Poésie et théâtre
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Je marche avec Walt Whitman

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Walt Whitman. Pilier de la poésie américaine. Figure de proue d’une poésie qui tardait à naître aux États-Unis. Homme chantant l’Amérique et sa nature luxuriante.

Walt Whitman. Vous le connaissez. Son nom est mentionné ici et là, car il ne peut pas être oublié. Une fois que vous avez posé vos yeux sur ses vers, ses mots s’incrustent dans votre esprit, vos lèvres s’imprègnent de ceux-ci.

La culture américaine se l’approprie, car il en est le représentant le plus reluisant du XIXe siècle. Le personnage de Roberto Benigni y fait référence dans le film Down by Law de Jim Jarmusch. Walter White, personnage principal de la série à succès Breaking Bad, se voit offrir son recueil de poésie Leaves of Grass. Qui ne se rappelle pas la récitation pleine de verve de O Captain! My Captain! de Robin William dans le film culte Le Cercle des poètes disparus? Walt Whitman est là pour rester.

O Captain! My Captain! our fearful trip is done;
The ship has weather’d every rack, the prize we sought is won;
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring
But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.
O Captain! My Captain!, Walt Whitman

Je l’ai découvert sur le tard, apprécié dès les premiers vers. Il y a quelque chose de réconfortant dans la poésie de Whitman. J’aime imaginer sa lecture comme un voyage intérieur à l’extérieur. Je marche avec Whitman, dedans et dehors. Je ferme les paupières, mais j’ouvre les yeux. Feuilles d’herbe, c’est mon épopée d’Amérique.

On y voit tout. Du nord au sud. De l’est à l’ouest.

Pour l’Est comme pour l’Ouest,

Pour l’homme de l’État côtier, pour l’homme de la Pennsylvanie,

Pour le Kanadien tout au Nord, pour l’homme du Sud que j’aime,

Ces pages fidèles vous dépeignant à mon image, en chacun les mêmes germes,

Car j’ai confiance que le but majeur de nos États est de

fonder une amitié superbe, inouïe, exaltée,

Que je vois promise depuis l’origine, cachée en chacun de nous.

 

Pour l’Est comme pour l’Ouest, Walt Whitman traduit par Jacques Darras

On y vit tout. De l’hiver au printemps. De l’été à l’automne.

Coulant et découlant du magasin des pluies de l’été,

Ou des eaux capricieuses qui ruissellent à l’automne

Ou du réseau des mayes enfouies dans leur berceau de plantes,

Ou des rias gagnant la mer par souterrain cheminement,

Voici mes poèmes suivis de la continuité des années.

Coulant et découlant…, Walt Whitman traduit par Jacques Darras

La nature y est reine. La nature y est mère. Nous y rencontrons tous ses petits. Le vent, la pluie, l’herbe, la neige, le torrent, les fleuves, la terre. On y traverse les paysages changeants de notre Amérique. Les montagnes, les prairies, les forêts, les rivières.

Orgueilleuse musique de l’orage

Qui caracoles, rafale qui siffles à liberté sur les prairies,

Harpe puissante en cime des forêts – souffle des montagnes

Formes humaines dans les brumes – orchestres dans le secret,

Sérénades de fantômes aux instruments vivaces,

Mêlant à la Nature rythmus toutes les langues des nations,

Vous harmonies léguées par de géants compositeurs,

vous les chœurs,

Vous les fuyantes danses insaisissables des religions

-à l’orient,

Vous basse profonde des rivières, rugissantes chutes cataractes,

Vous comme canons sonores dans le lointain de la cavalerie galope,

Échos des campis qui s’appellent en leurs clairons divers,

Tumultueuses troupes manœuvrant en plein minuit, qui

me ployez qui me domptez,

Qui pénétrez dans ma chambre somnolente j’y suis seul

pourquoi m’agrippez-vous?

Orgueilleuse musique de l’orage, Walt Whitman traduit par Jacques Darras.

La poésie de Whitman, c’est une initiation à la beauté du monde. Celle que nous oublions trop souvent de contempler. Celle que nous tenons pour acquise. Celle qui, pourtant, ne nous appartient pas.

Prenons simplement le temps de l’admirer, de la côtoyer, de la respecter pour un court instant. C’est ce que la poésie de Whitman nous incite à faire. À ralentir. À regarder. À sentir. À s’émerveiller. À vivre. Avec rien. Avec peu. Avec tout.

À lire :

Couché dans l’herbe sous un ciel étoilé.

Mouillant vos pieds dans l’eau fraîche mourant sur le rivage.

À la lueur d’un feu de camp.

Et vous, où et quand vous plongerez-vous dans la poésie transcendante de Walt Whitman?

Feuilles d’herbe, Walt Whitman, traduit par Jacques Darras, Paris, Gallimard, 2002, 785 p.

Crédit photo : Michaël Corbeil.

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Mais qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance?» (Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris) Les vers de Baudelaire auront été la source de son épanouissement en tant que bizarroïde de ce monde. La poésie, Marika la vit au quotidien à travers tous les petits plaisirs qui s’offrent à elle. Une grimace partagée avec une fillette dans le métro, la fabrication d’un cerf-volant dans un atelier strictement réservé aux enfants, un musicien de rue interprétant une chanson qui l’avait particulièrement émue par le passé, lui suffisent pour barbouiller le papier des ses pensées les plus intimes. Chaque jour est une nouvelle épopée pour la jeune padawan qu’elle est. Entre deux lectures au parc du coin, un concert au Métropolis et une soirée au Cinéma du Parc pour voir le dernier Wes Anderson, elle est une petite chose pleines d’idées et de tatouages, qui se déplace rapidement en longboard à travers les ruelles de Montréal. Malgré ses airs de gamine, elle se passionne pour la laideur humaine. Elle est à la recherche de la beauté dans tout ce qu’il y a de plus hideux. Elle se joint au Fil Rouge afin de vous plonger dans son univers qui passe des leçons de Star Wars aux crayons de Miron en faisant un détour par la voix rauque de Tom Waits et le petit dernier des Coen. Derrière son écran, elle vous prépare son prochain jet, accompagnée de son grand félin roux, d’une dizaine de romans sur les genoux et d’un trop plein de culture à répandre

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