Je pense avoir manqué un bout. Cela doit faire plus de quatre ans que j’ai La course au mouton sauvage d’Haruki Murakami dans ma bibliothèque, sans y toucher. Avec plus de 35 ans d’ouvrages publiés, ça m’aura pris un bon bout avant de découvrir un auteur que plusieurs adorent, dont plusieurs fileuses (Kim D. vous raconte sa passion murakamienne ici et Raphaëlle B. vous a fait la critique de Kafka sur le rivage ici.)
Une première lecture surprenante
Il y a quelques semaines, j’ai décidé de me plonger dans le troisième roman de l’auteur datant de 1982 et le premier assumé dans son style littéraire, le réalisme magique. Je ne pense pas avoir déjà lu un roman appartenant à ce style, alors je l’avoue, j’étais parfois surprise par la tournure des événements, mais, je le redis, je suis une débutante par rapport à l’œuvre de Murakami. Avec un certain recul, je me rends compte que j’ai bien aimé ce roman et que je vais probablement continuer de découvrir son oeuvre avec bonheur.
Le train était formé de deux voitures et transportait au total une quinzaine de passagers. Tous ligotés l’un à l’autre par les solides liens de l’indifférence et de l’ennui.
Le mouton au cœur du roman
La course au mouton sauvage prend forme vers la deuxième moitié du roman quand le protagoniste de l’histoire se voit donner une photo à publier dans son magazine représentant plusieurs moutons dans une plaine entre deux montagnes. Par la suite, un homme très civilisé, représentant une organisation de l’extrême droite, visite notre protagoniste sans nom et se doit de retrouver un certain mouton avec une étoile sur le dos représenté sur la photo, et de comprendre le mystère englobant celui-ci. Il faut savoir que dans le roman, les moutons sont des créatures qu’aucun Japonais n’avait vues avant l’ère Meiji (1868-1912), le mouton possède donc un aspect mystique et rarissime. La tâche semble absurde, néanmoins, le protagoniste l’accepte, se retrouvant à peine deux mois après son divorce. Cette mission a plus l’aspect d’une aventure que d’une tâche désagréable. C’est la possibilité de sortir du quotidien, d’être surpris, et, si la mission n’est pas réussie, d’une échappatoire à une vie plus ou moins agréable.
J’écartai furtivement ses cheveux pour poser mes lèvres sur son oreille. Il y eut un léger frémissement de l’univers. Un univers minuscule, microscopique. Là où le temps coulait comme une brise tranquille.
Une familiarité étonnante et un mélange de culture
C’est avec sa girlfriend que le narrateur anonyme part vers Sapporo pour se lancer sur les traces du mystérieux mouton. Au cours de sa quête picaresque, l’homme se voit faire face à lui-même, mais également à quelques souvenirs passés. L’histoire se partage entre le confort de Tokyo et les rigueurs du Hokkaïdo. C’est à travers la représentation des lieux qu’on se rappelle que l’histoire a bel et bien lieu au Japon. Le protagoniste est un homme très contemporain qui écoute régulièrement du rock ou qui lit Les aventures de Sherlock Holmes. De ce fait, les personnages ne sont jamais représentés comme un stéréotype japonais, bien au contraire. L’auteur mêle aisément les cultures, ce qui donne un aspect très familier au roman.
Cependant, entre parler avec franchise et dire la vérité il y a un monde — comme la distance entre la proue et la poupe d’un bateau. La franchise apparaît d’abord, la vérité vient en dernier.
Un dernier chapitre encré dans le réalisme magique
La fin est étonnante, encore plus pour ceux qui n’ont jamais lu du Murakami, et celle-ci compense les quelques longueurs que j’ai ressenties lors de ma lecture. L’auteur mélange la magie au réel et les questions aux réponses pour concocter une fin surprenante. Il va sans dire que les idées de l’auteur sont très originales et forgent son style littéraire au plus grand plaisir de son public.
Quelles sont vos œuvres préférées de l’auteur? Êtes-vous passionné par le réalisme magique?
Cet auteur écrit toujours des choses folles! Tellement poétiques. Je ne sais pas lire un livre de lui c’est un peu comme être transporté dans une bulle intemporelle!
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