C’est immanquable, à chaque départ son lot de cadeaux. Mes premiers voyages, j’essayais de faire plaisir à mes proches en leur achetant un trésor d’ailleurs. Après plusieurs années à parcourir le monde, j’essaie désormais de m’inclure aussi là-dedans. Pour moi, le moment le plus difficile au retour, c’est la nostalgie de l’endroit. On a encore envie d’y être et pourtant la lecture peut nous y ramener si facilement! C’est pourquoi je passe souvent dans une librairie sympathique en fin de voyage (pour ne pas m’infliger l’insoutenable pesanteur de mes achats tout au long du voyage) et je bombarde de questions le libraire : Où se trouve la section des auteur(e)s locaux? Quelle fiction l’a profondément touché? Les questions s’enfilent ainsi au gré des conversations littéraires jusqu’à ce que j’aie trois ou quatre options devant lesquelles j’hésite longuement.
Et je quitte, avec un morceau de pays sous le bras, un endroit encore inédit que je pourrai visiter chaque fois que je le désirerai.
If you’re going to San Francisco
Ville mythique, j’ai eu envie d’y retourner mille fois tout, comme Alexandra dans les Chroniques d’une anxieuse : j’te jure, tu vas revenir! Un auteur m’a aidée à y retrouver son essence (rétro en plus!). Armistead Maupin et ses Chroniques de San Francisco (Tales of the city). Ces dernières se situent dans les années 70 et 80 et relatent entre autres la vie Mary-Ann Singleton, fraîchement débarquée à San Francisco, Mouse (Michael) Tolliver, Mona Ramsey, Brian Hawkins et Mme Anna Madrigal. La série compte neuf tomes qui habilement donnent le ton de l’époque et leurs enjeux (homosexualité, bisexualité, drogue, VIH, etc.) dans une atmosphère de découverte, d’éclatement et d’émancipation.
C’est tout en haut des escaliers de la célèbre librairie indépendante City Lights Books, mentionnée par Gabrielle dans Destinations littéraires estivales et par Marjorie dans “We should all be feminists”, que mon âme a vagabondé du côté de la poésie et je me suis laissée tenter par le recueil de poésie Howl and others poems d’Allen Ginsberg et Scattered poems de Jack Kerouac. Poésie expérimentale, écriture spontanée, on peut tenter de trouver une catégorie à leur prose, mais il faut surtout savoir qu’on se retrouve facilement happée par ces chefs-d’œuvre; un cri de colère de la Beat generation.
Mystérieuse Nouvelle-Orléans
Après une petite marche dans l’un des effroyables cimetières de la ville, j’ai décidé de m’arrêter dans l’historique maison coloniale qui abrite la librairie Garden district, où l’on m’a conseillé Claire Dewitt and the city of the dead de Sara Gran. J’étais à la recherche d’une histoire brumeuse où l’âme tourmentée de la « Big Easy » serait à l’honneur. Je l’ai non seulement adoré parce que c’est un véritable bijou de roman policier sans en être véritablement un (dans la mesure où s’y glisse un peu de fantaisie), mais aussi parce que la protagoniste, Claire Dewitt, est magnifiquement dépeinte : à peine remise d’une dépression nerveuse, son retour à New Orleans après Katrina, sa vocation de détective… Envoûtant.
Par le même libraire dévoué, j’ai rapporté Victory over Japan d’Ellen Gilchrist, un recueil de quatorze nouvelles de femmes et de filles sudistes déterminées et fortes. L’écriture simple et les phrases courtes de Gilchrist donnent un ton enfantin à certaines nouvelles racontées par des enfants.
“I got a few more cookies and went back up into the treehouse to finish my book. I could read all kinds of books. I could read Book-of-the-Month Club book. The one I was reading now was called Cakes and Ale. It wasn’t coming along too well.”
Et vous, quels livres vous ont fait (re)découvrir un pays ou une ville?