L’été 2017 a été, pour moi l’occasion de faire un super voyage. En effet, commençant ma route à Bayonne (en France), j’ai marché le chemin de Compostelle tout le long de la côte atlantique de l’Espagne jusqu’à Santiago et ensuite jusqu’à Finisterre, qui est le « boutte du boutte » de la terre, comme on dit si bien au Québec. En tout, j’ai marché un peu plus de 1000 km, traversé l’Espagne à pied en 44 jours et fait travailler un grand nombre de muscles de mon corps qui se la coulaient douce depuis que ma routine rédaction de mémoire se résumait en ordi et lectures toute la journée. Bref, j’ai profité de la nature au jour le jour (belle ou mauvaise, on oublie que la côte espagnole est « frette » et souvent pluvieuse), fait des rencontres formidables et appris à voyager léger.
Un pack-sac pesant maximum 8 kg (sans calculer l’eau), que je devais traîner sur mon dos 6 à 10 heures par jour, c’était ça le plan. Donc, j’allais manifestement porter les trois mêmes kits de vêtements tout l’été et être extra limitée dans tout le reste. Et, donc, bien sûr, dans les lectures.
Épais et touffu, mais en format poche, facile à lire, mais captivant et surtout, PAS TROP LOURD, voici les quelques critères que devait posséder le livre que j’allais amener avec moi. Ou LES livres, mais le plan était vraiment d’essayer (très fort) de se limiter à un seul. Et dernier critère, je ne voulais pas avoir à le traîner avec moi une fois qu’il était terminé, alors le livre devait pouvoir être laissé dans les auberges sur la route sans aucun problème (donc, je ne pouvais pas apporter des livres que je voulais garder après les avoir lus ni le livre de Ferrante que ma mère m’a prêté et qui ne m’appartenait pas). OUF!
Voici donc finalement le (les…) livre que j’ai amenés avec moi.
Comme je passais quelques jours à Paris et à Nantes avant d’arriver à Bayonne, et qu’on avait de la route à faire, j’ai terminé le premier livre très vite. Je l’ai laissé discrètement dans la bibliothèque de Niko, qui nous accueillait à Nantes.
Le deuxième livre, je l’ai d’abord trouvé chouette, je l’ai d’ailleurs lu au bord de la plage pour me relaxer, puis il a fini par me lasser. Je suis donc partie à la recherche d’un autre livre à me mettre sous la dent. En Europe, rien de plus facile.
Le phénomène des livres-globe-trotteurs
Si vous êtes déjà allés en Europe, vous avez dû voir ce fantastique phénomène que sont les bibliothèques dans de nombreuses auberges de jeunesse où on peut soit prendre un livre ou en laisser un en toute liberté. Ces bibliothèques mouvantes accueillent donc les livres terminés par les voyageurs, les livres finalement trop encombrants ou des coups de cœur inattendus. Inutile de vous dire que ce qu’on y retrouve est parfois très farfelu et pas toujours des choix de premier ordre, mais la plupart du temps, en fouillant un peu (et dépendamment de l’endroit où on se trouve, bien sûr!), on trouve de quoi se sustenter. Voici quelques photos de deux bibliothèques croisées sur ma route :
Dans la petite auberge de Santillana del Mar, la petite bibliothèque était remplie de livres religieux. Ailleurs, c’était plutôt des revues datant des années 80. À Getaria, il y avait beaucoup de dictionnaires de langue, on était au début du voyage, peut-être les pèlerins réalisaient-ils le poids qu’ils devaient transporter et se débarrassaient-ils plus facilement des kilos superflus?
Avec ces bibliothèques aléatoires qui se nourrissent des allées et venues des voyageurs, j’avais la tranquillité d’esprit de me dire que je ne pourrais pas manquer de lecture ni devoir trouver des librairies pour en acheter. Surtout que dans les petites villes ou les petits villages, peu d’endroits proposaient des livres dans d’autres langues que l’espagnol. C’est donc au fil des auberges que j’ai fréquentées que j’ai déniché, d’abord, le livre Avant toi de Jojo Moyes (je l’avais déjà lu, mais c’était exactement le genre de lecture dont j’avais envie à ce moment-là). J’ai laissé, en échange, le livre de Mélissa Bank que j’avais marre de lire (et de traîner). Puis, dans un café-restaurant rempli de livres à Lisbonne, même si j’en étais presque à la fin de mon voyage, j’ai mis la main sur une version anglaise du premier tome de Hunger Games.
Les voyageurs les plus aventuriers décideront même de partir sans aucun livre dans leurs bagages, laissant les aléas du voyage décider à leur place quelles seront leurs lectures pendant leur périple. Dans mon cas, j’avais besoin au moins d’un livre de départ. Ensuite, j’ai pu profiter de ces bibliothèques mouvantes, rigolotes. Dans ces espaces livresques se reflétait aussi la richesse culturelle du chemin de Compostelle. En effet se côtoyaient des livres en espagnol (bien sûr!), mais aussi en français, en anglais, en allemand… je me souviens même avoir essayé de déchiffrer un livre en grec, une fois (sans succès!).
Les inconvénients? Bien sûr, quand on voyage dans les grandes villes, on trouve généralement facilement quelque chose. Dans les petits patelins, et sur le chemin de Compostelle, il y en avait constamment, on doit souvent attendre plusieurs jours avant de trouver un livre qui nous convient. Et le choix est maigre. Et bien sûr, il y a la question du poids. J’ai refusé de prendre avec moi un livre, une fois, parce qu’il était trop lourd. Quand on traîne son sac sur soi toute la journée, chaque gramme compte. C’est dire, car déjà, moi et mon amie on déchirait les pages de notre guide au fur et à mesure qu’on en franchissait les étapes, car il était vraiment lourd (arracher les pages d’un livre, je n’ai jamais fait ça avant, honte à moi!).

À Mendata, pour quelques heures de lecture tranquille en après-midi alors que tout le monde fait la siesta.
Bref, le premier constat de cette histoire est que j’ai aimé la façon dont les bibliothèques dans les auberges participaient au rythme lent et spontané du Chemin. On y trouve, ou on n’y trouve pas ce qu’on cherche, ça dépend. J’ai aimé fouiller et tomber sur des trucs intéressants, ou faire des trouvailles amusantes. Le second constat est qu’au final, je n’ai pas eu tant le temps de lire. J’avais bien mieux à faire, soit marcher (on va se le dire, c’est pas rapide-rapide comme moyen de transport) ou passer du temps avec les autres pèlerins, visiter un peu les endroits où on logeait, jouer à des jeux de société, préparer à manger, soigner mes pieds et mes jambes, discuter de tout et de rien, bref, vivre pleinement l’expérience. Les livres demeuraient plus un « en cas », un objet rassurant, qui m’assuraient une possibilité en cas de temps mort. Le dernier constat, je l’ai eu dans les dernières étapes du chemin en voyant mon compagnon de route sortir la sienne, c’est qu’au final, je crois que la tablette numérique de genre Kindle ou Kobo est vraiment, mais vraiment un bon plan. Côté poids, nombre de livres, variété… même si j’ai adoré vivre la lecture nomade du voyageur, je crois vraiment que je vais l’essayer pour la prochaine fois.
Et vous, avez-vous expérimenté les bibliothèques des auberges d’Europe? En voyage, êtes-vous plus du type préventif ou spontané pour vos lectures? Voyagez-vous avec des livres papier ou des tablettes numériques?
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