C’est connu, les débuts d’année sont propices aux remises en question et à l’évaluation de l’année qui vient de s’écouler. Que ce soit par la participation à un défi littéraire ou par l’adoption de résolutions axées sur les livres, les adeptes de la littérature en profitent pour planifier leurs lectures de la prochaine année.
Pour ma part, avant de me plonger dans ma PAL de 2018, j’ai voulu me questionner sur mes lectures de 2017, plus particulièrement sous l’angle de la représentativité des auteurs.trices lu.e.s et des genres littéraires explorés. Inspirée par la réflexion des autrices du Bal des absentes — qui déploraient l’invisibilité des œuvres littéraires féminines dans les corpus scolaires —, je me suis demandée qui étaient les marginaux et les marginales au sein de mes propres lectures de la dernière année. Avais-je atteint la parité dans mon corpus littéraire personnel? Mes choix offraient-ils une place aux auteurs.trices issu.e.s des minorités racisé.e.s? Avais-je privilégié certains genres littéraires au détriment de formes d’expression littéraire moins populaires?
Ce questionnement me semblait pertinent dans l’optique d’élargir mes horizons littéraires, et dans le cadre d’une prise de conscience de l’importance de donner une voix à des auteurs.trices marginalisé.e.s par les structures institutionnelles du milieu littéraire. Comme l’a si bien dit l’auteur Nicholas Dawson dans sa critique du milieu littéraire québécois, pour combattre la sous-représentation de certain.e.s auteur.trice.s au sein de l’offre littéraire, « il faut d’abord se responsabiliser en reconnaissant ses angles morts ». C’est donc ce que je propose de faire dans cette chronique par une brève analyse statistique de mes lectures de 2017.
Parité sans diversité
À mon agréable surprise, les autrices ont pris une place importante au cœur de mon corpus littéraire de la dernière année. En effet, 63 % des ouvrages découverts en 2017 ont été écrits par des femmes, et cette majorité d’œuvres féminines s’est révélée être autant du côté des romans que des essais lus.

Les femmes autrices furent à l’honneur dans mes lectures en 2017!
La situation est toutefois nettement moins rose en ce qui concerne les auteurs.trices issu.e.s de minorités racisé.e.s. Celles-ci ont représenté seulement 22 % des œuvres lues au cours de 2017; c’est donc dire que mes lectures ont malheureusement été très « blanches » et ont fait peu de place à la diversité. De plus, ce 22 % d’auteurs.trices est presque entièrement extrait des ouvrages de littérature étrangère que j’ai lus cette année. Cela signifie que très peu de mes lectures québécoises de l’an dernier furent rédigées par des néo-Québécois.e.s ou des Québécois.e.s issu.e.s de l’immigration, et ce, même si les œuvres littéraires québécoises ont constitué plus de la moitié de mes lectures en 2017. Le bilan est encore pire du côté des minorités sexuelles; avec seulement deux ouvrages sur soixante, soit un maigre 3 %, force est de constater que mon corpus littéraire de la dernière année fut largement composé d’auteurs.trices hétérosexuel.le.s.
Des genres littéraires complètement absents
À l’instar des auteurs.trices visité.e.s en 2017, les genres littéraires que j’ai inconsciemment privilégiés au cours de la dernière année ont manqué de diversité. La forte présence de romans et d’essais lus occulte l’absence flagrante de la poésie, absence qui reflète ironiquement la quasi-inexistence de mes connaissances sur ce genre littéraire. Le roman graphique fut aussi un grand oublié de 2017 : une seule bande dessinée figure au titre de mes lectures. Enfin, une biographie, Éva Circé-Côté, libre-penseuse 1871-1949 d’Andrée Lévesque — que j’ai d’ailleurs fort appréciée et que je recommande grandement — m’a fait réaliser que ce genre littéraire me plaît beaucoup, surtout lorsqu’il s’inscrit dans une approche historique et qu’il découle d’une étude rigoureuse et bien documentée de son sujet.
Une recommandation pour 2018
Ce bref exercice statistique — qui se voulait plus exploratoire qu’académique, j’en conviens — m’a permis de formuler une recommandation générale pour aiguiller mes lectures de la prochaine année : plus de diversité, que ce soit dans les auteurs.trices abordé.e.s, les genres littéraires parcourus ou les époques explorées. Par ailleurs, si cette chronique a éveillé votre curiosité, je vous invite à réaliser cette petite analyse avec vos lectures personnelles et à partager vos constatations dans les commentaires ci-dessous. Qui sait, le tout vous enlignera peut-être vers de belles découvertes littéraires pour la prochaine année!
Et pour terminer, en considérant les conclusions de mon analyse, que me suggéreriez-vous de lire en 2018?
Pour ce qui est de la diversité culturelle, peut-être que lire quelques romans écrits par des autochtones également. Je sais que ces auteurs ne sont pas si nombreux, mais on peut faire de belles découvertes comme Naomi Fontaine.
Pour ce qui est de moi, j’étais autrefois une grande lectrice, mais mes études (droit) ne m’ont pas permis de lire beaucoup dans les dernières années. Je m’y suis remise le mois dernier avec, comme toi, l’objectif de lire 60 livres dans la prochaine année. Ton article m’a fait prendre conscience de l’attention que je devais porter aux choix de mes lectures alors merci !
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