Annie Ernaux, je l’aime d’amour. Lorsque j’ai appris qu’elle lançait un nouveau roman cette année, je voulais bien entendu le lire, mais je tenais aussi à le conserver pour le parfait moment. J’avais hâte, mais surtout je voulais en profiter.
C’est donc pas plus tard qu’en juillet que j’ai décidé de me lancer dans Mémoire de fille. Dans ce texte, elle tente de raconter l’été ’58 où elle a travaillé dans une colonie de vacances, l’été de sa première relation sexuelle et la façon dont la jeune fille en elle a vécu cet épisode qui est devenu un moment des plus marquants dans sa vie.
Ce que j’aime le plus de l’oeuvre d’Ernaux, c’est l’universalité dans les thèmes les plus intimes. Elle réussit à parler de choses qui arrivent tous les jours comme l’amour, l’avortement, le premier rapport sexuel, mais avec tellement de justesse qu’elle en fait presque une représentation sociologique d’une société marquée dans le temps.
Dans Mémoire de fille, on est avant la révolution de mai ’68 et on y découvre toute la honte liée aux relations sexuelles et toute la domination masculine aussi. La jeune Annie, de 1958, est éprise suite à son épisode au camp d’une honte face à la sexualité, ce qui est fort représentatif de l’époque.
Ernaux se questionne tout au long vis-à-vis son écriture, elle tente d’approcher le plus possible de la vérité et de décrire le plus vraisemblablement ce qui s’est passé. En tentant de ne pas y laisser son regard de la femme 50 ans plus tard, elle cherche à retrouver dans ses souvenirs la véritable façon qu’elle a eu de vivre cet épisode et comment celui-ci a eu des effets sur elle et sur les années qui ont suivi. Essayant de raconter le plus nettement possible des brides de scènes et même de pensées, Ernaux offre une vision des plus précises de ce que cet événement a réellement été pour elle. J’ai trouvé cela des plus passionnant qu’elle se livre sur son entreprise littéraire et son rapport à l’écriture dans ce roman. Ernaux tente d’être le plus sincère et fidèle possible à ce qui s’est vraiment passé, mais le passage du temps et la mémoire restent néanmoins des éléments à prendre en compte dans l’écriture de ce récit.
C’est bête de ne pas savoir à quel moment on serait le plus heureux.
En terminant, dans une entrevue accordée à Nathalie Collard pour La presse, Annie Ernaux a répondu ceci à « On peut dire que c’est un livre féministe ? »
« Je vais vous dire une chose: je me demande comment on peut ne pas être féministe. De la même façon, je ne comprends pas qu’on puisse avoir une vision des classes sociales et de la domination qui soit de droite et conservatrice. Pour moi, c’est la même chose. »
Ça y est, je l’aime encore plus.
Merci, je l’ajoute à ma liste!
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