, elle a 26 ans, une famille qui l’aime et la soutient, des rêves, des objectifs, des aspirations profondes. Mais contrairement à moi, elle est affligée par un syndrome extrêmement rare – seules trois personnes, incluant elle-même, en sont atteintes – qui l’empêche d’accumuler la moindre graisse dans son corps. Pour survivre, elle doit grignoter constamment. Ce syndrome, qui la touche depuis sa naissance, a beaucoup contribué à l’altération de son apparence physique: peau à l’aspect vieillissant, traits très fins, nez pointu, cécité totale d’un œil et partielle de l’autre. Tout cela a contribué à lui donner un physique particulier, qui lui a valu énormément d’intimidation dans sa jeunesse ; sur youtube, elle est même tombée par hasard sur une vidéo d’elle, où on la qualifiait de « femme la plus laide du monde ». Formidable pour l’estime de soi, n’est-ce pas?
En écoutant sa conférence, j’étais bouleversée. Bien sûr, Lizzie a, au premier coup d’œil, une apparence qui surprend, qui déstabilise: malgré tout, je ne pouvais pas concevoir que quelqu’un puisse lui accoler une telle étiquette. Durant les premières minutes du visionnement, je me souviens avoir pensé que, si j’avais été à sa place, j’aurais été complètement anéantie, incapable de m’en remettre : étant assez anxieuse de nature, j’ai tendance à me laisser démolir par de toutes petites choses, souvent banales, et à dramatiser nombre de situations auxquelles je suis confrontée. Alors souffrir d’un syndrome pareil et endurer les moqueries d’autant de gens… L’enfer!
Puis, au fur et à mesure que la conférence se déroulait, j’ai commencé à ressentir un véritable sentiment d’admiration pour cette jeune femme, pour son courage. Parce qu’à chaque moment où elle a souffert du regard des autres ou de leurs commentaires haineux, elle s’est retroussé les manches et a continué à avancer. Parce que, quand elle était jeune, on a dit à ses parents qu’elle ne pourrait rien faire de sa vie, et elle a écrit des livres, donné des conférences, obtenu des diplômes. Parce qu’on lui a déjà dit qu’elle devrait se tuer, qu’elle était horrible à regarder, qu’elle n’était rien, et qu’aujourd’hui elle est un véritable modèle, suivi par près de 90 000 personnes sur facebook.
Le parcours de Lizzie Velásquez m’a beaucoup fait réfléchir, sur le bonheur, oui, mais aussi sur notre détermination à atteindre nos objectifs, parfois contre vents et marées. Dans le cas de cette jeune femme exceptionnelle, choisir le bonheur n’était pas un simple caprice: c’était une question de survie. Marche ou crève, comme on dit. Mais ne pourrions-nous pas prendre exemple sur elle, sur sa détermination à ne pas se laisser abattre trop longtemps par ce qui l’afflige?
Ne pourrions-nous pas, lorsque nous nous trouvons confrontés à une situation difficile, nous poser sérieusement la question: est-ce que je me laisse détruire par mes détracteurs, est-ce que je m’effondre, ou bien est-ce que je choisis d’être heureux, malgré tout? Peut-être que si nous agissions tous ainsi, nous aurions plus de facilité à vivre dans le fameux moment présent et à savourer les beaux côtés de la vie, plutôt que de voir uniquement ce qui nous tourmente.
Alors depuis ce temps, depuis que j’ai visionné cette conférence, j’essaie d’apporter un peu de changement dans ma vie, dans ma perception des choses. Et quand je rencontre des écueils, des situations qui me rendent nerveuse et angoissée, je m’efforce de penser à Lizzie, et de me dire: « Non, cette fois, je décide d’être heureuse. »
Et vous, que choisiriez-vous?