J’ai découvert très récemment que j’aimais bien la bande dessinée. Pas que je n’avais quelconques préjugés sur le genre, simplement qu’il y avait trop de livres auxquels m’attarder. Mon copain est très fan et m’a fait découvrir le bédéiste québécois Samuel Cantin, que j’ai a-d-o-r-é-! Je suis ensuite tombée dans les œuvres de Zviane, et j’ai tout de suite été charmée. J’ai donc pris un cours de bande dessinée à l’automne 2015 et j’ai fait de bien belles découvertes.
Dont Body World, du bédéiste américain Dash Shaw. L’artiste possède un style tout à fait survolté qui colle parfaitement à sa diégèse. Body World, c’est l’histoire de Paulie Panther, professeur de botanique expert en psychotropes. Ce personnage est suicidaire, déjanté et vit avec un trouble de personnalité limite. Déjà, uniquement avec le personnage, nous avons affaire à quelque chose de particulièrement original. Paulie est l’auteur derrière L’Encyclopédie des hallucinogènes américains et il ne cesse de parcourir le sol états-unien à la recherche de nouvelles plantes aux effets délirants. Ses recherches l’ont fait atterrir à Boney Borough, une petite ville des États-Unis, où ses habitants vivent dans un monde quadrillé, sorte de huit clos paisible. Cependant, l’arrivée du professeur Panther vient chambouler le quotidien des personnages : ce dernier découvre une plante aux capacités extra-sensorielles qui amène ceux qui la consomment à entrer en liaison directe avec autrui, dans un singulier échange d’émotions, de souvenirs et de sensations. Body World est un pur délire psychédélique qui entraîne son lecteur dans un véritable voyage (trip) visuel.
Les illustrations de l’auteur sont parfaitement adaptées à l’histoire : les couleurs sont punchées, les textures se mélangent et la confusion y règne. Autant le récit emporte le lecteur dans l’univers sauté du botaniste, autant les dessins rendent parfaitement hommage à son voyage psychédélique. Le premier élément notable – et surprenant – de l’œuvre Body World est dans sa prise en main particulière : son format est vertical. En tant que lecteur habitué à faire défiler les pages de droite à gauche, l’expérience de les tourner de bas en haut est en soi une action particulièrement incommodante. En tant que lecteur, nous devenons parfaitement aptes à saisir l’inconfort des personnages au travers de l’objet physique qu’est le livre lui-même. J’aime particulièrement cet effet relationnel entre le lecteur et l’œuvre. L’expérience de lecture y est renforcée de façon subtile, ce que j’apprécie particulièrement.
Afin de mieux cerner l’essence complexe de cette œuvre, je vous invite fortement à le feuilleter dans une bibliothèque près de chez vous. Peut-être que cette critique s’approchait de l’analyse littéraire plus qu’autre chose, mais je crois qu’il est difficile de faire autrement avec une œuvre aussi riche en illustrations et en textes.
Pour ne pas faire trop lourde, je vous laisse sur deux émoticônes qui se font un câlin.
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