Entre passé et présent
Choir de Rosalie Lavoie, c’est un coup de coeur. Le quatrième de couverture m’a plu. Je l’ai acheté. En ne sachant pas du tout qui était Rosalie Lavoie et si elle avait déjà écrit auparavant. Rares sont les fois où j’erre dans une librairie sans avoir d’idées préconçues de ce que je veux lire, mais bien heureusement, c’est ce qui s’est produit ce jeudi-là et voilà, je découvrais une plume enchanteresse, lucide et profondément touchante.
Dans un balancement, entre l’avant et le maintenant, Rosalie nous entraîne dans les moments phares de sa vie. Enfant avec son père, plus vieille avec ses amours. Dans un continuel retour entre le présent et le passé, on pénètre dans les déboires sentimentaux, corporels, toujours si intimes de Rosalie.
Déjà dès l’enfance, le jeu du silence opère suite à un traumatisme incestueux avec le père et ce silence restera longuement dans la vie de Rosalie. Ensuite, elle tombera amoureuse de l’emprise de Frank sur sa vie. Cette relation ornée de nocivité sera bâtie sur un continuel besoin de quitter pour y revenir. Toujours en se détestant de se laisser vivre dans une relation toxique, Rosalie vit un combat contre elle-même, continuel. Apprendre à se pardonner, à s’accepter et à s’aimer, c’est tout ça en même temps, ce jeu d’écriture, ce besoin de ne plus garder le silence et de laisser percevoir la lumière dans une très grande noirceur.
Entre lumière et noirceur
Amoureux des mots, vous serez servis. Voici la première page du bouquin, histoire de vous faire voir toute l’ombre comme la lumière de récit, mais surtout pour vous laisser admirer le judicieux talent d’écriture de Lavoie.
Malgré les indéniables drames qui ont forgé la vie et l’identité de Rosalie, on ne peut qu’ignorer la lumière qui survole l’oeuvre. L’écriture est pour Lavoie une manière de se libérer de l’emprise constante du passé sur le présent. Je pense humblement que de mettre sur papier les tourments et les questionnements vécus est une façon, dans ce cas-ci, de s’émanciper. Et on sent l’amour de Rosalie tout au long du roman, cette grande tendresse qui vit toujours en elle, celle qui est toujours frétillante, et ce surtout lorsqu’il est question de ses enfants.
Au final, Choir, n’est pas un roman traditionnel au sens du terme. Les événements sont mélangés, jamais réellement clairs et nommés. Difficile de se faire une ligne chronologique des événements, mais cela n’a pas d’importance. C’est le genre de bouquin où on DOIT se foutre de ne pas tout comprendre, de ne pas tout deviner, on se contente que de ressentir les mots et leurs beautés. Et ça, dans Choir, vous serez servis.
Autre petit point positif, les pages de la fin. Rosalie nous faire la liste des oeuvres qu’elle a lues durant la rédaction de son roman. Je trouve ça si humble de sa part et en même temps si passionnant de voir les inspirations et les états d’esprit dans lesquelles Rosalie a été plongée dans ses divers univers. Il est vrai que notre écriture est toujours un peu le mélange de tout ce qu’on a lu.
Et pour ceux qui sont intéressés par Rosalie Lavoie, je vous encourage à découvrir Le sang du cerf, son premier roman. Personnellement, il vient de s’ajouter à ma liste de lecture. Et Rosalie Lavoie vient de devenir une de mes auteures contemporaines québécoises préférées.
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