Bande dessinée et roman graphique
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Histoire d’O : Un roman graphique érotique qui ne laisse pas indifférent.

Si vous suivez quelques-uns de mes billets, vous savez sans doute que j’aime beaucoup la bande dessinée et les arts graphiques. J’apprécie beaucoup le rapport entre l’image et le lecteur. Je trouve que de cette façon, l’identification est parfois plus accessible. Bien que la majorité des BD que je consomme possèdent un ton humoristique, certaines d’entre elles se veulent beaucoup plus matures. C’est le cas d’Histoire d’O, le roman graphique – et pornographique – de Guido Crepax, publié en 1975 (!) aux éditions Delcourt.

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Histoire d’O est en fait une adaptation du très célèbre roman érotique du même titre, écrit par l’auteure Pauline Réage, qui narre le récit d’une femme appelée O : elle est complètement soumise aux sentiments qu’elle entretient envers René et Sir Stephen, ses amants. Elle se donne corps et âme – mais surtout corps – à ses relations amoureuses/sexuelles. O est emmenée par René à un château situé à Roissy (en France), où elle apprendra de son plein gré à être une soumise parfaitement docile, une complète esclave sexuelle.

Il est évident qu’à la lecture de ce résumé, l’œuvre de Crepax semble être tout sauf une œuvre féministe. Mais détrompez-vous : cette bande dessinée, bien qu’elle n’en soit pas une militante, ne réduit pas la femme à l’unique fonction sexuelle. O, malgré sa position de soumise, laisse transparaître sa force et le contrôle qu’elle possède sur son corps. Certes, elle « appartient » à ses amants, mais c’est ici que se situe l’intérêt du jeu BDSM : c’est avant tout un contrat tacite entre deux individus, et le personnage d’O le fait bien comprendre au lecteur à l’aide de plusieurs indices tout au long du récit (contrat verbal, symbole, objets contractuels, etc.)

Les illustrations présentes au sein de l’œuvre sont tout aussi riches de sens que le sont les mots, le récit. Inspirés des dessins de mode, les personnages ainsi que les décors sont tout en courbes, dans des lignes épurées et claires qui s’éloignent fortement de l’univers cartoonesque donné intuitivement au genre de la bande dessinée. Le clash est puissant et contribue grandement à l’expérience plus mature de la lectrice/du lecteur.

Tout au long de ma lecture, je ne me suis jamais sentie réduite ou faible par ma condition de femme. Au contraire, je dois vous dire que l’expérience était assez émoustillante (si je peux me permettre huhuhu!) À lire les rideaux fermés, tôt le matin ou tard le soir – ou en après-midi, c’est comme vous le sentez, t’sais.

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C’est maintenant vingt-trois hivers que Marie-Hélène a vu passer et c’est toujours avec son cœur d’automne qu’elle les affronte. Elle s'est lancé dans « l'aventure » de la maîtrise en Création littéraire à l'UQAM. Très heureuse dans son 5 ½ Rosemontien, entourée de son amoureux Anthony et de son chat Cyrano (ou Bébé, pour les intimes), elle s’occupe en cuisinant tout en buvant du vin, ou bien en lisant un peu n’importe quoi. Les mots de Plath et de Ducharme restent ceux qui ont le plus bercé son imaginaire et c’est dans la poésie et les romans graphiques qu’elle savoure le plus son expérience littéraire. Féministe, elle apprécie énormément la maison d’édition Remue-Ménage pour ses œuvres puissantes et conscientisées.

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