C’est le joli visuel du roman Le deuil tardif des camélias qui a attiré mon attention au premier abord. Il ne manquait plus que je prenne connaissance que l’auteur était Daniel Leblanc-Poirier, dont j’avais apprécié la plume dans son recueil de poésie Le naufrage des colibris, pour me convaincre de le lire.
L’histoire
Le roman nous présente la vie d’Étienne et Laurent, deux amis et colocataires partis de Gatineau Beach pour venir étudier (en théorie plus qu’en pratique) à Montréal. Par la voix d’Étienne, nous les suivons dans le désordre tumultueux de ce moment de leur vie, comme suspendu, entre l’adolescence et l’âge adulte. L’histoire tournant autour de la relation toxique que Laurent entretient avec Florence nous trace le portrait d’une génération désillusionnée, d’une bande d’amis, d’amoureux, d’ex-amoureux et d’amants.
Amitié, amour, ruptures, infidélité, deuils, drogues, trahison, manipulation : à première vue, rien de jamais vu. Vous vous demandez ce qui m’a plu à lire les (més)aventures de presqu’adultes agissant comme s’il n’y avait pas de lendemain? J’y ai reconnu, en partie, ma génération, fin vingtaine-début trentaine. J’ai aimé lire leurs faiblesses, la pureté de leurs défauts, leur manière de se laisser guider par le plaisir dans une période trouble de leur vie et de prendre la fuite. Je me suis attachée à ces personnages bien définis; vivants, amoureux, instables, insouciants, mesquins ou égocentriques. Je me suis laissée rapidement emporter par les mots, tournant les pages avec urgence.
« Puis un soir, Raphaëlle a appelé Laurent, alors il a laissé Florence seule. Elle savait probablement où il était parti alors et j’imagine qu’elle était en tabarnac. C’est pourquoi vers minuit, quand Laurent est rentré à Pointe-Saint-Charles, il y avait un couteau planté dans le divan. Florence était assise à table. Elle a dit une affaire du genre « je sais que t’as le pénis sale. T’as couché avec elle, je le sais». Il en a profité pour essayer de la crisser dehors , mais elle lui a ri dans la face. Elle aurait dit quelque chose comme « c’est moi qui paye, fuck you, toi décrisse, pis rends-moi mon deux mille piastres ». Ça fait que le lendemain, il a essayé d’emprunter deux mille au prêtre, mais le bonhomme a refusé, alors c’en est resté là. Il a passé le balai et il est retourné chez lui, dans son purgatoire. Florence l’a accueilli avec un souper aux chandelles. »
Une plume franche et poétique
J’ai reconnu le poète, par le style indéniable des mots; les métaphores très présentes, la langue vraie, vivante et imagée.
« Je la voyais briller comme une ville au complet et je l’aimais de plus en plus, emberlificoté dans mes propres cordes à danser. »
Le deuil tardif des Camélias est un de ces romans qui ne possèdent pas une histoire qui sort de l’ordinaire, qui raconte un passage de la vie, sans la magnifier, mais dont on reste imprégné par le style et les personnages. C’est cru. Ça se lit à toute allure, au rythme de leurs péripéties. Ce deuxième roman de Daniel Leblanc-Poirier est publié aux Éditions de L’Interligne.
Quel est le dernier roman que vous avez lu sans le déposer une seule fois ?
Le fil rouge remercie les Éditions de L’Interligne pour le service de presse.
Merci.
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