Suite à la constatation que nous étions plusieurs collaboratrices admiratrices du travail de l’auteure Kim Thúy, nous nous retrouvons donc avec deux réflexions sur son dernier roman ! En espérant que vous l’aimerez tout comme nous!
Ce que Marion en a pensé:
Mon plaisir de lire la dernière oeuvre de Kim Thúy s’est combiné rapidement avec celui de retrouver son univers narratif, familier, composé de petits fragments d’histoires, d’exil, de rencontres, d’observations anecdotiques ou dramatiques, que nous avions déjà dans Ru et Mãn. Et malgré les petits bouts de récits qui composent le roman, c’est davantage un fil d’histoires, toutes reliées entre elles, que nous propose l’auteure, ce qu’elle affirme dans une rencontre à la librairie Paulines, à laquelle j’étais présente. Celle-ci avoue même écrire son roman tout d’un bout, et que c’est ensuite l’éditeur qui divise l’histoire en petits fragments, qui deviennent en quelque sorte porteurs de l’identité de l’oeuvre de Kim Thúy. À la lecture, on peut percevoir ce fil conducteur, qui se traduit autant par la filiation qui relie les personnages entre eux, que par la sensation de se faire raconter des souvenirs, épars mais fondamentalement tissés entre eux par la mémoire.
Si Vi raconte l’histoire d’une jeune fille quittant le Vietnam avec sa famille pour s’installer au Canada, il est surtout porteur de voix multiples, celle des grands-parents de Vi, de ses parents, de quelques amis, et finalement d’elle, qui tourbillonne à la recherche de son identité. La beauté du roman de Kim Thúy se trouve beaucoup dans la richesse de la langue pourtant simple, mais très évocatrice, et la précision de ses descriptions et des détails qui composent son observation du réel.
La lecture de Vi m’a permis de m’évader et de retrouver cet univers à la fois apaisant et troublé, de savourer encore et encore la culture vietnamienne, et de me confronter à nouveau aux tourments de l’exil que l’écriture permet de vivre de concert avec la narratrice et les personnages qui l’entourent. Sans toutefois renouveler son style, Kim Thúy continue avec finesse à nous toucher et nous emporte avec elle, sur son dos, au gré de ces petites histoires poétiques qu’elle nous raconte si doucement.
Ce que Karina en a pensé :
Je suis une fidèle lectrice de Kim Thúy depuis ses tout débuts. J’ai toujours été fascinée par les parcours migratoires, parce que pour moi, tout quitter me semble impossible. Alors que pour certain-e-s c’est un choix, pour d’autres c’est une nécessité. Ce fut malheureusement le cas pour la famille de Kim Thúy et c’est ce que nous découvrons dans ses romans. Dans ce nouveau récit, nous retrouvons une jeune femme, Vi, en plein cheminement pour sa propre identité. Parce que Vi sort des sentiers battus. Elle n’est pas seulement une femme vietnamienne qui fait honte à sa mère par ses choix de femme libre (autrement dit occidentale). Nous retrouvons une jeune femme qui doit se battre contre sa communauté tout en tentant d’être acceptée par celle-ci, malgré ses choix peu orthodoxes. Vi, malgré sa grande timidité, a su charmer son entourage occidental. Maintenant avocate, elle voyage dans son pays d’origine, où elle fait diverses découvertes sur ses grands-parents. Ce qui me marque dans les personnages de Kim Thúy, qui sont un peu une partie d’elle-même, c’est qu’elle semble toujours se décrire comme une jeune femme timide. Dans Ru elle se décrivait comme l’ombre de sa cousine. Alors lorsque j’ai eu la chance de la rencontrer en vrai lors d’une conférence, j’ai plutôt cru percevoir une femme avec beaucoup d’assurance. Ce qui me fait réfléchir à la perception que nous pouvons avoir de nous-même et de ce que les autres peuvent percevoir de nous. Kim Thúy a encore une fois réussi à nous charmer par son style que nous lui connaissons bien. Ses récits sont toujours remplis d’une douceur et de vérités. Je tiens à remercier la maison d’édition Libre Expression pour cette magnifique lecture.



J’ai commencé la lecture de Vi il y a quelques jours et je suis encore charmée par la délicatesse de l’écriture de Kim Thuy. Merci pour vos réflexions toujours inspirantes.
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