Réflexions littéraires
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La nostalgie des séries

Lorsque j’avais le plaisir d’être une enfant, j’avais développé un intérêt grandissant pour la lecture de séries. J’adorais le sentiment de pouvoir débuter et terminer un livre sans que l’histoire, elle, ne soit arrivée à terme. Je ne voulais pas voir la fin. Ou du moins, je tenais à prendre mon temps. Vous savez, cette chose que vous avez en quantité phénoménale lorsque vous êtes jeunes.

La jeune lectrice que j’étais suivait une règle bien rigoureuse, celle de ne jamais fermer un livre avant de l’avoir terminé. Même si je le détestais, je me devais de le finir. J’aurais dû rencontrer Pennac plus tôt dans mon existence, mais la vie en a voulu autrement. Je respectais la littérature à ce point que je ne voulais pas la froisser. Pas question que je laisse des orphelins derrière, des abandonnés, des délaissés, des oubliés. Bref, j’avais le cœur d’une enfant fragile et amoureuse d’un monde, le plus beau, celui des livres.

nostalgie-des-series4À l’époque, j’avais passé à travers les divers tomes de Harry Potter, ceux d’Amos d’Aragon et d’À la croisée des mondes. Toutes ces séries ont illuminé mes vacances d’hiver et celles d’été. Il ne manquait que la trilogie du Seigneur des Anneaux pour compléter le tableau. J’ai donc commencé ma traversée de la comté aux côtés des Hobbits. Puis, j’ai dérogé de ma règle d’or et je n’ai pas abouti. Le chemin me paraissait trop long, trop ardu. Les interminables paragraphes de descriptions auront fini de m’achever. La marche était sans fin. Depuis, j’ai rayé ce règlement de mon existence. Le Seigneur des Anneaux fut le premier roman que je ne terminai pas.

Maintenant adulte, mes rituels de lecture ont changé comme la femme que je suis devenue. Je nostalgie-des-series2sélectionne plus par auteur que par série. Je lis des essais, de la poésie, des ouvrages de psychanalyse et autres. J’ai appris à avoir des horizons d’attente différents avant ma lecture. Je ne cherche plus seulement le divertissement. Je fais des apprentissages. Je veux réfléchir. Je suis également confrontée à des problématiques qui me permettent de me remettre en question.

Ceci étant dit, parmi toutes ces lectures pour la maîtrise et les séminaires, j’ai recommencé à vouloir lire pour le plaisir. À un certain moment, il m’est paru nécessaire de me libérer l’esprit. Lacan et Freud avait été privilégiés pendant trop longtemps. J’ai donc choisi de me replonger dans le monde de la série. Le trône de Fer sera arrivé à temps dans ma vie. Dès lors, j’ai reconnecté avec un ancien amour de jeunesse.

nostalgie-des-series3Dans les mêmes circonstances que celles de mon enfance, à savoir les vacances, je me suis donné un défi, celui de redécouvrir la trilogie mettant en vedette la communauté de l’anneau. J’ai retroussé mes manches et j’ai repris mes vieux bouquins. Et savez-vous quoi? J’y prends beaucoup de plaisir. Je constate que ma lecture a particulièrement évolué. Après avoir passé des heures à lire des ouvrages de psychanalyse, les pages de description de paysages me semblent faciles et aisés à traverser. Cette révélation me rend fière de ma volonté de poursuivre dans l’univers de J.R.R. Tolkien. Sans détermination, quelle perte!

La nostalgie est une bonne émotion. Souvent, nous l’associons à la tristesse et aux regrets. Pourtant, la nostalgie nous permet de ne rien oublier et de vivre deux fois plutôt qu’une ce qui nous manque. Il ne faut donc pas la craindre. Il fait bon de se rappeler. Il fait bon de vouloir revivre ses vieux sentiments d’antan. Relire est d’ailleurs une activité que j’adore entreprendre. J’aime me souvenir. J’aime me remémorer. Et cette manière de faire permet de partir vers de nouvelles aventures et parfois même vers des anciennes qui ne nous avaient pas enchantés d’emblée. Après tout, tout le monde a le droit à une deuxième chance.

Et vous, avez-vous déjà abandonné une série ou un livre pour y revenir plus tard et l’apprécier davantage?

Crédit photo: Michaël Corbeil
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Mais qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance?» (Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris) Les vers de Baudelaire auront été la source de son épanouissement en tant que bizarroïde de ce monde. La poésie, Marika la vit au quotidien à travers tous les petits plaisirs qui s’offrent à elle. Une grimace partagée avec une fillette dans le métro, la fabrication d’un cerf-volant dans un atelier strictement réservé aux enfants, un musicien de rue interprétant une chanson qui l’avait particulièrement émue par le passé, lui suffisent pour barbouiller le papier des ses pensées les plus intimes. Chaque jour est une nouvelle épopée pour la jeune padawan qu’elle est. Entre deux lectures au parc du coin, un concert au Métropolis et une soirée au Cinéma du Parc pour voir le dernier Wes Anderson, elle est une petite chose pleines d’idées et de tatouages, qui se déplace rapidement en longboard à travers les ruelles de Montréal. Malgré ses airs de gamine, elle se passionne pour la laideur humaine. Elle est à la recherche de la beauté dans tout ce qu’il y a de plus hideux. Elle se joint au Fil Rouge afin de vous plonger dans son univers qui passe des leçons de Star Wars aux crayons de Miron en faisant un détour par la voix rauque de Tom Waits et le petit dernier des Coen. Derrière son écran, elle vous prépare son prochain jet, accompagnée de son grand félin roux, d’une dizaine de romans sur les genoux et d’un trop plein de culture à répandre

3 Comments

  1. Je n’ai pas abandonné mais j’ai également eu beaucoup de mal avec « Le seigneur des anneaux », c’est vraiment très dense et ça demande une attention de chaque instant!
    Là je suis en plein « Harry Potter » ( j’ai pris mon temps pour m’y mettre mais maintenant je suis lancée ^^ ) et je prends un plaisir fou à découvrir la plume de J.K.Rowling et tous ces petits détails ( au combien importants ) qui ont été mis de côté pour les films 🙂

    Aimé par 1 personne

    • Marika Guilbeault-Brissette says

      Effectivement, l’expérience de lecture n’est définitivement pas la même. Ceci dit, les deux univers sont tellement intéressants. Évidemment, j’ai un grand faible pour Harry Potter. J’ai grandi avec le trio. L’écriture de J.K est fine et empreinte d’une telle précision. Je vous souhaite une bonne continuation dans ce monde magique. Pour ma part, je trouve que le chapitre 33 des Reliques de la mort, Le récit du prince, est l’un des plus beaux chapitres qui fut écrit dans l’histoire de la littérature. Vous m’en direz vos impressions.

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