Je me promenais dans la rue, en larmes, sans égard pour les gens qui pouvaient croiser ma route. Je me cramponnais à mon livre comme si je pouvais avaler toute la beauté qui courait entre ses pages. J’avais bien dû le lire dix fois ce livre-là, mais rien à faire, chaque fois, je me transformais en pleureuse incapable de m’arrêter. C’était le livre que j’aurais voulu écrire, les mots que j’aurais tout donné pour mettre en phrases. C’était l’hymne à l’art par excellence, c’était le beau, le grandiose fait mots. Je ne me lassais pas. Je ne me lassais pas de pleurer toute la beauté que Muriel Barbery avait réussi à mettre en place.
L’élégance du hérisson est un de ses ouvrages que l’on décide d’ouvrir une première fois par curiosité. Le titre nous plaît, la quatrième de couverture aussi. On commence notre lecture sans réellement savoir ce qu’on espère y trouver. Et l’on se fait happer par ce qu’on y décèle.
Il y a d’abord Madame Michelle, la concierge d’un immeuble où les gens riches et fortunés vivent. Une concierge qui, en apparence, ressemble à ce que l’on attend d’elle : simpliste, rude et qui fait le travail sans demander son reste. Sous ses airs sauvages, et ses habits négligés, Madame Michelle conserve toutefois un secret bien gardé. Bien installée dans la pièce secrète qu’elle s’est créée, elle dévore les ouvrages de Tolstoï, écoute des films japonais ou se pâme sur un morceau de musique d’un autre temps pendant que, dans l’autre salle, sa télévision crache quelque insipidité pour donner le change. Elle ne souhaite pas que l’on connaisse sa vérité, elle ne souhaite pas que l’on sache qu’elle peut être autre chose qu’une femme dure et inculte. Qu’attendons-nous d’autre d’une concierge, de toute façon?
Et il y a Paloma, une petite fille à l’intelligence saisissante qui vit dans l’édifice de Madame Michelle. Sa famille est fortunée, se complaît dans le luxe et dans les faux savoirs, mais Paloma y voit clair. La vie la dégoûte, et, du haut de ses douze ans, elle a décidé d’avorter l’existence qui la mènera de toute façon à la mort. Pour Paloma, le chemin est tout tracé, elle se suicidera le jour de ses treize ans.
De leur rencontre naîtra un échange sur l’art et la vie, à la fois touchant et puissant, qui plongera le lecteur dans des questionnements qui lui sont propres. Et qui changera les chemins des protagonistes de façon remarquable.
Avec L’élégance du hérisson, Muriel Barbery ouvre la porte à une multitude de réflexions sur la place de la beauté et de la culture dans le monde, sur les effets de l’art sur l’être humain. Sur ces instants grandioses qui semblent arrêter le temps et qui surviennent lorsqu’on ne les espère plus.
Avec L’élégance du hérisson, Muriel Barbery vient nous toucher en plein coeur, elle vient nous rappeler toute l’importance du beau, du doux dans nos existences.
Et la nécessité d’insérer la vie dans nos vies.
Quel bel article. L’élégance du hérisson est un des rares romans qui m’ont fait pleurer.
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