Lorsque Bernard Lavallée, le nutritionniste urbain, a publié une photo sur instagram du livre Sucre, écrit par Catherine Lefebvre et tout récemment paru chez Édito, j’ai tout de suite su que je devais me le procurer. Le titre m’a accrochée avec sa référence au jeu populaire qui finit souvent mal, Vérité-conséquence, et les illustrations de la couverture avaient tout pour me charmer. Arrivée en librairie, j’ai été un peu plus réticente dû à l’épaisseur du bouquin. Bien naïvement, je m’attendais à ce qu’on me dise Le sucre c’est mal! alors je me demandais jusqu’à quel point un ouvrage d’un pouce d’épaisseur pouvait être pertinent…
Finalement, le livre est très bien présenté; séparé en différentes parties, il est difficile de s’y perdre, contrairement à ma crainte du départ. On y retrouve quelques fois de magnifiques photos de travailleurs sur des cultures de canne à sucre, ainsi que de très jolies petites illustrations qui évoquent les confiseries. La toute première partie est clairement celle que j’ai le plus appréciée. L’auteure y raconte l’Histoire amère de la canne à sucre sur plusieurs milliers d’années. Vous savez, dans Pulp Fiction, quand on revoit la même scène du point de vue des différents personnages. J’avais l’impression de me faire raconter l’Histoire que j’ai apprise au secondaire, mais d’une perspective totalement différente. Des pays ont été fondés à cause des climats propices à la culture de la canne à sucre, des colonies ont obtenu leur indépendance en menaçant l’industrie du sucre, l’esclavagisme a été aboli grâce à ces cultures. C’était une entrée en matière déjà bien percutante pour moi.
Par la suite, on tombe dans le plus technique. Catherine Lefebvre décortique les différents types de sucres, dans quels aliments on les retrouve, en quoi certains sont bons pour nous et d’autres très nocifs. Cette partie est plus spécifique, du moins pour un esprit peu scientifique comme le mien. J’ai tout de même apprécié les explications de l’auteure, elle comprend que son lecteur n’est pas nécessairement spécialiste en la matière et bien heureusement! Sinon elle serait passée à côté du but premier de cette publication. Ça en fait par contre une lecture un peu plus ardue, je devais parfois revenir en arrière parce que je ne comprenais pas certains détails qui me semblaient pourtant primordiaux.
J’ai beaucoup aimé qu’à la fin de chaque partie, il y ait une page simple avec les éléments À retenir. C’est un ajout très pertinent selon moi, puisque ça permet de lier ensemble les différentes composantes que l’on vient d’explorer. À quelques moments durant ma lecture, je me suis surprise à avoir envie de chocolat. Ça m’a fait réaliser à quel point le sentiment de dépendance a remplacé celui de la récompense par le sucre. Bien que je ne sois pas tant une bibitte à sucre, je trouve plutôt légitime que Lefebvre compare le sucre à la cocaïne… À la différence que celui-ci, sans excès, est nécessaire au bon fonctionnement de notre organisme. Oumf.
Lorsque j’ai lu la partie sur les maladies liées à une surconsommation de sucre, je me suis demandé avec tristesse pourquoi ces faits n’étaient pas plus connus. Et Catherine Lefebvre m’a bien répondu : la plupart des études scientifiques en lien avec ces maladies sont financées par l’industrie du sucre… Ce serait bien mal vu qu’elles parlent contre leur boss. J’ai pensé aux personnes autour de moi qui souffrent de diabète, de maladies cardiovasculaires, de cancer (passé et présent) et je me suis désolée que ces données soient cachées ou mises sur la faute des méchants gras trans. C’est réellement la partie qui m’a le plus ouvert les yeux sur la société de (sur)consommation dans laquelle nous vivons et qui m’a fait comprendre l’importance d’une telle parution.
Alors non, l’auteure ne déclare pas Le sucre c’est mal ou Le sucre c’est bien. Il y a plusieurs subtilités dans le monde de Big Sugar et c’est là tout le défi d’écrire un tel ouvrage et encore plus de le rendre accessible à Monsieur-Madame Tout-le-monde. Malgré qu’il faille peut-être quelques connaissances de base en nutrition pour bien apprécier, même si ce n’est qu’à un niveau ça m’intéresse donc je lis un peu sur le sujet. Ça vaut tout de même le coup, si le sujet vous intéresse. Je l’ai dévoré en quelques soirées, malgré son arrière-goût un peu amer!
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