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Prix littéraire des collégiens 2017 : Ce que des étudiants ont pensé des Maisons de Fanny Britt

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Enseignante de littérature dans un cégep, j’ai motivé un groupe de douze étudiants à participer au Prix littéraire des collégiens 2017 au cours de la session d’hiver. Toutes les deux semaines, nous nous rencontrons pour discuter des œuvres sélectionnées, pour les décortiquer et les critiquer et ainsi en déclarer une gagnante du Prix littéraire des collégiens 2017.

Les maisons de Fanny Britt était la lecture pour la quatrième rencontre du Prix.

« Tessa est égoïste, m’a lancé une étudiante. Égoïste de penser partir aussi facilement, laisser tout en plan. Ça fait encore plus mal de savoir que son mari Jim l’aime autant. »

Roman sur l’envie d’adultère, Les maisons aborde avec féminité et justesse le sujet.

L’écriture a plu aux étudiants : l’expérience dramaturgique de l’auteure paraissait dans les dialogues par le franc-parler des personnages, leurs expressions, leur façon de communiquer; Fanny Britt possédant un style plus clair que les autres auteurs, plus doux.

L’histoire

Tessa, agente immobilière, mère de trois enfants, femme de Jim, rencontre son amour de jeunesse. Elle se remettra en question sur ses choix personnels et familiaux.

À l’aide de petites bribes du passé, on découvre la personnalité de Tessa. Une femme qui ne s’aimait pas, dont la vie n’était pas contrôlée, anxieuse. Les gens qu’elle avait aimés de tout son cœur sont coincés dans le passé : son frère, mort lorsqu’elle était plus jeune, et Francis, ancien amoureux. Ils étaient restés immortels, parfaits; ses souvenirs d’eux étaient intacts. Elle les idéalisait et cette rencontre inattendue avec Francis remet les choses en perspective.

L’amour

Les étudiants ont décortiqué les relations amoureuses de l’œuvre: l’amour « amoureux », celui de Jim envers Tessa, un amour simple, chaleureux et sain; l’amour « raisonné », celui de Tessa pour Jim, vu qu’elle étudie constamment son couple, qu’elle se remet en question à maintes reprises; l’amour « passionné » de Tessa et de Francis, qui n’aura que brièvement survécu, étant déjà impossible dès son commencement.

La rencontre avec Francis a été un moment marquant, surtout grâce à l’étude de ses mains, de ses cheveux, au moment où cette ombre qui planait sur elle lors des dernières semaines disparaît. Où elle comprend que l’homme qu’il est aujourd’hui n’est plus du tout cet idéal qu’elle avait créé, que son Jim l’attendra à la maison, sans se douter de rien, qu’elle peut enfin mettre ses doutes de côté.

N’est-ce pas d’une éclatante évidence? Est-il encore possible que ce soit lui, mon amour torrentiel? Ses cheveux grisonnants mais surtout clairsemés […] ses cheveux changés, en tout cas, et puis les vêtements, ceux-là mêmes qu’il aimait à l’époque, mais qui désormais lui donnent un air tristounet, ce Francis réel, en somme, que vient-il faire dans mes délires? (p. 205)

Fanny Britt nous livre la gestion de la crise de la quarantaine d’une femme anxieuse et elle le fait avec brio. Les personnages sont complexes, ont une profonde psychologie et nous confrontent à nos valeurs.

Le moment intime entre Tessa et son premier enfant a charmé les étudiants, ils le décrivaient comme une « chose parfaite », le lien familial idéal où pour une fois, Tessa réussissait à perdre toute l’angoisse qu’elle avait en elle. Toutes les mentions du projet du pont d’un de ses enfants montraient la banalité du quotidien avec ses activités familiales, si bien décrite par Britt.

Un verdict oscillant entre 6/10 et 8/10, les étudiants ayant apprécié la lecture de l’œuvre, mais ne la considèrent pas comme un classique, comme une œuvre qui perdurera dans le temps à cause de son sujet, l’amour infidèle, et du fait qu’il est très féminin.

Pourtant, moi, je l’ai adoré et je le trouve efficace, aussi pertinent maintenant que dans trente ans. C’est peut-être l’âge, me direz-vous.

Si Les maisons vous intéresse, allez lire l’article de Martine pour obtenir une seconde critique. 

La prochaine et dernière lecture du Prix littéraire des collégiens sera Des femmes savantes de Chloé Savoie-Bernard.

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par

Vanessa est prof de littérature dans un p'tit cégep de région. Ce qui l'épanouit, c'est d'être près d'une bibliothèque où les tablettes rondissent sous le poids de ses lectures, d'une table de chevet trop encombrée, d'une grosse douillette de loup avec un café et un signet qui a vu défiler les années. Vanessa en mange matin, midi, soir, entre amies, entourée d'étudiants, seule ou au club littéraire de son village. Toutefois, elle considère qu'il ne faut jamais forcer la lecture et qu'un livre se doit d'être lu au moment opportun. Elle comble le tout de cinéma, de séries télévisées (avec un faible pour celles américaines), de sports et de son chien Mika (une labrador noire trop énergique, mais juste bien colleuse quand c'est le temps). Et oui, elle a bel et bien 389 livres dans sa liste de souhaits Renaud-Bray et ça n’inclut pas ceux de sa PAL.

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