Littérature québécoise
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Cher Bruno

Cher Bruno, cher Brune,

Je t’appelle Brune parce que c’est comme ça que j’ai l’impression de te connaître. Comme un vieil ami, comme un compagnon que j’aurais rencontré autour d’une bière et qui m’aurait raconté avec détails toutes ses aventures. Comme quelqu’un que j’aurais écouté la bouche grande ouverte, avec les yeux qui essayent de s’ouvrir plus pour être ébahis, mais qui peuvent pas.

T’es comme mon pote. Je boirais cent bières avec toi pis je m’en lasserais pas.

Certains jours, en jasant avec des gens, je me mets à parler de toi. L’an dernier, je t’ai pris en exemple auprès de ma mère quand je lui ai annoncé que le prochain pays que je visiterai serait porteur de malaria. Pour la rassurer, parce que toi, tu l’as vécue.

Pis quand je me choisis une nouvelle destination, quelques jours après avoir les billets en mains, je me dépêche toujours d’aller jeter un oeil à ta Frousse pour voir si tu l’as parcouru, toi aussi, ce pays que je m’apprête à découvrir. Pas de mots sur la Namibie dans tes bouquins cette fois. Je la découvrirai comme une grande, sans ton aide.

Si je me replonge dans tes livres à chaque voyage, ce n’est pas parce que je crois que tu as la science infuse ou le monopole des opinions, non. Plutôt parce que j’aime y découvrir tes aventures. Tu visites les pays avec une ouverture incroyable, tu parcoures le monde en te laissant aller. En te trompant, parfois. En essayant, surtout. Tu te fonds dans la population, tu as envie de comprendre la planète.

Tu t’abandonnes dans la découverte.

Dans cette liberté qui t’habite, dans le droit que tu te donnes de faire les choses à l’envers, dans ce désir d’être secoué sans jamais chercher les louanges, tu donnes de grandes leçons d’aventure.

Je voulais te dire que je t’admire. Je sais, lancer ça de but en blanc sans qu’on se soit parlé une seule fois, fallait oser. C’est un peu toi qui m’as appris à faire ça, oser. Tu m’as appris qu’il fallait laisser tomber la peur, aussi, si on voulait faire venir l’aventure. Depuis des années, tes paroles sont mon mantra. L’aventure débute avec la fin de la peur.

Je voulais te dire, Bruno, que tu m’as amenée à rêver grand. Que tu m’as ouvert l’esprit sur un monde différent. Que tu as travaillé la petite porte en dedans de moi qui avait envie de s’ouvrir pour voyager différemment, de goûter à la vie d’une autre façon, d’arrêter d’avoir peur de toute pour ouvrir les yeux.

Fec, pour mon prochain voyage, je vais continuer à retourner tes phrases dans ma tête, parce qu’elles valent la peine d’errer en boucle dans l’esprit des gens :

Ça m’a pris presque un an pour réaliser qu’elle n’est nulle part, l’aventure. L’aventure ne se trouve pas dans un livre, un guide ou une expédition prévue pour ça. L’aventure est une porte qui s’ouvre par en-dedans. Le reste dépend de vous. Ça peut se passer à Bombay, à Brossard ou dans la prison de Tanguay. L’aventure débute avec la fin de la peur : de la peur de rire quand on doit se taire; de la peur de fuir quand on doit plaire; de la peur d’être nu, ridicule et vulnérable, mort; de la peur de se tromper; de la peur d’échouer. Se placer volontairement les pieds dans les plats? Pourquoi pas! Se confronter à une tâche impossible à réaliser? Kick ass, baby! L’aventure a la tête dure. L’aventure n’apprend pas de ses erreurs, sinon qu’elle n’en a jamais assez commises. Et toujours, l’aventure prend des fucking de drôles de tournures. Même que, parfois, elle commence où on croit qu’elle finit…

Bruno, merci.

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Andréanne a toujours été décrite par sa mère comme étant quelqu’un d’intense. Elle, se considère plutôt comme une passionnée. Passionnée des livres, les premiers amours de sa vie. Les trompeurs de solitude, les créateurs de grandes espérances, les générateurs de grandes tristesses, aussi. Passionnée des voyages, des horizons infinis, des rencontres dans toutes les langues. Des chocs, des déséquilibres qui surviennent au cœur des autres continents, comme au sein de sa propre ville. Passionnée de l’enseignement, de la culture qu’elle arrive à transmettre aux esprits qui s’ouvrent, des rires qu’elle crée, des grandes illuminations qui éclairent les regards de ses petits élèves. Passionnée de la vie et de sa beauté, de son incroyable grandeur et de son incomparable cruauté. Passionnée.

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