samedi, 19 novembre.
Samedi matin, il fait froid, c’est le week-end du Salon du livre. L’ambiance est certainement propice à une discussion sur les livres.
C’est armées de nos foulards au cou – notre table, près de la porte, s’ouvre un peu trop souvent pour se découvrir complètement- qu’on s’attaque à notre livre du mois : La dévoration des fées, de Catherine Lalonde.
Avant même de se lancer dans la conversation sur cet ovni littéraire, on prend conscience du message d’un participant qui ne pourra être présent à la séance. Il a pris le temps de nous écrire un petit message avec sa propre appréciation du livre, qui résume assez bien ce que plusieurs ont pensé du livre; un mélange entre incompréhension, amour pour la langue et dégoût par moments.
Entre analyse et premier degré
Il n’en reste pas moins que les opinions sont plutôt polarisées. Alors que certaines ont eu plus de difficulté avec la prose de Lalonde, d’autres l’ont grandement appréciée. Il faut dire que la plume de l’auteure n’est pas des plus accessibles, sans pour autant être complètement inaccessible. Je pense que nous avons toutes simplement été prises de cours par le style qui nécessite une lecture lente, assidue et attentive.
« C’est un livre de 100 quelques pages qui se lit comme un roman de 500 pages » , « Un recueil de poésie déguisé en roman » sont deux commentaires ressortant. En effet, nous sommes toutes d’accord pour dire que c’est un livre qui demande une certaine concentration, pas nécessairement le compagnon idéal pour vos communes en métro.
En parlant d’analyse, nous restons toutes un peu sans voix face au travail d’analyse qu’en a fait une participante. Elle s’est appropriée le livre, l’a annoté pour mieux saisir les subtilités du langage, c’est beau à voir. Ça nous donne presque toutes l’envie d’une seconde relecture, crayon en main. C’est d’ailleurs un livre qui, dans ses espaces, laisse une grande place à l’interprétation. Ce qui ressort justement de nos conversations, c’est qu’on peut l’analyser plus techniquement, ou se laisser porter par les images et en ressortir des subtilités différentes.
Se raccrocher à la langue
S’il y a bien une chose sur laquelle on s’entend, c’est la beauté de la langue. La force de l’auteure est certainement dans cette appropriation des mots, dans ses constructions originales de phrases et ses modifications du sens et de la langue.
Au fil des discussions, on se rend compte que c’est véritablement la plume de l’auteure qui, pour nous, supporte le récit, rattache ensemble l’histoire. C’est aussi beaucoup à travers le langage même qu’on perçoit les émotions, la dureté du milieu et les liens de filiation entre les personnages.
Et le conte, lui ?
Il est dit que ce livre se construit sur la réinvention de différents contes. Il faut bien avouer que nous ne nous sommes pas vraiment étendues sur le sujet. Bien qu’il y ait réappropriation du récit initiatique, du départ et du retour, nous ne nous sommes pas véritablement attardées à cet aspect du récit. Si ce n’est que pour mentionner la filiation et la posture féministe de l’auteure.
Fin surprenante
Sans pour autant vous révéler la fin, nous nous sommes posées quelques questions sur la nécessité de celle-ci ainsi que sur notre incompréhension face au dénouement.
« Peut-être est-ce une métaphore ? »
« C’est une fin qui fait l’effet d’un coup de poing, était-ce vraiment nécessaire ? »
« J’ai du relire deux, trois fois parce que je ne pouvais pas croire ce que je lisais «
Vous voyez le genre ? C’est un peu tout ça qui nous est venu en tête en lisant la fameuse page 121!
Finalement, on peut dire que La dévoration des fées est un livre qui n’a pas fait l’unanimité, bien que personne n’aurait pu dénier le talent et la beauté de la plume de Catherine Lalonde. C’est un récit qui polarise, qui vient vous chercher ou qui vous laisse de glace.
C’est aussi un récit cru et dur dont le lexique a dégouté certaines et amusé d’autres. Ce qui est sûr, c’est que c’est un livre qui aura crée de belles discussions et bien des rires, comme toujours.
Nous sommes d’ailleurs quelques unes à être restées, bien après l’heure et demi, pour parler de tout et de rien, question d’éviter le froid et de se réchauffer le coeur avec de belles connections.
Ping : Hommage à ce livre que je n’ai pas compris | Le fil rouge