Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson faisait partie de ma pile à lire depuis un bon moment. Les journées de froid glacial que nous avons connues me semblaient un moment propice pour entamer cette lecture et m’ont décidée à me plonger dans ce récit de voyage dans lequel l’auteur relate les six mois qu’il a passés dans une cabane (isba) isolée en Sibérie sur les rives du lac Baïkal. Quelle aventure!
Le livre est écrit sous la forme d’un journal dans lequel l’auteur détaille pour chaque journée de quelle manière il a occupé son quotidien. Dans la mesure où aucune route ne mène à la cabane où il a élu domicile, que le village le plus proche se situe à cent vingt kilomètres de distance et que les plus proches voisins se trouvent à cinq heures de marche, Sylvain Tesson mène une vie assez sobre durant ces six mois.
Malgré la sobriété de son rythme de vie, le récit s’avère captivant, car il dépeint une réalité aux antipodes de nos vies contemporaines. À l’heure où nous manquons constamment de temps, où les choix d’activités et de loisirs foisonnent et où les moments de solitude sans interactions sont rares, j’étais curieuse de savoir à quoi ressemble la vie lorsque l’on se retire temporairement de la société, et ce, en pleine nature, dans un endroit où les conditions météorologiques sont ardues.
Le journal de Sylvain Tesson est rempli d’observations concernant son mode de vie, la nature qui l’entoure et les nombreux livres qu’il a lus au cours de son périple. Le tout est ponctué d’anecdotes relativement aux excursions qu’il décide d’effectuer et aux rencontres qu’il fait avec d’autres ermites et d’autres voyageurs.
Enfin, ce carnet de bord comporte également diverses réflexions qui poussent le lecteur à réfléchir. Sur cet aspect, j’ai beaucoup apprécié les passages où l’auteur fait part de ses pensées sous forme de remises en question provoquées par l’expérience qu’il est en train de vivre, mais j’ai moins aimé lorsqu’il livre sa vision de nos sociétés modernes sur un ton qui peut sembler manquer de nuances. En fait, de ces réflexions, j’ai surtout été marquée par la joie de l’auteur qui constate que sa vie d’ermite lui permet de posséder le temps et de profiter de chaque instant. Voici, à mon avis, un passage du livre qui témoigne de cet état :
Cette vie procure la paix. Non que toute envie s’éteigne en soi. La cabane n’est pas un arbre de l’Éveil bouddhique. L’ermitage resserre les ambitions aux proportions du possible. En rétrécissant la panoplie des actions, on augmente la profondeur de chaque expérience. La lecture, l’écriture, la pêche, l’ascension des versants, le patin, la flânerie dans les bois… l’existence se réduit à une quinzaine d’activités. Le naufragé jouit d’une liberté absolue mais circonscrite aux limites de son île.
J’ai pris plaisir à lire ce livre qui aborde avant tout une aventure humaine hors du commun, qui a su me transporter à mille lieues de ma réalité et qui a suscité en moi le goût de me rapprocher de la nature. Je conseille cette lecture à quiconque est curieux de partager avec l’auteur ces six mois de réclusion volontaire. Qui sait, peut-être aurez-vous envie de vous inspirer un peu de l’ermite dans votre propre vie?
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