Qu’ont en commun les bande-dessinées Louis parmi les spectres (Fanny Britt – Isabelle Arsenault) et S’enfuir (Guy Delisle), les essais Les superbes (Léan Clermont-Dion – Marie Hélène Poitras) et le Manuel de résistance féministe (Marie-Eve Surprenant), le roman Okanagan de Sara Lazzaroni et finalement l’ouvrage scientifique Une brève histoire du temps écrit par Stephen Hawking ? Ce sont les six livres qui m’ont aidé à faire le pont entre 2016 et 2017.
Bien qu’il n’y ait de réel changement que dans un chiffre de l’année inscrite sur le calendrier, nous avons pris l’habitude de réfléchir les douze derniers mois juste avant d’entrer dans la prochaine année. Nous résumons nos vies sur plusieurs plans sous forme de bilan et nous dressons la liste de ce que nous aimerions accomplir et améliorer dans le futur proche. C’est en quelque sorte un droit, une possibilité de se recommencer, d’entamer une nouvelle étape sur de meilleures bases. Le passage vers une nouvelle année, c’est toujours un peu étrange, un sentiment qui mélange nostalgie, soulagement et euphorie. On soupire enfin, on attend une seconde et on reprend notre souffle.
Quelqu’un m’a souhaité <<la continuité>> cette année. Oui, la continuité, dans le sens de prendre tous mes acquis jusqu’ici et de créer quelque chose en y rassemblant tous les morceaux, poursuivre le développement de ma curiosité et l’effervescence de toujours entamer le jour comme neuf, sans oublier le précédent et celui qui viendra. Continuer de rire, de lire, de peindre, d’écrire, de désirer, d’apprendre, de vouloir connaître, de découvrir, d’apprendre, de développer mes habiletés, de voir, d’entendre, de sentir, de bouger, de danser, de faire des folies, de vivre. Continuer de vivre en étant chaque jour un peu plus moi.
Durant les deux semaines encerclant les fêtes de Noël (et de ma nièce (1 an)) et du Jour de l’an, j’ai ressenti le besoin de disparaître quelques temps ici et là pour lire et je me suis lancé dans des lectures très diversifiées. J’ai beaucoup absorbé d’informations, de réflexions, de frustrations, d’exclamations. On dirait que j’avais besoin de tout ça pour traverser d’une année à l’autre et de le faire avec un bagage qui me ressemblait et qui me permettrait de m’ouvrir encore plus au monde, à notre humanité.
Je ressens une urgence et une nécessité de laisser le temps aux choses d’acquérir une âme, un besoin d’affirmation de mon être intime qui a depuis toujours appris à se taire, à marcher droit, à penser comme ci et à dire comme ça, une envie grandiose d’engagement envers les autres (la nature, les animaux, la planète, les humains, l’amour, la créativité sous toutes ses formes), l’importance de nuancer, de tout critiquer, de se forger une opinion, de nous permettre de nous tromper, d’écouter ce que l’autre a à dire et d’attendre la même chose de lui (d’elle), de questionner, d’amener toujours plus loin mes idées, mes pensées, mes connaissances.
Le féminisme (sa définition, toutes ses formes, ma manière d’être féministe), la science (tenter de répondre à des questions universelles sur l’existence, d’où est-ce que je viens ? Je suis là pourquoi ? Je fais quoi de ma vie ? (Relativité Générale, Mécanique Quantique) aller beaucoup plus loin, en réfléchissant le monde, du Big bang à aujourd’hui), l’amour, les batailles que l’on doit mener dans la vie. Trouver une cause, des causes dans lesquelles employer ma couleur et mon énergie créative.
Dans ces livres, je suis partie à la recherche de moi, d’un moi multiple, d’un moi soudé, comme Léa, l’héroïne d’Okanagan. Je me suis laissée inspirer par le courage du petit Louis qui tente de déclarer son amour à la belle Billie, ainsi que par celui de Christophe André qui n’a eu d’autres choix que d’oser pour échapper à sa condition d’otage.
Tous ces livres se sont inscrits en moi pour m’armer, m’aider à prendre les rames de ma vie et pour savoir encore une fois et encore mieux me définir et me relever devant chaque vague qui tenterait de venir me briser, me bousculer.
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Okanagan (Sara Lazzaroni, publié chez Leméac en 2016) raconte les quelques mois que passe Léa, en compagnie d’autres jeunes comme elle, à cueillir des cerises et d’autres fruits dans la vallée d’Okanagan (sud de la Colombie-Britanique). Elle tente alors de fuir Québec et le souvenir d’un amour qui s’est douloureusement terminé.
<<Je n’avais plus faim, mais j’aurais mangé encore tout ce qu’il y avait sur la table. Je n’avais plus soif, mais j’aurais bu cette bouteille jusqu’au coma éthylique. Je voulais ouvrir ma bouche assez grand pour tout prendre, pour avaler le vertige. >>
Louis parmi les spectres (publié chez La Pastèque, 2016) signe le deuxième projet collaboratif entre l’écrivaine et dramaturge Fanny Britt et l’illustratrice Isabelle Arsenault. Il raconte l’histoire d’un jeune garçon amoureux, pris dans un triangle familial peu évident (ses parents s’aiment mais son père est alcoolique, son petit frère a une belle lucidité). D’une grande beauté et d’une douce sensibilité, cette bd touche des sujets aussi difficiles que l’alcoolisme et l’amour (sous diverses formes).
<<Je ne savais pas que l’amour c’est comme une roche qui explose le cœur, qui fait mal autant qu’il fait vivre, et qu’il nous donne envie de fuir en même temps qu’il nous empêche de le faire. >>
S’enfuir, récit d’un otage (Guy Delisle, Dargaud, 2016) narre les semaines que vivra Christophe André, membre d’une ONG médicale dans la région de Caucase, en tant qu’otage. La prise d’otage se déroule entre le 2 juillet et le 20 octobre 1997, date où un évènement minime viendra changer le cours des choses pour André.
Les superbes (vlb éditeur, 2016), signé par les superbes Marie Hélène Poitras et Léa Clermont-Dion est d’abord une correspondance entre les deux femmes, avant de s’ouvrir sur des portraits de plusieurs autres femmes influentes au Québec. Elles nous parlent de succès, de la place de la femme publique et de tout ce que nous ne devons pas prendre pour acquis dans cette <> féministe, mais plutôt comment nous pouvons continuer de faire évoluer les consciences. <- Lecture nécessaire, selon moi.
Manuel de résistance féministe (Marie-Eve Surprenant, les éditions du remue-ménage, 2015) m’explique ce qu’est le féminisme, me fait prendre conscience de ma place dans le combat (l’éveil de conscience) et m’offre la cartographie de ce qui a été accomplie, ce qui doit être accompli et de tout ce que l’on doit protéger pour une meilleure condition de la femme, une meilleure condition humaine, pour une vie plus saine, équilibrée et vraie.
<<Pour les féministes, tous les humains sont fondamentalement égaux. […] Il y a en réalité autant de manières de vivre et d’exprimer son féminisme qu’il y a de femmes dans le monde ! […] RÉSISTONS ET CRÉONS, ENSEMBLE, POUR L’ÉGALITÉ ! >>
Stephen Hawking, physicien, a signé Une brève histoire du temps – Du big bang aux trous noirs, en 1988. C’est en fait le tout premier ouvrage écrit pour les non-spécialistes, il est donc accessible à tous. Comme moi, vous êtes peut-être fasciné par les étoiles depuis votre petite enfance, Hawking explique dans un langage simple et sans formules mathématiques, les mystères du monde dans lequel nous grandissons. (Exemplaire publié chez Flammarion – Champs sciences – en 2008)
<<Nous menons notre vie quotidienne sans presque rien comprendre au monde qui est le nôtre. Nous accordons peu de pensées à la machinerie qui engendre la lumière du Soleil, rendant ainsi la vie possible, à la gravité qui nous colle à la Terre qui, autrement, nous enverrait tournoyer dans l’espace, ou aux atomes dont nous sommes faits et dont la stabilité assure notre existence. À l’exception des enfants, peu d’entre nous passent beaucoup de temps à se demander pourquoi la nature est telle qu’elle est […]. >>
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Goûter les possibilités, ouvrir nos horizons, visiter tous nos champs d’intérêt, ouvrir la porte à l’ouverture d’esprit, à la responsabilisation, à l’histoire et à la curiosité, voilà ce que je nous souhaite à toutes, à tous pour la nouvelle année et pour celles qui suivront encore et encore et encore.
Je ne veux de réponse ni d’absolu nulle part, je veux continuer de déguster les mots, d’être surprise, de m’entendre rire aux éclats, je veux grimper des montagnes et je veux voir qu’à l’horizon, il en reste à perte de vue, que je puisse ou non les grimper.
Bonne année, bonne lecture, Louba. xx
Liens vers d’autres articles des superbes fileuses.
Okanagan -https://chezlefilrouge.co/2016/12/26/la-fuite-qui-mene-a-soi/
Louis parmi les spectres -https://chezlefilrouge.co/2016/12/04/un-duo-des-plus-merveilleux-fanny-britt-et-isabelle-arsenault/
Les superbes -https://chezlefilrouge.co/2016/11/15/les-superbes-quand-le-succes-et-lambition-derangent/
Manuel de résistance féministe -https://chezlefilrouge.co/2016/02/28/manuel-de-resistance-feministe-a-mettre-entre-les-mains-de-toutes-les-femmes/
Une brève histoire du temps -https://chezlefilrouge.co/2014/12/25/tant-quil-y-a-de-la-vie-il-y-a-de-lespoir/
Bonjour ! J’aimerais savoir où êtes vous situer ?
Merci
Marie Claude Valois Poète 😇
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Je suis à L’Anse-à-Beaufils – Percé.
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