Il y a des livres qui changent notre vision de la vie. Il y a des livres qu’on ne peut juste pas oublier. Il y a des livres qui sont tout simplement magiques et le petit dernier d’Eric-Emmanuel Schmitt fait partie de cette liste pour moi. Ce livre à contenu religieux, philosophique et scientifique (oui, je sais ce n’est pas toujours les 3 catégories qui nous intéressent le plus) est si surprenant que même plusieurs heures, voire plusieurs jours après votre lecture, vous vous surprendrez à toujours y penser.
Pour ma part, je suis une grande fan de Schmitt depuis qu’un ami me l’a fait découvrir lors d’un voyage à Paris (merci Manu!) et depuis mon amour pour lui n’a fait qu’accroître au fil du temps, alors il va sans dire que j’étais un peu (beaucoup!) conquise d’avance. Vous aurez compris également que, malgré le fait que cette lecture me soit restée bien marquée dans l’esprit, c’est en moins d’une semaine que je l’ai dévorée; l’idée aussi de n’avoir que 183 pages! Un livre si court pour nous décrire un moment si exceptionnel dans une vie… Eric expliquera la signification de ce roman dans l’épilogue (beaucoup trop court aussi, selon moi), pourquoi il a pris tellement de temps avant de nous raconter cette fabuleuse nuit de feu et son voyage réalisé il y a près de 30 ans.
La nuit de feu ne ressemble à rien de ce que l’auteur nous a proposé à ce jour. Il s’agit d’un roman plus personnel, car il relate une expérience extrasensorielle et spirituelle vécue par l’auteur lui-même lors d’un voyage fait en 1989 à l’âge de 28 ans dans le désert du Hoggar, dans le sud de l’Algérie. La délicatesse et la justesse de l’auteur nous invitent tellement à voyager avec lui et à s’imaginer le lieu du récit qu’il m’a donné envie d’y séjourner avec un Touareg (peuple nomade du désert) tout comme lui, moi qui suit de nature plutôt douillette en voyage.
Ce livre m’a rappelé un livre culte que j’avais adoré, l’Alchimiste de Paulo Coelho, un livre profondément marquant si vous l’avez déjà lu, sinon qui devrait déjà se retrouver sur votre liste de lecture. La nuit de feu possède selon moi la même aura magique que l’Alchimiste, en d’autres mots il nous amène à croire en quelque de chose de plus grand et plus fort que soi.
Rapidement, l’histoire du récit va comme suit; Eric-Emmanuel Schmitt, alors professeur de philosophie, part pour Tamanrasset avec un ami pour découvrir les lieux de tournage d’un film pour lequel il travaille comme scénariste sur Charles De Foucault (ex-militaire français qui a vécu avec les Touaregs), devenu croyant suite à son voyage. Il y fera la connaissance de différents personnages fascinants dont un plus marquant, son guide de « randonnée » et touareg Abayghur avec lequel il ne partage pas la langue, mais qui m’a particulièrement touchée par la beauté de leur relation. Alors qu’il monte au sommet du Mont Tahat avec une partie du groupe, il décide de redescendre par lui-même, croyant se souvenir du chemin et se retrouve ainsi complètement perdu dans le désert, sans eau, sans nourriture et surtout complètement seul avec lui-même et ses pensées. C’est lors de cette nuit, seul dans le désert et dans le froid glacial, qu’il vivra un voyage astral qui le fera complètement sortir de son corps et qui l’amènera à découvrir l’éternité et sa foi en Dieu et qui, selon lui, l’amènera à écrire aussi merveilleusement bien par la suite. Le passage de cette nuit de feu, comme il la nommera lui-même, est particulièrement troublant et touchant, et pour l’athée que je suis ça m’a définitivement fait réfléchir sur mes croyances.
Un très bon et magnifique roman qui vient bousculer juste assez nos idées sur la religion, notre rapport face à celle-ci, qui teste notre ouverture d’esprit et qui en même temps est une histoire incroyablement magique qui nous transporte complètement, qu’on y croit ou non. On se demande d’ailleurs pourquoi Schmitt a attendu aussi longtemps avant de nous la partager.
Voici quelques citations du livre qui m’ont particulièrement plu;
« Le véritable voyage consiste toujours en la confrontation d’un imaginaire à une réalité; il se situe entre ces deux mondes. Si le voyageur n’espère rien, il ne verra que ce que voient les yeux; en revanche, s’il a déjà modelé les lieux en songe, il verra davantage que ce qui se présente, il percevra même le passé et le futur au-delà de l’instant(…). »
« Fier, ivre de joie, ému, je venais de naître. Non pas naître au monde, mais naître à moi-même. »
« Abayghur s’applatit au point de disparaître. En abaissant son corps au sol, son âme toucherait-elle plus vite le ciel ? »
« Si dieu intervient, comment se fait-il qu’il ne nous sauve pas à chaque fois ? Pourquoi laisse-t-il certains mourir et d’autres vivre ? »
« Partir, ce n’est pas chercher, c’est tout quitter, proches, voisins, habitudes, désirs, opinions, soi-même. Partir n’a d’autre but que de se livrer à l’inconnu, à l’imprévu, à l’infinité des possibles, voire même à l’impossible.(…) Le véritable voyageur reste sans bagage et sans but. »
Bonne lecture de ce nouveau classique, selon moi, et bon voyage dans le désert avec Schmitt ! 😉
Vous faites un très bon résumé de ce récit très personnel sans prêchi-prêcha d’une expérience mystique extraordinaire. Ce récit m’a fascinée et mes réflexions rejoignent les vôtres. Merci.
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Merci beaucoup pour votre commentaire ! Il s’agit effectivement d’un roman fascinant qui m’a fait énormément réfléchir.
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salut Caroline tu racontes si bien les livres que tu devrais être chronique littéraire on a envie de lire tout ce que tu décris. Bravo ma belle continue ton bon travail.
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