Enseignante de littérature dans un cégep, j’ai motivé un groupe de douze étudiants à participer au Prix littéraire des collégiens 2017 au cours de la session d’hiver. Toutes les deux semaines, nous nous rencontrons pour discuter des œuvres sélectionnées, pour les décortiquer et les critiquer et ainsi en déclarer une gagnante du Prix littéraire des collégiens 2017.
Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin était la lecture brise-glace (sans mauvais jeu de mots) pour la première rencontre du Prix.
C’est indéniable, le roman a fait l’unanimité.
D’abord, les cégépiens ont été séduits par l’écriture de l’auteur, à la fois si masculine, si familière, mais aussi extrêmement balancée avec une stylistique bien maniée. Que ce soit la métaphore de la neige, qui représente cette douleur humaine, cette recherche personnelle d’absolution, l’atmosphère lourde qui habite le village ou encore la pression qui pèse sur les deux personnages. Les titres de chapitre renvoient à la hauteur de cette neige et établissent un parallèle entre l’augmentation de la neige accumulée et la montée de la tension à l’intérieur de cette cabane isolée.
C’est surtout sur la relation entre Matthias et le personnage principal que se sont attardés les étudiants; par le contraste entre l’attitude des deux hommes. La mauvaise foi de Matthias versus la grandeur d’âme du personnage principal. Cette dualité rend la relation très froide, difficile, forcée, mais cette relation est le centre de l’histoire. Ils sont obligés de vivre ensemble, de s’endurer, de se soutenir. Tandis que l’un accomplit des actions à contrecœur (il doit pouvoir en tirer des avantages), l’autre est magnanime et ne désire rien de plus.
Seul bémol, les étudiants ont eu peur que le personnage principal ne dise pas un mot de tout le roman (ce qui n’est pas le cas, je vous rassure). Ils ont par la suite apprécié que sa langue se délie, car c’est surtout la relation entre celui-ci et Matthias qui les intéressait.
La présence de livres en a fait sourciller certains. Matthias comble les silences, assez fréquents, par la lecture de passages qui, chaque fois, sont représentatifs de la situation dans laquelle ils se trouvent. Une espèce de libération, libération symbolique qui sera brûlée par le narrateur lorsqu’ils vont manquer de quoi se réchauffer. Le seul fil qui retenait cette relation complexe.
Certains passages de pure bonté ont marqué les étudiants : lorsque le personnage principal abandonne des provisions qu’il a récoltées au profit d’une famille qui en a besoin (mais certainement pas autant que lui) et lorsqu’il découvre le cadavre d’une vieille femme et prend soin de l’enterrer. Ainsi que d’autres de pure innocence : Jonas, un personnage un peu « fou », qui tente de conserver intact ce village polaire qui part à la dérive.
Un verdict oscillant entre 7/10 et 8/10, les étudiants voulant se laisser une marge de manœuvre pour les prochaines lectures. Certains l’ont même recommandé à leur famille.
Si Le poids de la neige vous a particulièrement interpellé, allez lire l’article de Karine sur son coup de coeur, Christian Guay-Poliquin, vous y découvrirez également Le fil des kilomètres, excellent roman du même auteur.
La prochaine lecture du Prix littéraire des collégiens sera Le continent de plastique de David Turgeon.
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