Ma lecture de mars était Le parfum de la tubéreuse d’Élise Turcotte et je dois avouer avoir été entièrement obnubilée par l’œuvre.
Tout d’abord, la narratrice est enseignante en littérature au cégep, et ce, en plein printemps érable. J’ai aimé les références et je me suis revue assise dans une classe de littérature devant une prof qui tentait tellement de faire aimer les mots et la poésie à ses étudiants. Le cégep étant le moment des balbutiements de la poésie dans mon cœur, je me suis laissée entrainer dans cet hymne aux mots, à l’odeur de la tubéreuse. Elle se lie d’amitié avec une autre enseignante très malhonnête qui tient toujours à l’abaisser pour mieux se remonter. C’est fort agréable de rencontrer l’entêtement et la confiance en soi de la narratrice : cette croyance souvent oubliée que ça fait simplement du bien de s’accepter et de croire en ses convictions.
J’ai aimé le discours sur la beauté des mots, des œuvres qui changent des vies, qui font du bien. Sur la nécessité de la poésie dans un quotidien, sur la vraie détresse d’exister et sur cette force d’être simplement soi. Élise Turcotte, je vous relierai avec plaisir. Des suggestions?
La lecture de Caroline
Qui n’a pas eu un jour un coup de cœur pour un objet ou un meuble plus précisément? Qui ne passe pas une semaine voire une journée sans être en connexion avec son divan? Et bien le livre de Catherine Briat, Le divan rouge raconte parfaitement ces deux sentiments. On oublie parfois l’importance des objets dans notre quotidien, tout ce dont ceux-ci sont témoins, amour, joie, tristesse, bonheur, colère, crise de nerfs, sexe et j’en passe. Le divan, pour la plupart d’entre nous, est l’élément central de nos vies, le nombre d’heures qu’on y a passé et le nombre d’amis, famille, amoureux(ses) qui ont pu s’y asseoir et passer de bons comme de moins bons moments, est tout simplement incalculable. Dans l’histoire de Catherine, dont le divan rouge est le personnage principal, c’est justement ce qu’on remarque. Ce petit roman très touchant sur une femme et ses deux enfants qui doivent refaire leur vie à partir de rien pourrait bien être l’histoire de chacun d’entre nous. Ce livre, à saveur autobiographique, car l’auteure nous y parle de sa véritable histoire un peu romancée et de son véritable divan rouge (qu’elle possède toujours!), nous invite à la suivre dans toutes sortes de situations drôles et touchantes et nous laisse avec un sentiment de reconnaissance et de considération envers ce bien gros objet qui prend toute la place dans notre salon.
La lecture de Marjorie B
Je suis fan de Fanny Britt. J’avais vraiment hâte d’amorcer la lecture de son roman Les maisons. Roman que tout le monde (ou presque) a lu dès sa sortie, en octobre 2015. Je suis comme ça, quand une auteure que j’aime lance une nouvelle parution, je prends mon temps, je savoure. Les maisons, ce sont des morceaux éparpillés de la vie de Tessa, une courtière immobilière, casée et maman, un peu obsédée par un ancien amant. Au début de ma lecture, pour être franche, Tessa me tombait royalement sur les nerfs. J’avais envie de la brasser un peu, de lui demander : « mais pourquoi? », pourquoi l’obsession de l’ex, pourquoi le désir de tout gâcher, pourquoi l’insatisfaction, pourquoi la peur de vieillir, pourquoi? Pour finalement l’apprivoiser et me rendre compte que Tessa, elle est humaine. Et, c’est confrontant de prendre conscience qu’être « humain » et avoir envie de fouiller les vieux souvenirs, être insatisfait, aller au bout de quelque chose et risquer de tout gâcher, c’est illogique, voire frustrant, mais légitime.
Dans ce livre à la fois doux et violent, poétique par la beauté des mots et frappant par la force des émotions, on se retrouve au cœur du désir d’une femme de retrouver ses origines, d’articuler la béance de son existence, de raconter la douleur de l’absence d’un père avec lequel elle est prisonnière. On navigue à travers un récit fragmenté, autour de souvenirs, de recherches identitaires et de la propre expérience de la narratrice qui écrit, ou du moins qui essaie d’écrire le vide.
Blanc Dehors est un roman qui vient nous chercher et surtout, qui est merveilleux par ce qu’il tente de faire, c’est-à-dire écrire pour essayer de comprendre et de soulager la douleur de l’absence et du blanc.
La lecture de Karina
Comme le thème du mois de mars était un livre écrit par une femme, je trouvais parfaitement approprié de lire Le féminisme québécois raconté à Camille de Micheline Dumont. Ayant fait un certificat en études féministes, c’est un livre qu’on m’avait grandement conseillé puisqu’il est une bonne source d’introduction à la pensée féministe. En fait, à la suite de cette lecture, je me suis dit qu’elle serait idéale pour les jeunes du secondaire. L’écriture de Micheline Dumont est réfléchie et très simple, ce qui permet une bonne compréhension de l’historique du féminisme québécois. C’est justement l’objectif de l’auteure, étant donné que Camille est sa petite-fille (alors âgée de 15 ans). Le livre commence avant le droit de vote (les suffragettes) et continue jusqu’à aujourd’hui (aux alentours de 2008). Et même si j’ai eu plusieurs cours sur l’histoire et le féminisme, rarement on abordait seulement le féminisme québécois. Ce que j’ai beaucoup aimé également, ce sont toutes ces photos qui accompagnent le livre, mettre des visages sur les noms est toujours agréable. Car même s’il est intéressant de comprendre d’où nous venons, nous les Femmes, il est important de savoir ce que nos ancêtres ont fait pour gagner les droits que nous pouvons tenir pour acquis aujourd’hui. Après cette lecture, je me suis sentie grandie.
J’ai lu le roman Scrapbook, de l’auteure québécoise Nadine Bismuth. Annie Brière, joueuse compulsive de Tetris et jeune auteure, publie son premier roman aux éditions Duffroy. C’est là-bas qu’elle fait la connaissance de Laurent, un correcteur d’épreuves avec qui elle vivra une relation passionnée malgré que celui-ci soit en couple. S’ensuivent des péripéties sur les thèmes des relations amoureuses, de l’infidélité et du milieu littéraire. Je vous suggère fortement la plume drôle et ironique de Nadine Bismuth, qui maîtrise parfaitement l’art de transformer les drames en situations cocasses.
La lecture de Marie-Hélène
J’ai dévoré le premier livre de Véronique Grenier, Hiroshimoi, en une seule soirée. Avant toute chose, c’est le nom du livre qui m’a interpellée. Je le trouvais audacieux, risqué, punché. Déjà que j’entretiens un grand amour pour les Éditions de Ta mère, je n’étais pas vraiment surprise devant leur cran. J’adore les récits fragmentés, mais celui-ci en est un particulier, puisqu’il ne suit pas un ordre chronologique : nous devons nous même reconstituer le récit. C’est une histoire d’amour, certes, mais rien de cliché ou de réchauffé ici. L’auteure mêle poésie trash et douceur nostalgique. J’ai sursauté, j’ai ri, je me suis fâchée contre cette histoire que je savais vouée à l’échec. Récit très court, mais suffisamment intense pour ne pas laisser son lecteur sur sa faim. Je le recommande à tous les humains en quête d’émotions vives et à tous ceux en quête d’urgence de vivre.
La lecture de Marjorie R
En mars, j’ai finalement décidé de me lancer dans La femme qui fuit, sachant que je ne pouvais pas vraiment être déçue. Effectivement, c’est par toute une gamme d’émotions (sauf la déception) que je suis passée. La femme qui fuit est une œuvre qui trouble, qui émeut, qui vient nous chercher au plus profond de soi. J’ai tout aimé de ce roman et j’admire la force dont l’auteure a dû faire preuve pour écrire quelque chose qui lui est aussi près et aussi loin à la fois. La reconstruction du récit et la manière dont elle remplit les trous sont magnifiques, tout comme le portrait qu’elle fait de cette grand-mère qu’elle n’aura jamais connue, autrement qu’à travers les autres.
La lecture de Roxanne
Le temps d’un après-midi au café, assise sur le bout de ma chaise, j’avais déjà terminé la lecture de Choisir Éléonore d’Andrée A. Gratton. Ce petit roman se lit très rapidement, mais laisse une forte impression à long terme. L’admiration d’une femme pour une autre se transforme en obsession; la narratrice épie les moindres gestes d’Éléonore, va même jusqu’à rester devant chez elle une journée complète à attendre qu’elle ouvre les rideaux. On se sent révolté par l’attitude des personnages, tous les personnages, on n’a pas envie d’appartenir à cet univers et pourtant, on y reste englouti jusqu’à la dernière page. Le mot qui décrit le mieux cette histoire, selon moi, est dérangeant. Et non, on ne se sent pas soulagé en refermant le livre. Mais l’expérience en vaut totalement la peine.
Bonjour !
J’ai participé aussi à ce challenge ce mois-ci avec deux romans contemporains :
– http://louvroirdemie.blogspot.ca/2016/04/madame-victoria-de-catherine-leroux.html
– http://louvroirdemie.blogspot.ca/2016/03/le-parfum-de-la-tubereuse-delise.html
Merci pour cet article !
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