Après avoir lu le merveilleux roman jeunesse de ma collègue fileuse Amélie Panneton, Comme une odeur de feu de camp, j’avais le désir de me replonger dans un roman jeunesse, parce que cette lecture m’avait fait revivre cette belle (parfois amère) période qu’est l’adolescence. C’est comme si cette lecture m’avait fait réaliser toute la richesse qu’il y avait dans ces romans. La lecture du deuxième tome d’Amélie Dumoulin, Fé Verte aussi m’avait fait retomber sous le charme de ce genre… que – je l’avoue – je snobais un peu.
C’est par le titre avant tout, que j’ai été conquise: Les optimistes meurent en premier. Ça capte l’attention tout de suite et ça m’a rendue curieuse de découvrir ce titre et cette auteure. Susin Nielsen est une vraie passionnée des univers d’adolescents. Elle a signé énormément de best-sellers et a d’ailleurs écrit pour Degrassi!
L’histoire suit Pétula, le personnage principal, jeune adolescente qui a vécu un gros drame dans sa famille. Depuis, elle vit avec beaucoup de culpabilité et s’est construit une genre d’armure contre le monde. Elle craint et angoisse sur beaucoup de potentiels dangers. Elle nous fait d’ailleurs des listes de situations banales qui ont entraîné la mort. Elle souffre énormément de ses peurs et passe par divers moyens pour tenter de ne pas mourir, parce que les optimistes – hé bien- , meurent en premier! Elle aussi a perdu, dans ce gros drame familial, sa meilleure amie Rachel. Elle partageait avec cette amie un amour pour l’art artisan et cette rupture sera difficile pour Pétula qui se sentira coupable. C’est un personnage vraiment charmant, auquel on s’attache dès les premières pages. Elle est multidimensionnelle, réaliste et sa narration est crédible et teintée de beaucoup d’humour, malgré le fait qu’elle souffre vraiment d’angoisses et de névroses.
Culpabilité et premier amour
Elle fera donc partie dans son école d’un groupe d’art-thérapie. C’est à cet endroit qu’elle découvrira de nouveaux amis et qu’ils s’entraideront à ne plus avoir peur, à s’ouvrir les uns aux autres et à profiter de la vie avec vivacité. C’est dans ce groupe qu’elle rencontrera Jacob, l’homme bionique à qui il manque un bras. C’est avec lui qu’elle vivra sa première histoire d’amour. C’est vraiment touchant de la voir s’ouvrir à ce garçon et leur complicité est palpable. Jacob a vécu, tout comme Pétula, un grand drame secret, et malgré les difficultés qui les sépareront, c’est par leur expérience commune de la culpabilité qu’ils arriveront à mieux se rapprocher et se soutenir.
J’ai trouvé que la détresse des deux personnages était excessivement bien nuancée et expliquée. On sentait réellement la dureté des événements et des drames qui ont en tout point modifié la vie des personnages.
De la littérature jeunesse et des chats
La famille de Pétula a aussi une grande importance ; ayant perdu un enfant, les parents doivent apprendre à vivre cette nouvelle réalité et cette douleur innommable. La mère, passionnée de littérature jeunesse, trouvera réconfort en accueillant des chats à la maison, ce qui causera (avec beaucoup d’autres choses, on le comprend) des problèmes avec son mari. La façon de l’auteure d’aborder les liens familiaux m’a aussi beaucoup plu; j’ai apprécié voir l’imperfection de cette famille aimante, éprise d’une douleur inimaginable après avoir perdu une de leurs filles.
C’est grâce à l’humour que le roman réussit à aborder des sujets tragiques, mais à en faire un roman lumineux qui donne envie de s’ouvrir aux autres, d’être vulnérable, de s’unir et d’aimer, tout simplement. Je suis vraiment contente d’avoir découvert cette auteure qui a écrit plusieurs autres romans jeunesse, que je m’empresse d’ajouter à ma précieuse pile-à-lire :).
Une traduction d’ici!
Mention spéciale aussi à la traduction québécoise: je trouve important de mentionner que c’est une excellente décision des éditions La Courte Échelle d’avoir fait traduire le roman ici. Cela le rend plus accessible et près de nous, ce qui est important. Le roman a aussi été traduit en France et publié aux éditions Hélium.
Bref, je ne peux que vous conseiller ce roman, que vous soyez un.e ado ou un.e adulte. Ce roman fait du bien, fait rire et aborde des sujets touchants et souvent tragiques. Pétula est un personnage féminin fort, tout en nuances, qui inspire grâce à son courage et sa détermination à faire le bien autour d’elle.
Avez-vous d’autres bons romans pour adolescent.e.s à me conseiller ?
Le Fil Rouge tient à remercier les éditions de La Courte Échelle pour le service de presse.
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